18 novembre 2020 #TCHAD #CEMAC #Franc CFA : Bongo et Obiang poussent le gouverneur de la BEAC à capituler face aux pétroliers.
Prenant peur, la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) a dû repousser l’obligation faite aux sociétés pétrolières et minières actives de la zone (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale – CEMAC) de lui transférer toutes les informations relatives à leurs comptes bancaires sur place et à l’étranger. Ces démarches seront cependant obligatoires d’ici à décembre 2021, selon un courrier du gouverneur de la BEAC, Abbas Mahamat Tolli, daté du 5 novembre. L’objectif ultime de l’établissement, en manque de réserves de change, est de forcer tous les acteurs du secteur extractif en Afrique centrale à utiliser le franc CFA, la monnaie unique de la zone, et non le dollar comme ils en ont l’habitude. Or cette obligation fait frémir les firmes privées.
Un groupe de pression et des soutiens politiques
Plusieurs sociétés pétrolières se sont mobilisées et ont missionné l’African Energy Chamber (le groupe de pression du secteur privé basé en Afrique du Sud et présidé par l’avocat NJ Ayuk) afin de faire plier la BEAC. C’est notamment le cas d’ExxonMobil, Total, Schlumberger, ENI, Vitol, Lukoil, Technip, Baker Hughes et Subsea 7.
L’African Energy Chamber, qui a directement menacé la BEAC de poursuites judiciaires, a pu, de son côté, compter sur des soutiens politiques, notamment de la part de la Guinée équatoriale, de la Centrafrique et du Gabon. Avec l’accord du président gabonais Ali Bongo, Théophile Ogandaga, son directeur de cabinet et l’ancien numéro 2 d’Olam dans le pays, s’est ligué avec le ministre du pétrole Vincent de Paul Massassa afin de mener la fronde. Ils ont travaillé de concert avec le ministre équato-guinéen du pétrole Gabriel Obiang Lima, fils du président Teodoro Obiang Nguema.
En revanche, ni le Cameroun, ni le Tchad, tous deux membres de la région CEMAC et producteurs de brut, n’ont souhaité faire pression sur la BEAC. Et pour cause : le gouverneur de cette dernière, Abbas Mahamat Tolli, est l’ancien ministre tchadien des infrastructures et des finances.