Les six pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale vont organiser une table-ronde à la mi-novembre à Paris pour lever des fonds destinés notamment à la construction de routes et de centrales électriques.

Des officiels de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), accompagnés du ministre congolais de l’économie Gilbert Ondongo, de son homologue gabonais Jean-Marie Ogandaga, et du Centrafricain Félix Moloua, ont fait le déplacement cette semaine en France, afin d’assister à la conférence Paris InfraWeek, organisée du 5 au 9 octobre. Ils avaient pour objectif de multiplier les contacts et de préparer le terrain en vue de la table-ronde qu’ils organiseront les 16 et 17 novembre à Paris – les organisateurs avaient d’abord envisagé Bruxelles, pour la présence des institutions européennes, avant de devoir faire marche arrière en raison des restrictions liées au Covid-19.

Placé sous la supervision directe du chef d’État congolais Denis Sassou Nguesso, cet événement vise à réunir une enveloppe de 4 milliards de dollars – 700 millions ont déjà été mobilisés via notamment la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD) et son fonds Africa Growing Together Fund – afin de financer onze projets d’infrastructures dans la zone. Ces derniers avaient été définis en 2019 par les six chefs d’État de la Cemac à l’occasion d’un sommet de l’organisation à Yaoundé.

Un barrage à 2,1 milliards de dollars

Parmi ces projets figure le très attendu barrage de Chollet (600 MW), situé à cheval entre le Cameroun et le Congo, et dont les futures lignes de transmission doivent également desservir le Gabon et la Centrafrique. L’ouvrage, dont le coût est estimé à environ 2,1 milliards de dollars, devait être payé conjointement par le géant chinois Sinohydro et les États concernés. Mais sa réalisation a été retardée en raison de problèmes de financement, qui font suite aux discussions houleuses entre Brazzaville et le Fonds monétaire international (FMI). D’après les informations d’Africa Intelligence, la Banque mondiale a signifié son intérêt pour participer au montage financier du barrage.

Les autres projets mis en avant par la Cemac concernent la route Kogo-Akurenam entre la Guinée équatoriale et le Gabon (467 millions de dollars), la construction des tronçons manquants sur la route Ndendé-Dolisie (261 millions) dans le but rendre effectif le corridor Libreville-Brazzaville, et la création des ports secs de Beloko et de Dolisie (215 millions chacun), qui doivent permettre de désengorger le port de Douala. Ces derniers intéressent tout particulièrement la société dubaïote DP World. Le directeur commercial de l’entreprise s’est d’ailleurs entretenu à ce sujet en début d’année avec des représentants de la Cemac.

Un premier événement annulé

Outre les bailleurs internationaux, comme la BAD et la Banque mondiale, la table-ronde du 16 et 17 novembre devrait réunir des représentants de l’Agence française de développement (intéressée par un projet de création d’une université), de l’agence japonaise de coopération internationale JICA, de la Banque islamique de développement, et de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC). Les promoteurs de l’événement misent sur la présence du secteur privé, avec des contacts pris auprès du singapourien Olam, du fonds français d’investissement spécialisé dans les infrastructures Meridiam, et de la banque émiratie Dubaï Islamic Bank. Enfin, la Cemac compte sur l’appui de la Chine, de la Russie et de la Turquie, trois puissances qui ont organisé ces dernières années des sommets consacrée au continent africain.

L’organisation de cette table-ronde intervient après le loupé de celle de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC, une organisation distincte de la Cemac, et qui regroupe les six pays de cette dernière, ainsi que l’Angola, le Burundi, la RDC, et le Rwanda). Sa tenue à Brazzaville, le 19 mars, a été annulée in extremis en raison des conséquences de la pandémie de Covid-19. Destiné à réunir 2,8 milliards de dollars, puis 22 milliards d’ici à 2030, l’événement a été reporté sine die. Ses organisateurs, qui planchaient sur l’éventualité d’une table-ronde à Paris, se sont heurtés aux réticences de l’exécutif congolais.

Tchadanthropus-tribune avec la lettre du Continent.

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