Les déclarations de Jean-Yves Le Drian devant les parlementaires français suscitent beaucoup de scepticisme. Voici pourquoi.

Interrogé par une commission d’enquête parlementaire, le 16 janvier, le ministre de l’Europe et des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a affirmé n’avoir appris la présence d’Alexandre Benalla à N’Djamena qu’à partir du 24 décembre par voie de presse, trois semaines après la venue de l’ex-chargé de mission de l’Elysée au Tchad. Cette visite, évoquée dès le 12 décembre par La Lettre du Continent (LC n°790), a pourtant été immédiatement connue des services français. La Direction du renseignement militaire (DRM) en a été informée avant le 4 décembre, date du séjour effectif de Benalla. Actuel patron de ce service, Jean-François Ferlet a conservé de solides connexions et amis au Tchad où il a officié, en 2014, comme général adjoint chargé des opérations du dispositif Barkhane sous le ministère du même Jean-Yves Le Drian. « Il est très surprenant que le ministre n’ait pas eu vent de cette information beaucoup plus tôt à travers ce relais », affirme sous couvert de l’anonymat une source au sein de l’état-major des armées, à Paris. D’autant que, comme ancien ministre de la défense de François Hollande, Jean-Yves Le Drian a préservé ses relations dans l’appareil militaire français tout en développant un fort tropisme envers le Tchad et son président, Idriss Déby.

Plus généralement, l’ex-chargé de mission a été aperçu par de nombreux expatriés français au cours de son séjour. Ces derniers, parmi lesquels le personnel de l’ambassade de France, ont leurs habitudes au bar de l’hôtel Hilton, établissement au cœur de N’Djamena dans lequel l’ex-protégé d’Emmanuel Macron et sa délégation sont descendus. Autre marqueur de la présence de Benalla : son passeport a été scanné au départ de N’Djamena dans la nuit du 5 au 6 décembre. Cette procédure, effectuée par la société Star Security, est rendue obligatoire pour tous les passagers utilisant la compagnie Air France pour quitter le Tchad. L’ensemble de ces éléments n’a pas dissuadé Jean Yves Le Drian de charger l’ambassadeur de France au Tchad, Philippe Lacoste, qualifiant de « regrettable » et « d’erreur d’appréciation » de la part du diplomate le fait de ne pas avoir informé sa hiérarchie de ce déplacement.

Tchadanthropus-tribune avec la Lettre du Continent

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