Qui viendra sauver les opprimés ?

Comme d’autres organisations à travers le pays, la Commission Nationale des Droits de l’Homme a appris « avec une grande stupéfaction et un très fort sentiment d’effroi » qu’il s’est tenu, le 15 octobre 2021, à Koumra dans le Mandoul, une réunion présidée par Mme le gouverneur de ladite province, qui a réuni des chefs coutumiers et traditionnels du lieu, et qui, par consensus, aurait arrêté des « modalités » de réparation civile en cas d’infractions graves.

Selon ces modalités, une Dia de 1 500 000 FCFA est dorénavant exigible pour tout homicide volontaire, avec paiement d’une « avance de 200 000 FCFA pour les dépenses occasionnées par les obsèques du défunt ». Pour ce qui est des homicides involontaires, c’est-à-dire des « accidents de circulation et divers », le consensus a porté sur une Dia de 1 000 000 FCFA et une « avance de 200 000 FCFA à la famille du disparu pour les sacrifices et autres dépenses accessoires aux obsèques ». Il faut rappeler que la Dia (le prix du sang), est une coutume venue d’ailleurs. En son temps, le défunt président, le Maréchal Idriss Deby Itno l’avait décriée. Et ce 15 octobre 2021, cette pratique a été officiellement imposée aux autochtones, alors que les traditions séculaires ne connaissent pas ce genre de règlement.

Pourtant, le Code pénal tchadien prévoit bien les types d’infractions et les peines y afférentes. « Mme le gouverneur semble n’en avoir cure puisque se positionnant apparemment au-dessus des Institutions et lois de la République », relève le communiqué de presse en date du 19 octobre 2021 et signé du président de la CNDH, Djida Oumar Mahamat. « Comment peut-on cautionner ce genre de « modalités », qui fixent le prix de la vie humaine à 1 500 000 FCFA ? », se demande la CNDH.

Pour elle, si la portée de telles décisions a été peu réfléchie, cela équivaut assurément « à délivrer des permis de tuer des êtres humains, comme de simples gibiers aux personnes nanties, pour qui ces montants ne sont aucunement excessifs ». Par conséquent, « la CNDH s’insurge contre de telles pratiques et appelle les plus hautes autorités à annuler sans délai cette décision, qui le cas échéant, va certainement mettre très vite à mal la cohésion sociale tant recherchée au Tchad ».

Tchadanthropus-tribune

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