Nous avions déjà écrit sur le malaise qui mine l’armée tchadienne. Notre publication dernière avait fait réagir plusieurs personnes qui croyaient qu’on criait aux loups.

De la bouche des militaires en mission, les voix se lèvent pour exprimer un ras-le-bol collectif pour certains, et anonyme pour d’autres. Ces militaires relèvent les aspects de sectarisme ambiant auprès de certains officiers, et de manque de moyens adéquats pour mener à bien les missions et autres opérations. Pour tenir, certains réclament le versement quotidien de leurs soldes, et de manger à leur faim. Certains encore plus avertis observent avec réflexion les missions pour lesquelles on les envoie mourir. Si au Mali, le tri est fait de manière sélective et sectaire parce que cela paie bien, beaucoup d’entre eux commencent par se demander est-ce nécessaire de venir mourir loin de chez soi ? Même réaction avec les forces tchadiennes au Nigéria où hier dans la matinée un soldat tchadien s’est flingué parce qu’on a reconduit sa mission pour 6 mois en plus.

Dans le réseau social Béri social média, les vocaux des militaires convergent presque tous vers un refus d’aller à la prochaine mission vers le Burkina Faso.

En dehors de la DGSIIE qui est la garde présidentielle, le mécanisme d’armement de l’armée tchadienne est mal reparti. Beaucoup d’officiers se plaignent de ne pas avoir le matériel adéquat à la hauteur des missions qui leur sont confiées. “ Il y a la bravoure certes qui fait qu’au combat on est aguerri et on finit par gagner des batailles. Mais assez souvent c’est limite “ affirme un officier sous anonymat.

Idriss Déby conduit toujours l’armée tchadienne pour des missions à l’étranger sans l’aval même de l’Assemblée nationale. Pourtant à l’Assemblée nationale comme son parti est majoritaire en députés, il devrait faire passer ses vœux. Mais l’arrogance, la suffisance et le mépris font qu’il fait de la chose armée son domaine attitré.

Les Tchadiens ne doivent plus accepter d’aller se battre dans des contrées sans se poser les bonnes questions.

  • Qu’est-ce que mon pays gagne et qu’est-ce que je gagne ?
  • Comment mon peuple perçoit mon engagement ?

Le simple fait d’aller les yeux fermés pour faire la gloire d’une seule personne ne doit plus compter. L’armée est une institution plus qu’angulaire d’une nation, et c’est elle qui détermine la santé et la sécurité d’un pays. L’armée tchadienne et l’ensemble du corps kaki est à reconstruire, une reconstruction plus loin de la politique comme une grande institution.

Tchadanthropus-tribune

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