Le débat engagé autour de la problématique du système diplomatique tchadien à travers plusieurs dysfonctionnements constatés dans nos ambassades mérite une attention particulière de la part du citoyen et diplomate tchadien que je suis. Personnellement, je partage le diagnostic de mon compatriote Talha et ses différentes propositions sommes toutes utiles pour le Tchad.

Comme beaucoup de mes collègues diplomates, je suis très admiratif du talent et de la sagesse de notre compatriote qui a été à la hauteur du débat engagé depuis 5 ans. Sa constance et ses analyses raisonnables nous incitent davantage à l’encourager d’aller toujours dans cette direction. Il a été constant, cohérent, mesuré, courtois, responsable et digne d’un fils de Toumaï. Tout est en son honneur. Il est vrai que la diplomatie comme on la définit, est l’art de défendre et de promouvoir les intérêts d’un pays, de cultiver des relations fécondes avec les autres États et d’œuvrer au triomphe de la justice et de la paix entre les peuples. Quand les passions sont déchaînées et que les hommes deviennent vraiment déraisonnables, sa mission est d’œuvrer à les cantonner dans les limites du tolérable, d’éviter l’irréparable et sans plus tarder, à participer à toute entreprise de bonne volonté destinée à préparer le retour à la paix et à la sérénité entre les nations en conflit.

Toutefois, la politique étrangère relève du domaine réservé du Chef de l’État qui a le choix en dehors du cadre officiel d’obtenir des conseils appropriés auprès de qui de droit, pour préserver les intérêts du pays. Il ne s’agit pas d’une exclusivité des ministres ou des ambassadeurs. Aussi, chaque citoyen a le droit de s’exprimer sur le fonctionnement et la gestion de nos structures publiques qui doivent être conforme aux intérêts du Tchad et non pas des individus.  

Il est vrai que dans les ambassades du Tchad à l’étranger, et à ce titre, l’exemple de Genève est éloquent; le plus souvent nos ambassadeurs confondent allègrement la gestion publique et privée. Ils excellent dans la fourberie, le cynisme et l’hypocrisie et tentent par tous les moyens d’étouffer en vain ceux qui ont le courage de dénoncer ces pratiques et d’affirmer raisonnablement tout haut ceux que les autres pensent tout bas. Ces pratiques sont pour la plupart de cas, sujettes à des poursuites pénales.

Mais comme dans le système actuel de gouvernance au Tchad, l’impunité étant la règle, ce sont les citoyens honnêtes qui payent le prix. Il arrivera certainement un jour, peut être dans un proche avenir ou la justice juste triomphera. C’est pourquoi, Il ne faut pas sous estimé les responsabilités individuelles, parce qu’ on a tendance à mettre le tout sur le dos du Chef de l’État des actes individuels que leurs auteurs se justifient par les fameuses « instructions venant d’en haut ».

A Talha comme à tous les tchadiens qui mettent en avant l’intérêt du peuple, il ne faut surtout pas céder aux intimidations et autres campagnes de désinformation et d’intoxication des personnes parachutées et en mal d’assise sociale. Vos contributions font énormément du bien au Tchad et aux tchadiens. Si le gouvernement tient simplement compte des contributions de nombreux tchadiens quant à la méthode de gouvernance dans chaque secteur de l’État, il va s’en dire que le Tchad améliorera ses performances et répondra aisément aux attentes de ses populations. Je pense que le débat d’idées est le meilleur moyen de cheminer collectivement et efficacement vers les attentes du pays. Ali Abderaman Haggar, fin connaisseur des arcanes du pouvoir au Tchad a tiré la sonnette d’alarme dans son livre « Et demain le Tchad …»

En ces termes : « Je souffre de voir ce frère, au sens national du terme, avec qui j’ai eu à passer des heures entières à parler du Tchad, descendre sans ascenseur dans le trou de l’histoire, un trou savamment creusé par des personnages peu enclins à la grandeur historique et nullement soucieux de vivre dans leur pays, sous un arbre, dans un camp de réfugiés ou dans une suite d’hôtel au frais des poches occultes. Peu leur importe, pourvu qu’ils vivent ! Le Président est en partie responsable de ce qui lui arrive. Mais il ne doit pas être laissé seul supporter tout le faix des échecs communs. Chacun, ministres, conseillers, etc., quelque part a été responsable de quelque chose. Il faut avoir le courage de s’assumer, donc partager ce qui est partageable. Il est vrai que lorsqu’un chef, n’importe lequel, ne se laisse entourer majoritairement que de "griots"qui préfèrent s’asseoir au pied du fauteuil plutôt qu’en face sur des chaises destinées à cet effet, par exemple ; qui soufflent l’information à l’oreille plutôt que la faire transmettre par les canaux réguliers de l’État, qui saluent le chef sans le regarder honnêtement dans les yeux, qui se comportent presque en "esclaves de traîne", il est donc normal que l’erreur devienne la chose la mieux partagée ; Il est clair que le chef ne pilotera qu’à vue…».

C’est à méditer. Diplomate tchadien    

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