Quatre jours après l’attaque de Bossangoa, le déroulé des événements se précise. Et le regard des autorités centrafricaines se tourne de plus en plus vers l’ancien président François Bozizé, exilé au Tchad, et ses fils, très actifs dans la sous-région.

Les enquêteurs centrafricains continuent de tenter de démêler le vrai du faux autour de l’attaque de Bossangoa, où une base des Forces armées (Faca) et de leurs alliés russes a été bombardée le 28 novembre. Selon nos sources, les experts ont notamment analysé les dégâts occasionnés sur les lieux, qui ont été, selon eux, causés par l’explosion d’une bombe artisanale larguée depuis un avion volant à faible altitude.

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Comme l’a révélé Jeune Afrique, l’appareil était un engin à hélices de type Casa, ce qui a été confirmé aux autorités par l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique (Asecna). Selon les informations radars, l’appareil aurait opéré une boucle au-dessus de Bossangoa en arrivant de Bozoum, à l’Ouest, puis en quittant la Centrafrique via la région frontalière de Markounda.

De cruciales données radars

C’est au Tchad que le Casa aurait été visible pour la dernière fois, dans les environs de Komé, à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Moundou. S’y est-il posé ou a-t-il continué sa course en prenant de l’altitude ? Les vérifications sont encore en cours à l’heure actuelle, les enquêteurs ayant demandé l’assistance des autorités tchadiennes. Contacté par Jeune Afrique le lendemain de l’attaque de Bossangoa, N’Djamena avait assuré de sa collaboration aux investigations.

LE GOUVERNEMENT PRIVILÉGIE L’HYPOTHÈSE D’UNE ATTAQUE QUI N’AURAIT ÉTÉ QUE LE PRÉLUDE D’UNE OFFENSIVE DE PLUS GRANDE AMPLEUR

Quelle était la cible de cette bombe artisanale larguée depuis les airs ? D’après les premières informations recueillies, l’avion aurait surtout visé le dépôt de munitions de la base de Bossangoa, stratégique pour les Faca et les mercenaires de Wagner. Surtout, le gouvernement de Faustin-Archange Touadéra privilégie l’hypothèse d’une attaque qui n’aurait été que le prélude d’une offensive de plus grande ampleur, mettant en jeu au moins un autre front.

La CPC, François Bozizé et Noureddine Adam

Depuis le 28 novembre, d’importants mouvements de troupes des groupes armés affiliés à la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) ont en effet été observés à la frontière avec le Soudan, dans la région d’Am Dafok. Celle-ci a longtemps été un bastion des hommes de Noureddine Adam – lui-même résident régulier de Khartoum – et du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC), dont l’activité est croissante ces derniers mois.

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Une offensive depuis la frontière soudanaise était-elle prévue à la suite de l’attaque de Bossangoa ? Les autorités centrafricaines travaillent en tout cas à clarifier les activités du coordonnateur de la CPC, François Bozizé. Exilé à N’Djamena, ce dernier équiperait toujours des troupes au niveau de la frontière tchado-centrafricaine, dans la zone proche de Markounda, survolée dans la matinée du 28 novembre par l’avion ayant attaqué les Faca et les mercenaires de Wagner.

Un Bozizé peut en cacher… deux autres

Deux des fils de l’ancien président concentrent toute l’attention des enquêteurs. Dans deux enregistrements téléphoniques dont les services centrafricains ont eu connaissance, un interlocuteur mentionne ainsi Kévin Bozizé, lequel aurait reçu des financements importants, serait présent « à la frontière » et insisterait, via un intermédiaire, pour que plusieurs attaques aient lieu sur le sol centrafricain, notamment à Bangui, de manière coordonnée.

Un rendez-vous récent du même Kévin Bozizé intrigue aujourd’hui les autorités. L’intéressé a ainsi été signalé à plusieurs reprises à Brazzaville, en particulier, à une occasion, en compagnie d’un ancien compagnon d’Abdoulaye Miskine, chef rebelle du Front démocratique du peuple centrafricain(FDPC), aujourd’hui détenu au Tchad. De même source centrafricaine, on ajoute qu’un autre fils, Jean-Francis Bozizé, séjournerait à l’heure actuelle dans la capitale congolaise.

Les agissements des Bozizé sont depuis plusieurs mois au cœur des préoccupations centrafricaines, mais également tchadiennes. Le président Mahamat Idriss Déby Itno a en effet cherché à plusieurs reprises à mettre fin au séjour à N’Djamena de l’ancien président. Mais, si le Gabon, le Bénin et l’Angola ont été contactés, aucun pays africain n’a encore accepté d’accueillir un nouvel exil de l’encombrant François Bozizé.

Jeune Afrique

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