Le directeur de cabinet du président de transition a eu le dos rond face aux assauts de la firme nébuleuse britannique Savannah Energy.

Selon des informations bien recoupées, le major britannique avait en point de mire le directeur de cabinet du président de transition tchadien. Plusieurs approches furent faites au moment où Savannah Energy tractait déjà avec Exxon Mobil, et bien avant que l’entourage du président camerounais ne soit pris dans la nasse… Mais hélas, le subterfuge n’avait pas pris jusqu’à la découverte du pot aux roses.

N’Djamena accuse Yaoundé de soutenir une prise de contrôle illégale d’actifs pétroliers sur son territoire.

Tout aurait commencé le 9 décembre 2022. La société britannique Savannah Energy annonçait par un communiqué qu’Exxon Mobil devrait céder pour un montant de 407 millions d’euros, les entiers actifs de la société pétrolière Esso exploration and Production Chad, ainsi qu’une participation dans le pipeline Tchad-Cameroun devant acheminer à terme le pétrole brut jusqu’au port camerounais de Kribi.

Le 20 avril, SMIL rendait public un nouveau deal, passé cette fois avec la Société nationale des hydrocarbures du Cameroun (SNH). La filiale de Savannah Energy annonçait avoir cédé 10 % de ses actifs dans la Cameroon Oil Transportation Company (COTCO, exploitant la partie camerounaise du pipeline Tchad-Cameroun) pour un montant de 40,95 millions d’euros.

Cet accord, alors que le Tchad possède un droit de regard sur toute cession de la COTCO, a fait sortir une nouvelle fois N’Djamena de ses gonds.

À l’annonce de la nouvelle, les autorités tchadiennes avaient vu rouge, se dressant contre cette opération, affirmant tout de go qu’elles n’étaient point informées et que toutes ces démarches se faisaient sur son dos. Le droit de préemption de la SHT qui est partenaire d’Esso Tchad s’en trouve gravement violé.

N’Djamena réplique, rappelle son ambassadeur à Yaoundé pour consultation et dresse ses conseillers juridiques contre Savannah Energy, tout en accusant certaines autorités camerounaises de soutenir une prise de contrôle illégale d’actifs pétroliers sur ses biens. L’exécutif tchadien, le président de transition Mahamat Idriss Déby soupçonne avec véhémence que la nébuleuse Savannah Energy a tenté de retourner son directeur de cabinet civil Idriss Youssouf Boy sans réussir son objectif.

Face à toutes ces perfidies, le Tchad dans sa colère aurait fait comprendre aux Camerounais qu’il ne faut pas jouer avec le feu, et en termes de rétorsions ses éléments composant que les forces mixtes Tchad/Cameroun pourraient être retirées.

Une annonce qui secoua la galaxie Paul Biya, mettant Chantal, de Nathalie Moudiki et Frank Biya sous veilleuse, et réveilla brutalement le vieux Biya de son sommeil. La suite est connue de tous.

Le président camerounais envoya illico l’inamovible Ngoh Ngoh, ministre d’état et secrétaire général à la présidence, celui-là même qui ne daigna point répondre aux multiples messages du secrétaire général à la présidence du Tchad Mr Gali Gata Ngoté.

Feignant l’ignorance, Ngoh Ngoh pourtant PCA de la Camerounaise SNH fit profil bas comme s’il n’était au courant de rien et portait le message de son patron au président tchadien. Un message de cessez-le-feu qui en dira long dans les coulisses des discussions.

Savannah Energy rejetée par le Tchad

Paul Biya et Mahamat Idriss Deby sont-ils tombés d’accord ? Jeudi 27 avril 2023, Mahamat Idriss Déby Itno aurait obtenu de la partie camerounaise que le Tchad puisse racheter les parts d’une autre société dans Cotco, probablement ceux de Petronas. L’entreprise pétrolière malaisienne possède actuellement 30 % de Cotco, des actifs que N’Djamena a l’intention d’acquérir.

Mais cette opération nécessite une autorisation délivrée par la présidence de la commission de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac), où le Gabonais Daniel Ona Ondo doit s’assurer de recueillir l’approbation des six États membres de l’organisation (Tchad, Cameroun, Congo, Guinée équatoriale, Gabon, Centrafrique). Or, jusqu’ici, une capitale n’avait pas donné son aval à la délivrance du sésame, Yaoundé.

Selon des sources dignes de foi, Paul Biya a donc assuré, par la voix de Ferdinand Ngoh Ngoh, que son pays allait mettre fin à ce blocage et que N’Djamena pourrait donc rapidement finaliser le rachat des parts de Petronas. Le secrétaire général de la présidence a ainsi annoncé à son interlocuteur que le ministre du Commerce camerounais, Luc-Magloire Mbarga Atangana, avait effectué les démarches nécessaires auprès de la Cemac.

La brouille a-t-elle pour autant pris fin ? Rien n’est sûr tant que les autorités camerounaises ne s’exécutent pas et qu’à terme les 54 % de parts pour le Tchad ne sont pas réunis. Tel est l’objectif du président de transition Mahamat Idriss Deby.

Le gouvernement tchadien a d’ailleurs officialisé lors du conseil des ministres du 24 avril la création d’une nouvelle société, la Tchad Petroleum Company (TPC), futur opérateur des champs pétroliers et du pipeline tchadien. C’est le Tchadien Alladoum Nandogongar Désiré qui est appelé à le présider.

Entre-temps les conditions du Tchad sont claires, pas de Savannah Energy au pays, en attendant que toutes les conditions exigées soient remplies.

Tchadanthropus-tribune

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