Le secret de la pérennité du pouvoir actuel réside dans son crédo qui a consisté à institutionnaliser le « laisser-faire » à tous les niveaux de l’appareil étatique tchadien. À première vue, il apparait inconcevable d’associer « pérennité » aux propagandes relatives à une paix éphémère véhiculée à longueur des journées par les partisans du régime. Malheureusement, le pouvoir actuel tient debout au bout des 28 années. Alors, le débat est ailleurs pour ne pas dire dans le fond.

 

En effet, beaucoup de Tchadiens trouvent leurs comptes dans ce désordre institutionnalisé. Certes, on se doit de relativiser le nombre de Tchadiens qui tirent leur épingle du jeu comparativement à la masse qui, elle, remplit les statistiques des laissées-pour-compte. Cette minorité, composée pour l’essentiel par des corrompus peu soucieux de servir l’État, veille à sauvegarder son acquis. Elle rechigne à prendre le risque de s’engager dans la voie du changement. Et, donc, elle préfère expédier les affaires courantes pendant le pays coule. Quitte à prendre la poudre d’escampette demain pour se mettre à l’abri.

 

Il est de notre devoir, en tant qu’activiste politique soucieux du devenir de notre pays, de sortir de l’ambiguïté pour dire ouvertement que le changement n’est pas synonyme de chasse aux sorcières à tous les niveaux. Il n’y a aucun intérêt à réitérer les troubles politiques à l’irakienne. Les Américains ont gagné la guerre d’Irak en tout juste quelques semaines. Au lieu de s’appuyer sur l’ancienne administration, tout en essayant de la dépoussiérer de ses brebis galeuses, pour reconstruire le pays, ils l’ont démolie. On connait la suite.

 

Revenons au Tchad dans le pré carré.

 

En général, la Françafrique puise dans un réservoir des politiques et des militaires qui constituent les piliers d’un régime en place pour perpétuer le système. C’est une question de rapport de force et de connaissance intime des Hommes. Et, ce n’est pas l’actuel Président tchadien qui dira le contraire. Lui qui était et est, toujours, le fruit de ce système en sait davantage que nous. La promotion de ses proches aux grades des généraux à intervalle régulier, et notamment de ses propres fils, s’inscrit dans cette optique. La révolution tunisienne, de décembre 2010, a pris de cours la DGSE.

 

Des leçons ont été tirées.

 

Alors, que faire pour sortir le Tchad de l’impasse ?

La logique veut que le pragmatisme prime sur les beaux discours de salon, les sentiments et le cœur. Un fruit ne tombe que quand il est mûr. Un changement de société ne peut se produire que lors que la masse qui le porte comprend son sens. Pour le moment, nous en sommes loin de compte. Et pour cause, tout changement de société repose avant toute autre chose sur deux éléments fondamentaux : l’éducation et l’engagement citoyen. Ces deux éléments précités qui s’emboitent l’un de l’autre se préparent en amont et à long terme. En attendant le grand soir, les Tchadiens, en tenant compte de tous les paramètres et avec le concours de ceux qui ont tout à gagner dans un Tchad stable, en mettant à profit leurs clivages, peuvent ramener le régime à la raison dans un premier temps. Peut s’ouvrir, alors, une période de transition pour relever le pays et poser les jalons d’une communauté de destin.

Abderahim Mahamat Dahab

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