La société d’internet par satellite du magnat américain de la tech devenu premier supporter de Donald Trump continue sa percée africaine. Depuis le début de l’année, le service est disponible dans six nouveaux pays, et trois autres ont accordé une licence. Elon Musk parviendra-t-il à remplir son pari de couvrir près des trois quarts du continent d’ici à la fin 2025 ? Décryptage en infographies.

La croissance de la couverture de Starlink sur le continent est exponentielle. Le Nigeria, premier pays africain connecté, en janvier 2023, a été rejoint par sept autres pays du continent au cours de la même année. En 2024, ce sont quatre autres pays qui ont rejoint une liste qui ne cesse de s’allonger à mesure que les semaines passent. Depuis le début de cette année 2025, Starlink est devenu accessible au Niger, au Liberia, au Ghana, au Soudan du Sud, au Burundi et au Cap Vert. Durant la même période, la compagnie américaine a obtenu des licences dans trois autres pays : le Tchad, la Guinée-Bissau et le Lesotho. Le fournisseur d’accès à internet par satellite a en outre de très grandes ambitions : Starlink assure vouloir couvrir près de 40 pays du continent d’ici à la fin de cette année 2025.

Chaque fois, l’arrivée, promise ou effective, de la compagnie américaine déclenche de grands espoirs de désenclavement numérique. La qualité de la connexion est aussi un argument de poids. Au Niger, la société américaine promet ainsi une vitesse de téléchargement comprise entre 77 et 209 mégabits par seconde (Mbps). « Le Niger va profiter de cette technologie de dernière génération de très haut débit à un coût très bas. Cela permettra d’avoir une couverture avoisinant 80 % à 100 % de notre territoire », se félicitait ainsi, le 30 octobre dernier, le ministre nigérien de la Communication et de l’Économie numérique, Sidi Mohamed Raliou, lors de l’annonce de l’accord signé entre les autorités de transition et Starlink.

Ces ambitions seront cependant sans doute difficiles à atteindre. La compagnie américaine se heurte en effet à de nombreux écueils. « Starlink reçoit un accueil mitigé en Afrique, car son contrôle interroge. D’une part en raison de son caractère ubiquitaire, avec une capacité d’entrée sur le marché quasi instantanée, à la différence d’un opérateur classique qui doit déployer de gros investissements. Mais aussi par son absence d’infrastructures physiques en Afrique », expliquait en août dernier à Jeune Afrique Antony Virgil Adopo, spécialiste du numérique, dans l’infographie que nous avions consacrée à la stratégie d’Elon Musk pour se tailler la part du lion sur le marché africain.

 

La société américaine doit aussi convaincre les autorités des pays qu’elle cible. En Côte d’Ivoire, que Starlink assure vouloir ajouter à sa zone de couverture d’ici à la fin 2025, les négociations semblent ainsi avancer à pas plus que comptés. En mars 2024, l’Autorité de régulation des télécommunications de la Côte d’Ivoire (ARTCI) a même mis un coup de frein brutal à la commercialisation des kits qui avait démarré, bien que Starlink n’ait toujours pas obtenu de licence dans le pays. « L’ARTCI rappelle que l’établissement et l’exploitation de réseaux de télécommunications/ TIC pour la fourniture du service d’accès à Internet sans autorisation est illégale et passible de sanctions prévues par la réglementation en vigueur », avait martelé le gendarme ivoirien des télécoms.

Quelques semaines plus tard, c’était au tour du Cameroun de sévir, là encore alors que des kits Starlink étaient commercialisés dans le pays alors que la société n’avait pas obtenu de licence. « Ce type de matériel, qui permet de disposer d’une connexion Internet illimitée et ultrarapide, échappe au contrôle de l’Agence de régulation des télécommunications (ART), et est par conséquent susceptible de compromettre la sécurité nationale », avait déclaré Fongod Edwin Nuvaga, directeur général des douanes, décrétant la « saisie systématique » des kits concernés.

En Afrique du Sud, les premiers freins au développement de Starlink ont été les mpêmes qu’en Côte d’ivoire et au Cameroun : la vente, de kits avant même que la société n’obtienne une licence. Elle s’est ensuite muée en une guerre ouverte, déclarée par Elon Musk aux autorités de son pays de naissance. Starlink n’est « pas autorisé à opérer en Afrique du Sud pour la simple raison que je ne suis pas Noir », a notamment affirmé le multi-milliardaire américain sur son réseau social X. Sauf que l’Independant communications authority of South Africa (Icasa), le gendarme des télécoms de la nation arc-en-ciel, a affirmé n’avoir jamais reçu de demande de licence de la part de l’opérateur américain.

En Afrique du Sud, la loi stipule que, pour pouvoir opérer dans le pays, l’entreprise doit être détenue à 30 % au moins par des groupes historiquement désavantagés. Si Elon Musk est né en 1971 en Afrique du Sud, alors sous régime d’apartheid, il ne correspond pas aux critères. Devenu fervent supporter de Donald Trump, qui lui a confié la direction du département de l’efficacité gouvernementale (DOGE) chargé de procéder à des coupes brutales dans les budgets fédéraux américains, Musk s’est donc engagé dans un bras de fer avec Pretoria. Bataille dans laquelle il semble être parvenu à rallier le président américain.

 

Tchadanthropus tribune Jeune Afrique

 

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