Largement médiatisée à la fin du mois d’août après le suicide d’un diplomate français, les investigations camerounaises sur un présumé trafic de visas au sein du consulat tricolore à Douala peine à avancer. En parallèle des autorités camerounaises, le Quai d’Orsay s’est penché sur le dossier dès le mois de juillet.

L’enquête camerounaise autour de l’existence d’un présumé trafic de visas Schengen au sein du consulat français de Douala est au point mort. Au grand dam des enquêteurs de la police judiciaire de Douala, qui ont dû relâcher leur seul suspect, Ismael Njoya Mounpoudeyi, faute d’éléments suffisants à son encontre.

Ce dernier avait été arrêté le 10 septembre à l’aéroport de Douala, au retour d’un voyage en France, et gardé en détention durant cinq jours. Les enquêteurs de la police judiciaire camerounaise le soupçonnaient d’apporter au consulat de Douala des dossiers de demandes de visa qui n’auraient pas pu être validés par la voie régulière, ce qu’il a nié. Ismaël Njoya Mounpoudeyi affirme à Africa intelligence être la cible « d’une cabale sur les réseaux sociaux. Les enquêteurs m’ont longuement interrogé, et épluché le listing de mes appels, ajoute-t-il. Ils n’ont trouvé aucun lien avec l’affaire. »

Le dossier remonte au Quai d’Orsay

L’ambassade de France à Yaoundé avait signalé à Paris, au mois de juin, l’existence d’irrégularités concernant le consulat. Le dossier était alors remonté au Quai d’Orsay et une enquête de l’inspection générale des affaires étrangères avait été ouverte.

L’affaire avait pris une tout autre tournure avec le suicide, le 18 août, du chef de chancellerie au consulat général de France à Douala, Christian Hué. Ce dernier avait été entendu quelques jours plus tôt par les agents de l’inspection générale du Quai d’Orsay, qui avaient fait le déplacement à Douala dans le cadre de l’enquête. Selon eux, la signature du diplomate était apparue sur certains documents litigieux.Des éléments matériels en possession de la justice camerounaise confortent aujourd’hui le lien direct entre l’affaire et la mort de Christian Hué.

Présence suspecte

La police judiciaire camerounaise s’était également interrogée sur la présence d’Ismaël Njoya Mounpoudeyi au domicile du vice-consul, les heures qui ont suivi la découverte de la dépouille. « J’ai été prévenu par le consul Stéphane Catta, qui un est ami, de la mort de Christian Hué, se justifie l’intéressé. Je me suis rendu sur place par curiosité, comme beaucoup de monde ce jour-là« . Mais les enquêteurs n’ont trouvé aucun lien direct entre Ismaël Njoya et le chef de chancellerie.

L’enquête sur un présumé trafic avait vu la délivrance de visas par le consulat général de Douala temporairement suspendue. Depuis début octobre, les demandes de visas sont désormais traitées via une société privée, TLS contact. Une bascule qui était prévue de longue date, et qui n’est pas liée aux derniers évènements. Plus aucun document suspect ne semble désormais sortir du service consulaire. Arrivé au terme de sa mission, Stéphane Catta a de son côté regagné l’Hexagone cet été. Il a été remplacé à la tête du consulat français à Douala par Dominique Doudet, auparavant consul général de France à Agadir, au Maroc.

Antoine Rolland

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