L’information s’est répandue comme une trainée de poudre dans la communauté tchadienne à Maroua, au soir du 5 août dernier. Daoussa Déby, président-directeur général de l’entreprise tchadienne Société nouvelle d’études et des réalisations (Sner) est désormais libre de séjourner au Cameroun. C’est une décision rendue publique par la Cour suprême du Cameroun, au sujet de l’affaire qui l’opposait à l’Etat du Cameroun, après quatre années d’attente. Selon les faits, cet opérateur économique, par ailleurs, frère aîné du président tchadien Idriss Déby Itno, avait été refoulé le 30 janvier 2017 de l’aéroport international de Douala. Pourtant, Daoussa Déby venait au Cameroun dans le but de signer des contrats relatifs à plusieurs marchés à savoir : le marché « Congo » à Douala, les logements sociaux de Nyassa à Douala, la réhabilitation de la route Maroua-Bogo entre autres. D’après le témoignage rendu par Barcai Abdel-Karim, le directeur gérant de Sner à Maroua, dans la quête des marchés au Cameroun, « notre entreprise a beaucoup perdu à cause de cette affaire, c’est un très ouf de soulagement quand nous avons appris cette nouvelle », dit-il.

En fait, dans la démarche, Daoussa Déby saisi le tribunal administratif de Yaoundé le 11 septembre 2018 afin d’être rétabli dans son droit et son honorabilité en tant que ressortissant d’un pays de la Cemac. Le plaignant réclame à cet effet la somme de 4,8 milliards de FCFA de dommages et intérêts pour les préjudices subis. Il est accompagné par un collectif d’avocats, composé de Me Arthur Djoumessi, Eveline Bome et Terence Selamo. Après plusieurs débats, l’affaire se retrouve à la Cour suprême du Cameroun, qui après examen minutieux du dossier, donne raison à Daoussa Déby le 5 août 2020 dernier. Selon Me Eveline Bome, membre du collectif des avocats de ce dernier, « cette décision nous donne confiance en la justice camerounaise parce que nous avions en face de nous des institutions fortes de la République du Cameroun. Nous devons croire en nos institutions parce que si le fond du dossier est bon, et bien monté, nos juridictions vont dire le droit », souligne-t-elle. Pour le directeur gérant de Sner-Cam, « ceux qui sabotent la justice camerounaise ne sont pas sérieux, ils cherchent sûrement autre chose que la justice », renchérit Barcai Abdel-Karim.

Ce qui va changer

La réhabilitation de Daoussa Déby de ses droits va à plus d’un titre faire bouger les lignes au niveau de certains chantiers en cours. C’est le cas de la route Maoua Bogo qui piétine depuis un certain temps. La levée de son interdiction de séjourner au Cameroun lui permettra en tant que citoyen de la CEMAC, de suivre personnellement ses affaires, mais aussi de postuler à d’autre offres. « Car depuis qu’il a pris sa retraite professionnel et politique au Tchad l’homme s’est lancé dans les affaires et il a jeté son dévolu au Cameroun qui est un champ fertile pour lui », explique son collaborateur Barcai Abdel-Karim. L’heure est maintenant au travail et plus aux débats, poursuit-il « nous avons perdu le marché de construction du marché « Congo » à Douala, les logements sociaux à Nyassa, mais nous allons démontrer notre savoir-faire sur la route Maroua-Bogo que nous voulons livrer dans quelques mois », fait comprendre le directeur gérant de Sner-Cam.

La route Maroua-Bogo en question

A l’occasion de la descente sur le terrain qu’il a effectué le jeudi 30 juillet dernier, à l’effet d’évaluer les travaux de bitumage du tronçon Maroua-Bogo, long de 41 km, le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, Midjiyawa Bakari a constaté que le chantier avance à grands pas. « La livraison de chantier est prévue pour fin décembre 2020. Malgré les pluies, nous avons prévu de continuer la production des matériaux qui entrent dans la réalisation du béton bitumineux », a indiqué le chef de mission, Vincent Ombadi. Selon ce dernier, à la date du 30 juillet, le taux de réalisation est de 85% pour une consommation de délai de 89,98%. Des chiffres qui ont fait dire au patron de la région de l’Extrême-Nord que « l’état d’avancement des travaux Maroua-Bogo est encourageant ». Le bitume est déjà posé sur plus de la moitié du trajet. Lancé depuis 2017, ce chantier était censé être livré depuis 2019. Plusieurs pesanteurs ont freiné son évolution, mais depuis quelques jours les ouvriers sont à pied d’œuvre. « Notre souci est d’en finir le plus vite possible et nous sommes déterminés mon équipe et moi, pour non seulement achever, mais offrir un travail de qualité à la population de l’Extrême-Nord », réagit Mathieu B. chef d’équipe.

Tchadanthropus-tribune avec Alwihda.com

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