Il y avait dans cette garnison un escadron blindé avec des éléments de protection de la DGSSIE et des compagnies de GNNT. L’attaque s’est produite vers 5h du matin. Le groupe électrogène a été arrêté 10 à 15mn avant les premiers tirs. C’est la DGSSIE qui a d’abord été attaquée et réduite. Puis, dans la foulée, la garde nationale. L’ouverture du camp vers l’eau est restée libre. C’est seulement par-là que les fugitifs ont espéré trouver leur salut. Hélas beaucoup se seront noyés.

Dans la nuit de l’attaque, il y avait de l’alcool à profusion. Des soldats désœuvrés s’y sont donnés à cœur joie. Ceux qui ne buvaient pas ont joué aux cartes toute la nuit. Beaucoup de militaires ont donc été surpris dans leur sommeil. D’où le nombre élevé de tués. Le renfort venant de Bagasola est tombé dans une embuscade. Un autre renfort aurait connu le même sort. Les bilans sont contrastés. Le gouvernement parle de 98 morts. Mais il oublie de compter les morts des renforts. Et alors que le PR était sur les lieux, on creusait encore pour enterrer des corps. Il a oublié de recenser les noyés. Ils seraient 42 au moment où le président faisait sa déclaration. C’est pour dire que les sources gouvernementales ne sont pas complètes pour ne pas dire qu’elles ne sont pas fiables. Les paysans disent avoir enterré au moins 500 corps. Si on pense qu’un régiment, c’est à dire au moins 700 hommes étaient dans cette garnison, le nombre de morts déclarés par les villageois est plausible. Il n’a pas été déclaré le nombre de survivants que l’on a estimé à 84. Des officiers, il en serait mort 27 tous zaghawa.

Si donc le bilan humain est si lourd, celui du matériel l’est tout autant. Véhicules, chars brûlés. Armements lourds démontés et emportés.

De grosses interrogations ? On a trouvé aucun corps des assaillants : ni prisonniers, ni blessés ni morts. Curieux n’est-ce pas ? Cela ressemble à une opération de professionnels. Pourquoi pas une force spéciale ? Loin de toute théorie complotiste, des rebelles religieux ont opéré avant au Lac. L’attaque n’est pas si propre. Et d’habitude on entend certains éléments parler les langues locales. Là rien. Même pas une silhouette reconnue. Bizarre n’est pas? On aurait égorgé quelques femmes et enfants. Et si les assaillants ou le pouvoir voulaient faire porter le chapeau à Boko Haram? Cela n’est pas exclu. Dans les attentats de N’djaména il y avait une telle implication des officiers et autres qu’on peut deviner des coups bas. De la logistique qui aurait manqué dans un front avancé ? C’est curieux n’est pas que les véhicules n’aient pas de carburant et les soldats manquant de munitions ? Le PR informé très tôt de l’attaque n’est venu se parader qu’après le départ des assaillants. C’est curieux encore pour un haut responsable de son rang. Oui tout est curieux dans cette attaque comme l’est la contre-attaque. On voit le PR se promener avec sa suite d’officiers, assistant à des tirs à sens uniques… Non! Il y a lieu de revoir ce film macabre pour en tirer des vraies leçons politiques.

Après le retour non désiré des unités de notre armée envoyées en opérations au Nigeria, le PR avait envoyé le CEMGA de l’époque à Bagasola pour négocier le reconditionnement du régiment stationné là-bas pour l’opération dans les trois frontières décidée à Pau. Les militaires ont dit non. Le refus de ceux-ci s’expliquait par la maltraitance dans l’armée, le non-paiement des droits et le non renouvellement du matériel usé.
Mais pour le maître-chanteur du palais rose il lui fallait de l’argent de ses alliés et de la France en particulier. L’atmosphère qui prévalait dans l’armée était la mutinerie des garnisons. Sur insistance de Paris, le PR a conditionné quelques unités de sa sécurité pour le Niger. Cette force a quitté N’djamena, a traîné les pieds et s’est arrêtée à Mao. La voilà rappeler pour le Lac. Coïncidence n’est pas?

Alors que les gouvernements sont préoccupés par le coronavirus, celui du Tchad détourne l’opinion sur la lutte contre Boko Haram. C’est curieux n’est-ce pas ?
La crise sanitaire internationale a fait baisser le prix du baril à 23$. Le pétrole du Tchad subit une décote de 12$ à la vente. Que reste-t-il de recettes au Tchad pour un budget élaboré à 65$?

Nous ne sommes pas très loin d’un effondrement économique et financier.
Le Tchad est un État enfaillite dirigé par un gouvernement incapable qui joue au yoyo alors que son peuple crève de faim et est menacé par la pandémie.
Que faire?

Sous officier Mahamat Djimtolongar

Tchadactuel

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