7 janvier 2018 #TCHAD #Bilan d’activité : Presse tchadienne 2017-2018 – Du bilan sombre à l’alerte rouge, Deby doit prêter attention à cette liberté d’expression qui éclaire…
Chers(es) responsables ou Directeurs de Publication des différents médias Tchadiens locaux et ceux de la diaspora, en vous adressant ses vœux de nouvel an et heureuse année 2018, la Rédaction du journal numérique Regards d’Africains de France vient vers vous pour savoir un ou plusieurs événements politiques, des faits économiques, sociaux ou autres qui ont le plus marqué la publication en 2017 ou la diffusion de votre journal papier, numérique, Radio ou Télévision, tout en ne pas oubliant de mentionner les raisons fondamentales. Et en tant que premiers responsables, quels messages(vœux) formulez-vous à l’endroit de vos lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs de votre pays ou ceux d’ailleurs ? A titre facultatif, quel message lié à une de ses décisions politiques qui a le plus retenu votre attention en bien ou en mal ou naturellement des suggestions, tenez-vous adressé au président de la République de votre pays, Idriss Deby Itno ? Une de plus que l’année 2018 vois soit porteuse de succès dans toutes vos entreprises. La Direction
Réponse immédiate du journaliste Déli Sainzoumi Nestor, Directeur de Publication(DP) du journal Éclairages : « A Éclairages, deux articles ont marqué nos publications de l’année 2017. Le premier article porte sur les reformes institutionnelles destinées à renforcer la démocratie, à améliorer le fonctionnement de l’Etat et à moderniser les institutions de la République. « Quand Abdoulaye-Sabre Fadoul s’investit pour détruire Deby Itno », est le titre de cet article publié dans notre édition du 05 septembre 2017.
Pour Éclairages, le Ministre, Secrétaire général du gouvernement, président du Comité technique interministériel d’appui a l’intention de charmer le Chef de l’Etat à travers l’organisation prochaine d’un forum national de validation des réformes. Mais ce projet rencontre déjà de fortes résistances, à même de précipiter la chute du régime du Mouvement patriotique du salut (MPS). Surtout à cause de la forme de l’Etat unitaire proposée. L’équipe d’Abdoulaye-Sabre a procédé au découpage administratif en fusionnant anarchiquement des régions sans tenir compte des réalités historiques et culturelles. Si certains ardents défenseurs des réformes institutionnelles se targuent de vouloir mettre en pratique les promesses faites pendant la campagne électorale en 2016, d’autres insinuent une main basse du pouvoir en place en vue de garantir les viviers électoraux lors des prochaines échéances électorales.
D’autres encore laissent entendre dans les coulisses « la politique du mieux diviser pour mieux régner ». Les réformes institutionnelles initiées par Abdoulaye-Sabre et ses camarades sont des manœuvres politiciennes, une escroquerie politique et intellectuelle. L’ancien ministre Secrétaire général du gouvernement pense que les réformes institutionnelles conduiront à créer le poste de vice-président pour permettre à un proche d’Idriss Deby Itno de lui succéder. Aussi, il estime que la limitation d’âge à la présidentielle de 2021 pourra écarter les opposants de taille que sont Saleh Kebzabo, Yorongar Ngarlejy, Djimrangar Dadnadji et Laoukein Kourayo Médard de la prochaine course. Mais pour le journal Eclairages, ce forum des réformes institutionnelles de l’Etat risque de pousser le peuple dans la rue. Le deuxième article de notre journal qui a eu des échos percutants porte sur l’importation frauduleuse. Intitulé : « Importation frauduleuse du sucre : Le ministère du commerce complice des fraudeurs », cet article est paru quelques jours seulement avant le remaniement gouvernemental du 24 décembre 2017. Le ministre du commerce, Mahamat Hamid Koua, qui, après la lecture de cet article a juré d’en finir avec les opérateurs économiques et autres patrons d’entreprises est finalement mis à la porte du gouvernement. Dans notre article, nous avons évoqué le cas des 135 tonnes de sucre (l’équivalent de 2900 sacs) importés du Brésil et d’Arabie Saoudite sans autorisation préalable du Comité de régulation du marché du sucre. Saisie par la douane, cette marchandise est considérée comme prohibée par le Code des douanes de la CEMAC et était passible de la confiscation et du paiement d’une amende égale au double de sa valeur. Mais, en violation de la loi, le Secrétaire général du ministère du Commerce a « autorisé exceptionnellement le dédouanement de ladite cargaison ».
Ce qui n’était pas normal aux yeux des inspecteurs des douanes rencontrés. En effet, d’après nos sources, de 9,5 milliards en 2014, le coût de la fraude est passé à 24 milliards de francs CFA en 2015. Nos antennes constatent que le sucre issu de la fraude couvre à 100% le marché tchadien. Les importations frauduleuses venant de l’Est du Tchad surtout, bénéficient de fortes escortes armées. Pour Eclairages, la répression des fraudes pourrait permettre au Trésor public de faire des recettes considérables pour résorber la crise financière actuelle. Eclairages est en procès avec Daoussa Deby Itno, le président du Conseil d’administration de la SNER, depuis juillet 2017, pour diffamation suite à un article que nous avons publié dans notre édition de mai 2017 intitulé : « Vilgrain, Daoussa Deby Itno et Cie dans la guerre du sucre ». Il est connu de tous que la Compagnie sucrière du Tchad (CST) est en faillite à cause d’une concurrence déloyale. Le sucre importé frauduleusement inonde le marché tchadien. Sur le plan économique, l’année 2017 a été rude pour la rédaction de Eclairages. La crise financière qui a frappé de plein fouet le Tchad a affecté également la presse écrite dans son ensemble. Nous sommes confrontés à un certain nombre de problèmes parmi lesquels le coût exorbitant des impressions et la mévente des journaux.
C’est pourquoi, nous avons été incapables, comme la plupart des titres locaux, d’assurer notre périodicité habituelle. Toutefois, nous encourageons nos lecteurs à demeurer fidèles ; puisque nous ferons des pieds et des mains en 2018 pour être présent dans les kiosques et faire notre petit bonhomme de chemin dans l’investigation et la diffusion des informations et points de vue. A nos gouvernants, Éclairages leur souhait le bonheur et la sérénité dans la prise des décisions. L’instabilité gouvernementale en 2017 est un signe de la décadence du régime d’Idriss Deby Itno. Il est temps pour lui d’apprendre à lire les signes des temps. Notre plus grand souhait est que le Chef de l’Etat améliore ses sorties médiatiques. Car une mauvaise communication présidentielle ou gouvernementale peut constituer une entorse à la paix sociale. L’annonce, par exemple, de l’organisation des élections législatives en 2018 est une erreur politique. Il faut plutôt mettre en vacances l’Assemblée nationale en attendant le temps opportun pour une élection transparente. Dans le contexte actuel l’urgence est à mettre du côté social et non politique. Pour redonner la confiance au peuple, le gouvernement doit lever les 16 mesures d’urgence et suspendre la décision, en cours, en vue du rabattement de salaires des fonctionnaires de l’Etat, ceux des chancelleries et de l’Armée ».
Le second à réagir est le journaliste Michel Kalabassou Dekantar, Directeur de Publication du Journal Tchad-Economie : « Le Tchad est ce pays, autrefois, appelé pays-néant, suite à son inexistence, sur le plan politique et économique. Enclavé et pays pauvre très endetté, le Tchad n’avait pas la parole. Certes, les nouveaux dirigeants de 1990 jusqu’à nos jours, ont essayé de redresser les choses. L’année 2017 s’en va, 2018 vient de naître.
Suite à l’allocation du président Deby, rien d’objectif et de concret n’a retenu mon attention. Sur le plan politique, Deby, alias « Disons que », a laissé croire que les élections législatives seront organisées en 2018. Il oublie que comme d’habitude, il a forcé le destin du Tchad, en l’enfonçant dans une crise politique à l’accoutumée, prorogeant ainsi les mandats des élus, sans la volonté du peuple tchadien. Le Tchad est ce pays-là, où il n’y a pas un plan électoral respecté par la classe politique. C’est un État qui ressemble à un concept naturel, plus incertain que la météo traditionnelle. Il peut pleuvoir à tout moment. En parlant des élections, monsieur « Disons que » oublie qu’après le 11 février 2011, il y’a également eu en 2012, les élections municipales. Jusque-là, sur les 42 communes élues que comptent le pays, ses « Doungourous » continuent à piller à ciel ouvert, nos populations. Il est temps d’arrêter ces arnaques, en organisant le plus vite possible, les élections municipales, car, la population tchadienne connait déjà ses vrais ennemis.
Économiquement, Idriss Deby est sur le plan de tailler le salaire des spécialistes de grèves, j’ai nommé, les fonctionnaires tchadiens. Il chante la crise, se basant sur la guerre aux terroristes et la chute du prix du baril du pétrole, comme si son pays est le seul à exploiter le pétrole au monde. Avec une gestion clanique et patrimoniale des biens du peuple, Deby n’est pas ignorant de ce que les siens ont amassé au Tchad. Panama, Belgique, Arabie-Saoudite, Égypte, France…ce sont là, quelques pays qui regorgent dans les paradis fiscaux l’argent du Tchad. Ces milliards peuvent servir au Tchad, à l’heure où la vache a maigri. En fin, lorsque les États-Unis inscrit le Tchad sur la liste noire, il n’y a pas d’inquiétude. Cela se passe au su et vu de tous, lorsque les tchadiens eux-mêmes passent des années au commissariat pour avoir une carte d’identité nationale. Or, des étrangers en quelques heures, ont tous les documents officiels qu’ils désirent, pourvu qu’ils payent bien. Voilà l’image du Tchad sous le règne d’un semi-démocrate. Accusé de corruption ou de quoi ? C’est à Deby de se défendre. Avec le mouvement rebelle qui menace, l’inquiétude est grand. La paix avant tout, mais c’est aux uns et aux autres, de jouer leurs jeux, car nul ne peut monopoliser tout un pays, si le peuple n’est pas d’accord. Nous proposons des élections couplées (municipales/législatives), les rétablissements d’une bonne relation Tchad-Usa. Et le rapatriement des biens volés. Bonne année à tous ».
Troisième réaction est celle du journaliste François Djékombé, directeur de Radio Oxygène qui décrit l’année 2018 au Tchad vu le décret portant abattement des salaires (via le correspondant spécial à Bonn en Allemagne, Eric Mocnga Topona) : «J’ai bien peur que ce ne soit pas une rébellion ou un coup d’État qui emporte notre président bien-aimé, mais la crise économique. J’ai appris de source digne de foi qu’un décret portant « abattement des salaires » des fonctionnaires est dans le circuit des signatures en ce moment et sera rendu public dans quelques jours. Selon les indiscrétions, en fonction du niveau de salaire, la réduction irait de 5% à 45%. Déjà, les syndicats qui auraient eu vent du décret en circulation commencent à affûter leurs armes pour entamer les premières danses de la grève de l’année. Ces danses seront comme la danse du Tango avec un pas en avant et deux pas en arrière. Quand on dit que 2018 sera pire que 2017, les gens se demandaient mais pourquoi ? En voici une des preuves.
Après les 16 mesures en 2017, les fonctionnaires tchadiens percevront leur demi-salaire en 2018. Les mêmes qui ont accusé Hissène Habré de crimes économiques pour avoir fui le Tchad avec 7 milliards de FCFA lors de sa chute en 1990, la masse d’argent et de richesse qu’ils ont amassée en 27 ans n’a rien à voir avec le peu de ressources que M. Habré gérait à l’époque avec rigueur pour payer les fonctionnaires, même si on appelait cela demi-salaire. La révolte populaire (R.P) évoquée comme une des solutions à la crise de gouvernance au Tchad risque de s’imposer toute seule quand chacun se rendra compte que le régime l’a poussé à son dernier retranchement et qu’il n’aurait d’autre issue de secours que de bondir sur ceux qui l’encerclent. Personne n’était assez dur dans le gouvernement pour abattre les salaires de 45% et que c’est pour cela que Monsieur Abdoulaye Sabre Fadoul, qui serait vu par Deby comme l’un des hommes du régime les plus durs, à même de tenir tête aux fonctionnaires et aux syndicats aurait été placé au ministère des Finances et du Budget pour mener à bien la mission. Mais la guerre ne fera que commencer, et Monsieur Sabre se demandera ? mais pourquoi le peuple tchadien si amorphe s’est violemment réveillé cette année ? »
La Rédaction