Prévue initialement au Cameroun, la 32ème édition de la coupe d’Afrique des nations (CAN) de football s’est déroulée du 21 juin au 19 juillet 2019 en Egypte. Organisée exceptionnellement en plein milieu de l’année, elle aura regroupé pour une première fois, 24 nations dont 3 effectuant leur entrée dans cette dernière phase de la compétition. Il s’agit des équipes classées au delà du 100ème rang FIFA : Burundi (136ème), Madagascar (108ème) et Mauritanie (103ème). Le Tchad fut le grand perdant. La suspension de 3 ans qu’il écopa, pèseront lourd dans son retour en compétition.

Sponsorisée par la firme Total dont le T est accolé au logo, cette  CAN aurait pu l’être également par un des  meilleurs promoteurs africains comme Aliko DANGOTE.  Ce qui aurait contribué à confirmer l’affirmation de la volonté d’émergence de l’Afrique et démentir les commentaires condescendants de certains médias étrangers qui continuent à minimiser les capacités de ce continent.

Conformément au programme, les matchs se sont déroulés dans 6 terrains dont 3 au Caire, 1 à Suez, 1 à Ismailia et 1 à Alexandrie. Passé la ferveur du départ et l’espoir de garder le trophée pour la 8ème fois, l’affluence a chuté d’un cran, conséquence de la sortie, non moins surprenante en ¼ de finale, des Pharaons.

Quant au tournoi, il s’est déroulé sans incident. Le niveau de la compétition est resté moyen, ne laissant apparaître aucune véritable évolution, ni dans la qualité du jeu, ni dans l’innovation stratégique. De plus, aucune équipe n’a véritablement survolé la compétition, tout comme aucun jeune talent n’est apparu  en dehors de ceux déjà connus, évoluant dans les championnats européens.

Le football africain semble stagné. C’est le constat fait depuis la coupe du monde 2018, marqué par son absence remarquée aux huitièmes de finale. Encore heureux que le Sénégal, seul mondialiste, soit arrivée en finale de cette CANT. Chauvinisme mis à part, on se consolera toutefois d’avoir à la tête des 2 finalistes, des entraineurs africains.

Les statistiques indiquent : 52 matchs joués ; 102 buts marqués ; 171 cartons jaunes et 5 rouges distribués ; 1.083.311 spectateurs ; et un palmarès s’établissant comme suit : 1er Algérie qui s’adjuge une seconde fois le trophée ; 2ème Sénégal ; 3ème Nigéria. A ces chiffres on ajoutera sur le plan économique, l’édition 2019 aura généré : 83.000.000 $ de recettes. Ce qui rend intéressant la nouvelle grille de répartition de primes pour tous les participants. Les équipes du dernier carré toucheront respectivement :

  • vainqueur : 4.500.000 $,
  • deuxième : 2.500.000 $,
  • troisième : 2.000.000 $,
  • quatrième : 1.000.000 $.

La leçon à tirer de cette 32ème CAN, c’est cette porte ouverte pour les petites nations de football du continent. En effet, au delà de la prestation, c’est le culot affiché par les nouveaux promus dans cette phase finale qui marqua les esprits. Malgré un classement  CAF/FIFA défavorable, elles ont créé la surprise en contestant la hiérarchie établie.

Ainsi, Madagascar s’est payé le luxe de battre le Nigéria (2-0), faire match nul (2-2) contre la Guinée et s’adjuger même la 1ère place de son groupe qui lui ouvrit la porte du  8ème contre la RDC (2-2 puis 4-2 au tir au but après prolongation). L’accès mérité en ¼ des Barea (Zébus) donna de l’espoir à tous les malgaches, mais c’est sans compter avec le manque d’expérience à ce niveau des joueurs. La défaite par 3-0 contre la Tunisie n’en est pas vraiment une. Les autorités ont eu raison de faire fort au titre de récompense, en élevant les joueurs et leurs entraineurs au rang de l’ordre du mérite de Madagascar.

Quant à la Mauritanie, elle réalisa 2 matchs nuls 0-0 contre l’Angola et la Tunisie, et perdu 1 contre le Mali 4-1. Ce qui n’a pas suffi pour la hisser à la seconde phase de la compétition. Mais, cela constitue un parcours honorable, surtout pour une première participation face à des nations expérimentées.

Enfin, le Burundi, toujours présent dans les compétitions des jeunes, effectua une entrée séduisante contre le Nigéria, perdu seulement 1-0. La confrontation avec Madagascar aurait pu être équilibrée et se solder par une parité. Mais elle fut moyenne et en dessous des attentes. La défaite  1-0 annonça une lente extinction confirmée contre la Guinée 2-0. Mais cela n’enlève rien à son mérite d’être à ce niveau de la compétition.

Le parcours inattendu de ces 3  pays marque un espoir pour ceux qui, jusque là, ne sont restés qu’au stade des préliminaires. Franchir ce premier cap puis les éliminatoires, n’est pas le fruit du hasard ou des « lancements ». Cela passe par une meilleure et effective organisation des compétitions nationales, particulièrement dans la catégorie des jeunes et suppose aussi un véritable investissement dans la formation plus complète des entraineurs.

Qui veut voyager loin, ménage sa monture, dit l’adage. Pour le football tchadien, le rendez-vous des préliminaires de la CHAN 2020 sur lequel s’est porté un espoir, n’a pas produit le miracle attendu. Ce qui suscita la déception du président de la république et hypothéqua du coup, l’avenir de l’entraineur DJIMTA, recruté au mauvais moment. D’où le branle bas du ministère pour faire revenir Emmanuel TREGOAT, l’entraineur français qui remporta avec les SAO, la dernière coupe tant attendue de la CEMAC.

Pour qui préparera et dirigera les SAO pour les prochains matchs des préliminaires : de la CANT 2021 au Cameroun contre le Libéria de Georges WEAH, et du mondial 2022 au Qatar, contre le Soudan, la tache sera difficile. Ces rendez-vous qui sont déjà là, doivent à être préparés plus sérieusement malgré l’échec encore dans les esprits de la CHAN. Après une suspension de 3 ans, la pente sera difficile à remonter, mais le pire c’est de ne pas essayer.

Et, si l’option du technicien français qui semble confirmée, est retenue, celui-ci aura, malgré les différents qui ont motivé le non renouvellement de son contrat et la publication d’un livre au titre évocateur de « victoires et turbulences », l’avantage de connaître le terrain et certains joueurs évoluant à l’étranger. Il restera à clarifier les responsabilités des uns et des autres, notamment, qui sera son véritable donneur d’ordres et patron : le ministère des sports ; la FTFA ou l’ONAJES, organisme financeur sous tutelle du ministère et dont le directeur général est aussi 1er vice président de la fédération ?

Au delà de cette urgence des préliminaires CAN 2021 et CM 2022, il faut mettre à profit et rendre plus rentable le retour de l’entraineur français qui, il faut croire, ne sera pas que le temps de ces 2 missions de la dernière chance. Vu la situation assez inquiétante du football tchadien, il appartient à la FTFA et le ministère des sports, de lui confier, outre la préparation et l’encadrement des SAO, en collaboration avec la direction technique (DTN), la charge de l’organisation du football sur l’ensemble du territoire, notamment par :

  • la mise en place de véritables compétitions nationales,
  • la formation et le perfectionnement des entraineurs tchadiens,
  • la restructuration et l’effectivité du fonctionnement de l’académie de Farcha.

Si remontée de la pente il y a pour le football tchadien, ce sera à ce prix. A bon entendeur, … !

BANGALI DAOUDA Boukar

         Professeur de sport

         Bureau d’Etude et Conseils en Sport

         Email: b.daouda87@yahoo.com

         Tel :   +336 13 82 96 26    

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