Au cours de l’année 2013, le Groupe de réflexion de l’opposition tchadienne établi en République Arabe d’Egypte a tenu à attirer l’attention de la communauté tchadienne et internationale sur les conséquences prévisibles des actes posés par Monsieur Idriss Deby sur le plan intérieur, sous-régional et international par deux fois :

·       La première fois c’était à travers un mémorandum intitulé : le Président Deby constitue un danger réel pour l’Afrique publié le 25 avril 2013,

·      La seconde était un appel visant à aiguiser un sursaut national publié sous le titre : le Tchad croule sous le regard distrait de ses propres fils en date du 14 août 2013.


Nous voici de nouveau réitérons notre appel, cette fois-ci, à l’endroit de l’Armée Nationale Tchadienne (ANT) afin qu’elle soutienne le peuple tchadien à recouvrer sa dignité bafouée par un homme et sa famille. Ces vaillants filles et fils du Tchad, des mères et des pères de familles, considérés comme des chevaux de courses par Monsieur Idriss Deby qui juge leur valeur selon leur degré de soumission, doivent, à l’instar des autres armées nationales, prendre leurs responsabilités pour un appui franc au peuple martyr du Tchad dans sa lancée de mettre fin à l’autoritarisme primaire exercé par un homme dépouillé de tout humanisme.

 
En effet les événements qu’a connus la sous région depuis notre dernier appel nous donnent malheureusement raison. Il suffit de jeter un regard sur ce qui se passe aujourd’hui en République Centrafricaine, au sud de la Libye, au nouveau né du continent africain, le sud Soudan, tout en soulignant que le Darfour n’est toujours pas terminé malgré un rapprochement de circonstance fait en grande pompe entre le régime de Khartoum et celui de Ndjamena.


La situation interne n’est guère réjouissante. Aucun effort n’est fait pour desserrer l’étau établi autour des partis politiques de l’opposition (les partis politiques deviennent ainsi des véritables accompagnateurs de la dictature « debyenne ». Quant à l’opposition armée, elle n’a plus voix au chapitre car, pour Deby elle ne constitue désormais aucune menace pour son régime; par sa manque d’union et par l’infiltration. Il faut reconnaitre que l’opposition armée est parsemée des agents de Deby qui la maintiennent en veilleuse, sans action réelle. Par conséquent, Deby la considère enterrée et donc exclue de son agenda des soucis. Contrairement à cette courte et inconséquente vision, celle-ci dispose encore de tous les atouts pouvant permettre la relance des nouvelles hostilités au Tchad. Elle observe une trêve prolongée pour accorder une chance au règlement pacifique du conflit, notamment par l’organisation d’une table ronde inclusive pouvant permettre de créer les conditions d’un Etat de droit d’une part, et d’éviter d’embarrasser les Etats limitrophes qui traversent tous, de situations déjà difficiles  d’autre part.


Pendant ce temps, nous constatons avec une grande indignation que la préoccupation de Deby est plutôt d’organiser le transfert du pouvoir à son fils plutôt que de veiller à une véritable restauration de l’autorité de l’état et de la mise en marche des institutions de la République. Tout concourt ce temps-ci à la concrétisation de cet objectif hautement clanique, familiale et personnelle. Deby se croit à la tête d’une chefferie traditionnelle répondant en toutes circonstances à sa dévotion et non le dirigeant d’un Etat. Le dernier remaniement ministériel, la toute récente rencontre du clan dans son village d’Amdjaras et le changement en cours au sein de l’armée sont autant des signes avant coureurs qui ne trompent pas.


La grande muette acceptera-t-elle une fois de plus de laisser faire en observant le silence ?


Ce silence ne peut être interprété par le peuple tchadien que comme un signe de résignation et en conséquence, il ne peut rien attendre de son armée, car celle-ci a scellé son sort au despote Deby ? il n’existe pas une armée au Tchad, c’est du moins le sentiment du tchadien lambda. Il s’agit plutôt d’un regroupement des anciens combattants et chefs de guerre des révoltes successives qui constitue l’ossature de cette institution, donc elle mérite son nom de milice à la solde de Deby. L’ANT est mise à l’épreuve pour effacer ce sentiment qui écorche sérieusement son image.


En notre âme et conscience nous demeurons sereins et croyons fermement que l’ANT est à la hauteur des attentes du peuple tchadien ; car, elle a subi toutes sortes d’humiliation, de dénigrement et de mépris depuis plus de vingt(20) ans.


Les résolutions de la Conférence Nationale Souveraine (CNS) et celles des états généraux des armées relatives à la mise sur pied d’une véritable armée nationale , une armée républicaine dont la mission première est la défense de l’indépendance nationale et de l’intégrité territoriale, mais également faisant d’elle la garante du respect des institutions de la République ont été rangées dans le placard de Deby. Rappelons que ces textes ont suscité un optimisme général des tchadiens et un enthousiasme particulier au sein de l’armée.


Nous ne devons pas oublier que l’armée tchadienne telle qu’elle se présente aujourd’hui est composée essentiellement des anciens combattants. Beaucoup d’entre eux ne disposent d’aucune aptitude physique et intellectuelle requise pour un soldat et à fortiori pour un officier. La plupart d’entre eux se sont retrouvés dans l’armée par concours des circonstances (différentes rebellions et coups d’états ?). Ces combattants ont pour objectif initial le changement qui doit en principe déboucher sur un Etat de droit garant de justice sociale, du respect des droits de l’Homme et de démocratie, Conditions incontournables pour ouvrir la voie au bien être social des tchadiens.


Nombreux sont ceux qui d’ailleurs, avaient affiché à son temps une ferme volonté d’abandonner l’armée dès qu’ils entrent en possession des droits qui leur sont dus. Malheureusement, le programme démobilisation, désengagement et réinsertion (DDR)  financé à coup des milliards par les bailleurs de fonds ; retenez votre souffle, au titre des dettes bien sûr. C’est-à-dire que les tchadiens sont tenus à rembourser. Ces fonds ont été détournés par Deby et ses acolytes et le programme DDR s’est enfoui dans les calandres grecques.


Pendant ce temps, Deby continue à narguer, humilier et mépriser les éléments de l’armée nationale tchadienne (ANT). Celle-ci n’est choyée et caressée par le maître de N’djamena que lorsqu’il y a bruit des bottes. Autrement dit, la vision que Deby a de cette armée n’est autre chose qu’un corps composé des hommes et des femmes appelés à servir de chair à canon. Le comble de l’humiliation et du mépris est qu’ il n’y a ni formation, ni mise en place d’un programme d’alphabétisation destinés à hisser le niveau aussi bien du soldat que de l’officier afin de réduire l’écart qui les sépare de leurs frères d’arme sur le plan professionnel de par le monde. Les privilégiés qui bénéficient de formation ne sont autres que ceux issus du clan.


Quelqu’un disait un jour, que Deby confond l’ANT a un parti politique, donc elle doit subir tout le temps une cure….


La situation devient encore dramatique lorsque des individus ne disposant d’aucune aptitude ni physique ni intellectuelle, pire certains sont des bergers attitrés et d’autres  des adolescents, sont bombardés de grade des officiers supérieurs, voire des généraux et automatiquement placés à la tête des unités pour la simple et unique raison que ces derniers sont, soit la progéniture du Président de la République ou soit qu’ils appartiennent à son clan.


Existe-il d’autres motifs plus forts que ceux que nous venons de décrire pour provoquer une prompte réaction de la grande muette ?


N’oubliez surtout pas que votre silence est tantôt interprété comme étant une lâcheté et les lâches on marche dessus ; vous devez noter par ailleurs, qu’Idriss Deby a toujours dit qu’il a castré tous les hommes disposant d’un minimum d’orgueil au Tchad et tantôt ce silence est plutôt considéré comme un chèque en blanc que vous avez accordé au soi-disant Chef Suprême des armées ; il en dispose comme il entend avec la bénédiction tacite du corps kaki. Autrement dit, cette flagrante perversion dans laquelle est plongé le Tchad est cautionnée par l’armée qui laisse faire Deby comme bon lui semble. Alors que, celle-ci doit savoir qu’elle est le dernier rempart du peuple tchadien. Quand il est en situation de détresse il n’a d’autre recours que de s’appuyer sur elle pour un sauvetage garanti.


Malheureusement au moment où nous rédigeons ce texte, Monsieur Deby fait une tournée dans toutes les casernes, sous le couvert de la fête des armées, pour rencontrer tous les responsables militaires afin de distribuer des grades, de l’argent, des voitures et des postes afin d’étouffer toutes velléités contestatrices. N’oublions pas que la préoccupation majeure de ce temps-ci, de Deby est de passer la main à son fils. Autrement dit, il décide que le pouvoir au Tchad devient désormais héréditaire (mais où sont alors les vaillants filles et fils du Tchad, qui pour rien au monde ne renoncent à leur dignité). La publicité faite autour de ce dernier par l’hebdomadaire Jeune Afrique à coût des milliers d’euros dernièrement, entre dans cette logique. En toute vraisemblance, les festivités de la ville de Fada ne sont en fait que la prestation d’allégeance de l’armée à son nouveau chef suprême, même si le caractère festif occupe le discours du sultan Alhadj Idriss Deby qui demande aux militaires de boire sans limite.


La grande muette est-elle prête à cautionner une telle hérésie ?


Nous osons croire qu’elle ne s’apprêtera pas à ce jeu macabre et elle saura dire non. C’est pourquoi nous disons qu’une action s’impose maintenant ; car demain ça sera trop tard et si Deby arrive à réaliser un tel rêve notre grande muette serait coresponsable d’un tel forfait, alors qu’elle dispose de tous les moyens notamment le courage pour l’empêcher.


Cette situation ne peut laisser indifférent tout patriote tchadien. C’est pourquoi le groupe de réflexion de l’opposition tchadienne en Egypte s’insurge contre cet état de fait, condamne avec la plus grande fermeté son usage et lance un vibrant appel à un sursaut patriotique de tous et surtout à l’armée nationale tchadienne, afin qu’elle rompt avec ce silence qu’elle observe face à une injustice caractérisée et amplifiée qui la frappe elle-même directement sans oublier la situation de misère généralisée qui met à genou tout un peuple.

 

Fait au Caire le 28 janvier 2014

Le Groupe

 

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