Prévue le 19 mars prochain à Brazzaville, une table ronde doit réunir quatre chefs d’État d’Afrique centrale, ainsi que des représentants de bailleurs et de grandes entreprises, pour participer au financement de projets d’infrastructures.

Les présidents du Tchad, Idriss Déby, de la RDC, Félix Tshisekedi, de la Centrafrique, Faustin Archange Touadéra et du Congo, Denis Sassou Nguesso, sont attendus le 19 mars prochain à Brazzaville pour une table ronde organisée par la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC). Les quatre chefs d’État auront pour objectif de lever des fonds afin de financer des projets d’intégration régionale en Afrique centrale.

Chapeauté par Marie Thérèse Chantal Mfoula, secrétaire général adjointe à la CEEAC, l’événement doit permettre de lever dans un premier temps 2,8 milliards de dollars d’ici 2024, avant de porter ce financement à 22 milliards $ à l’horizon 2030. Parmi les projets prioritaires définis par la CEEAC figurent le projet de pont route-rail entre Kinshasa et Brazzaville (461 millions $), la route Ouesso-Bangui-N’Djamena (1,6 milliard $), un projet d’aménagements fluviaux et portuaires sur le fleuve Congo et ses affluents Oubangui et Sangha (678 millions $), et le chemin de fer entre Ilebo et Kinshasa.

SNCF et Egis sur le rail congolais

Parmi les bailleurs ayant confirmé leur présence figurent le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, un représentant du Fonds monétaire international (FMI) au Congo, des cadres de la Banque mondiale et de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea). Celle du directeur général de l’Agence française de développement (AFD), Rémy Rioux, reste encore incertaine. Deux représentants de la Commission européenne feront aussi le déplacement à Brazzaville, ainsi de la Banque européenne d’investissement (BEI). Hormis la BAD, qui a promis de participer au financement du pont entre Kinshasa et Brazzaville, aucune de ces institutions n’a pris d’engagement ferme sur ces projets.

Les entreprises et les investisseurs ne seront pas en reste. C’est le cas notamment de la SNCF et de la société d’ingénierie française Egis, qui s’intéressent au projet de chemin de fer entre Kinshasa et Ilebo – la compagnie française avait déjà participé à l’élaboration d’une étude de faisabilité sur le site en 2016. Toutefois, la société publique française pourrait se retrouver confrontée aux ambitions de son homologue marocaine, l’ONCF (Office national des chemins de fer), qui enverra également une délégation à Brazzaville, et de l’entreprise d’Etat China Railway Construction Corp (CRCC). Cette dernière est la seule société chinoise à avoir confirmé sa présence dans un contexte de crise lié à l’épidémie du coronavirus. La China Development Bank (CDB), qui avait fait part de son intérêt pour l’initiative, a finalement dû renoncer.

La question du port de Banana

D’autres sociétés doivent faire le déplacement, à l’image du fonds d’investissement français Stoa Infra & Energy, qui possède des participations dans plusieurs projets sur le continent. Egalement présent, le groupe égyptien de BTP The Arab Contractors pourrait se positionner sur la route Ouesso-Bangui-N’Djamena, tandis que la holding panafricaine Monaco Resources (voir l’enquête Africa Intelligence du 21/01/20), les belges Dredging International et le Port of Antwerp International, le français Voies navigables de France (VNF) s’intéressent au projet d’aménagement dans le bassin du fleuve Congo.

Si elle abordera les quatre projets d’intégration régionale, la table ronde devrait se concentrer sur le plus avancé de tous : le pont route-rail entre les capitales des deux Congo. Développé par Africa50, une plateforme d’investissement dans les infrastructures créée par la BAD, ce projet pourrait faire l’objet d’un marché public dès le mois d’août (voir Africa Intelligence du 25/11/19). Mais sa réalisation suscite des réserves en RDC, où l’on craint qu’elle achève de consacrer la suprématie du port de Pointe-Noire, la capitale économique du Congo voisin. Le président Tshisekedi souhaite ainsi conditionner ce projet à celui du port en eau profonde de Banana, dans la province du Kongo-Central (voir Africa Intelligence, du 02/03/20). Une réunion entre Marie Thérèse Chantal Mfoula et le directeur de cabinet de Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe, aurait toutefois suffi à lever les craintes autour du calendrier.

Tchadanthropus-tribune avec La Lettre du Continent

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