Déclaration liminaire.

Mesdames et messieurs les journalistes ;

Messieurs les présidents et Secrétaires Généraux des partis politiques amis ;

Mesdames et messieurs ;

La pensée qui nous  a animé en organisant cette rencontre avec la presse, a été de mettre en exergue le balbutiement du Tchad, notre pays sous le régime MPS, qui nous gouverne voici  un quart de siècle.

En effet, l’échec de la gouvernance administrative de ce régime est aujourd’hui un fait patent, alors que l’avènement du MPS au pouvoir en 1990 à la faveur d’un coup d’Etat militaire avait en son temps suscité beaucoup d’espoir à la pensée d’un renouveau national. Mais très vite, le peuple naïf abusé a déchanté et le pathétique de la situation qui prévaut actuellement évoque un régime qui périclite. C’est justement cette situation équivoque qui mérite d’être connue et reconnue dans tous ses aspects saillants par l’opinion publique.

L’Alliance Démocratique de l’Opposition qui a pris la mesure de la gravité de la situation politico-socio-économique du pays, estime opportun d’éclairer la lanterne du public en organisant cette rencontre d’échanges avec les hommes de média que vous êtes.

En particulier, nous voulons expliquer ici, en répondant devant vous à quelques questions que tous vous vous posez, que nous nous sommes posées, et en soumettant nos réponses à votre réflexion.

1-    Pourquoi l’Etat n’a-t-il pas été en mesure de payer les salaires de ses agents, qui plus est à la fin du mois sacré du ramadan ?

2-    De quel droit le MPS s’arroge t-il pour vouloir vaille que vaille contrôler toutes les communes du Tchad ?

3-    De quel droit le MPS s’arroge t-il pour modifier, au seul gré de ses responsables, l’ordre des élections constitutionnelles ?

S’agissant de la situation de  banqueroute dans laquelle le pays de Toumai se trouve être  planté, il vous souviendra qu’en 2014, au cours d’une conférence de presse pareille, nous déplorions la gouvernance financière empirique du régime MPS. Incontestablement, les faits nous donnent aujourd’hui raison, car les finances publiques sont foncièrement exsangues, sous-tendant ainsi une sécheresse de trésorerie sans précédent. Résultat de course : ce qui devait arriver arriva. Une grande frange de la population tchadienne se trouve être aujourd’hui frappée de plein fouet par les effets pervers de banqueroute.

S’il est un autre sujet qui fâche sérieusement, c’est l’immixtion du MPS dans le cour des opérations de renouvellement des bureaux exécutifs des conseils municipaux rapportée ça et là en province. En effet, alors que la libre administration des collectivités territoriales, au nombre desquelles se trouve la Commune est garantie par la constitution de la République, des militants zélés du parti au pouvoir se livrent à un activisme éhonté, destiné à coopter des conseillers municipaux pour composer des exécutifs locaux acquis à la cause de leur formation politique. Vous vous en doutez, il s’agit là d’un plan machiavélique visant à avoir une mainmise sur toutes les communes du Tchad et ce, en vue d’assouvir des noirs desseins que le MPS nourrit pour les élections qui pointent à l’horizon.

La dernière question qui nous interpelle et tempête est celle des échéances des élections législatives et  présidentielles, dont l’ordre a été à dessein inversé.

En effet, si le débat sur la prorogation du mandat des députés n’est plus d’actualité, il n’en demeure pas moins que son report sine die, après une « ligne rouge » sonne comme une manigance subtile, qui laisse pantois tout un acteur de la vie politique. Au fait, le réalisme aurait voulu qu’il soit envisagé simplement une translation des échéances. Au lieu de cela, le MPS s’est ingénié  à reporter les élections législatives, tout en fixant une ligne dite rouge à ne pas franchir pour la présidentielle. Voilà qui dénote la mauvaise foi du régime MPS.

Au demeurant, l’ADO suggère la tenue des élections législatives en 2016 et propose en conséquence de cela la prolongation d’une année le mandat du Chef de l’Etat. Autrement dit, l’ADO recommande fortement la tenue de l’élection présidentielle en 2017. Cela a l’avantage de disposer de temps nécessaire et suffisant pour l’organisation des élections apaisées, car la paix sociale, gage de tout développement n’a pas de prix, et elle nous intéresse tous.

A propos justement de cette prolongation du mandat de Chef de l’Etat que nous demandons, qu’il nous soit permis de faire observer que l’argument  de vide juridique souvent évoqué (à tort bien sûr)  ne saurait  prospérer, sauf pour justifier une mauvaise foi. C’est ici le lieu de relever  que la prolongation d’un mandat électif, fut t-il un mandat présidentiel, est un acte politique qu’un accord politique bien négocié peut légitimer. C’est ici le lieu d’affirmer avec force, que la constitution n’est pas immuable. D’ailleurs la prorogation répétitive au TCHAD du mandat des députés, ne constitue-t-elle  pas des cas de jurisprudence, étant donné qu’il s’agit là aussi d’un mandat constitutionnel ?

A la lumière de ce qui précède, nous disons que la mal gouvernance politique a plongé le Tchad dans l’incertitude et l’immobilisme. Cette mal gouvernance qui se traduit par l’apparition des régimes prédateurs affecte sérieusement des conditions de vie d’une plus grande frange de la population frappée de chômage des jeunes diplômés et fragilise les plus démunis d’entre nous, nous fait sentir encore plus les conséquences dramatiques de cet immobilisme et renforce l’exigence d’une action forte et résolue pour remettre le Tchad sur le chemin du développement économique et du progrès sociale.

A cet égard, et compte tenu de la situation désespérée que vit actuellement le berceau de l’humanité, l’Alliance Démocratique de l’Opposition (ADO), lance un appel pathétique à l’ensemble des patriotes dignes de ce nom, pour qu’ils nous rejoignent à l’opposition afin qu’ensemble, nous puissions agir efficacement pour redresser notre pays, pour avancer, pour progresser  et faire que chaque tchadienne et chaque tchadien trouve sa place et puisse participer légitimement selon ses aptitudes au développement du Tchad, notre pays. 

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