Baltasar Engonga Edjo a pourtant été nommé il y a plus d’un mois à la présidence de la commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, mais c’est Daniel Ona Ondo qui assure actuellement l’intérim. Une assise fluctuante pour l’organisation régionale et les nombreux dossiers stratégiques qui l’attendent.

Le nouveau président de la commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), Baltasar Engonga Edjo, se fait attendre. L’Equato-Guinéen n’est toujours pas entré dans ses fonctions, alors que les chefs d’État de la sous-région l’ont nommé à la tête de l’instance le 17 mars. Il se fait actuellement soigner en Espagne et espère pouvoir se rendre disponible dans le courant du mois de mai.

Pendant ce temps, son prédécesseur, le Gabonais Daniel Ona Ondo, a accepté de prolonger son mandat et de représenter l’institution aux réunions de printemps 2023 de la Banque mondiale et du FMI, qui se sont déroulées à Washington du 10 au 16 avril, puis à la réunion du 25 avril à Paris, qui a rassemblé les ministres des finances de la Cemac à l’invitation de Jean-Baptiste Ondaye, ministre congolais de l’économie et des finances.

Retour à Bangui ?

Une fois en poste, le nouveau président de la commission devra relever plusieurs défis : s’assurer du respect des critères de convergence en période de crise, gérer l’allocation des droits de tirage spéciaux (outil d’endettement auprès du FMI – AI du 22/03/23) vers des projets d’infrastructures, ou encore relancer la sempiternelle réforme du franc CFA qui divise les chefs d’État de la sous-région.

D’entrée de jeu, l’un de ses premiers dossiers portera sur la relocalisation de la commission à Bangui, son siège officiel, dix ans après l’avoir quitté pour des raisons sécuritaires. De ce point de vue, une fenêtre d’opportunité s’ouvre déjà pour Baltasar Engonga Edjo : pour des motifs statutaires, la commission, basée à Malabo, ne peut rester dans le pays d’origine de son président ; elle devra donc déménager quoi qu’il arrive. Autre élément tangible : aux yeux du chef de l’État centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, qui préside cette année la Cemac, le retour de la commission à Bangui constituerait une victoire symbolique.

De nombreux freins subsistent toutefois, à commencer par des considérations pécuniaires. Les locaux banguissois, désormais rénovés, sont certes prêts à accueillir les fonctionnaires communautaires, mais le coût de la vie et des loyers demeure élevé, découlant notamment de la présence des fonctionnaires onusiens de la Minusca.

Arriérés de paiement

Autre dossier sensible : celui du budget de fonctionnement de la Cemac, en diminution constante depuis plusieurs années. Sur le papier, il est prévu que chaque État s’acquitte tous les ans du produit de la taxe communautaire d’intégration (TCI). Dans les faits, à peine 30 % de la somme théorique atterrit dans les caisses de l’institution.

Seuls les Etats gabonais et camerounais sont, à peu de chose près, à jour de leur cotisation. La Centrafrique n’est plus en mesure de la verser depuis plusieurs années. Quant au Tchad, il s’abstient depuis trois ans. La Guinée équatoriale, qui a également accumulé de nombreux arriérés, devrait en revanche régulariser rapidement sa situation pour soutenir politiquement son nouveau président de la commission.

Proche du président Obiang

La nomination à la Cemac de Baltasar Engonga Edjo, neveu très proche de Teodoro Obiang Nguema, a coïncidé avec la formation d’un cabinet faisant la part belle aux proches du président équato-guinéen (AI du 10/04/23). Comme de nombreux barons de Mongomo, village natal de ce dernier, Baltasar Engonga Edjo est réputé hostile à l’hypothèse esquissant l’accession de Teodorin Obiang Nguema, actuel vice-président, à la tête de l’État.

Celui qui a occupé le poste de ministre de l’Intégration régionale pendant plus de dix ans connaît bien les chefs d’État de la sous-région. Dans les fonctions qu’il s’apprête à prendre, il est le mieux placé pour délivrer en toute discrétion quelques messages de Malabo. Il sera secondé par le diplomate camerounais Charles Assamba Ongodo.

Africa intelligence

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