CONFERENCE DE PRESSE DU 20 MAI 2019 : Déclaration liminaire

 

Présentée par Poddi Djimé Bichara, Porte-parole Adjoint

Mesdames et Messieurs les Chefs de partis amis,

Mesdames et Messieurs les Journalistes,

Chers Invités,

Mesdames, Messieurs,

Avant d’aborder le sujet de notre rencontre, je vous adresse tous mes remerciements pour votre disponibilité. La conférence de presse à laquelle vous êtes conviés ce jour est essentiellement consacrée à la gestion chaotique du processus électoral par le MPS. Il y a quelques jours, nous avons assisté à un show médiatique organisé par le Président du CNDP monté sur ses chevaux pour claironner, sans vraiment y croire, que 2019 est une année électorale. Il n’a donné aucune précision quant à la nature des élections qui seront organisées, pas plus que sur la date des scrutins. Le Président français Emmanuel Macron avait annoncé des élections au mois de mai 2019 ; nous y sommes déjà. Le Président Idriss Déby avait rectifié parlant de la fin du premier semestre 2019. Nous y serons dans quelques semaines. Qui croire ?

Des élections en 2019, il est difficile de s’en convaincre, d’autant plus que la conduite unilatéraliste du processus par le pouvoir MPS trahit une volonté d’empêcher ou à tout le moins de retarder l’organisation des élections législatives et municipales.

Rappelez-vous la mise en place rocambolesque du CNDP au lendemain du forum gouvernemental. La dispute autour du gâteau était telle, au sein d’une certaine opposition, que le Président Déby a dû venir à la rescousse pour imposer une liste des membres entièrement à sa dévotion. Officine de toutes les manœuvres plus sordides les unes que les autres, théâtre de la corruption, des intimidations et menaces en tous genres, le CNDP est incontestablement devenu le principal obstacle à l’organisation des élection au Tchad. Les actes émanant de ce cadre faussement paritaire sont posés en détricotage de tous les consensus laborieusement établis par l’Accord politique du 13 août 2007.

Il en est ainsi de la désignation des membres de la CENI par le décret 216 où la répartition des sièges de la composante opposition a été effectuée d’autorité par le pouvoir, en violation flagrante de la loi n°030/PR/2018 du 30 novembre 2018 portant création d’une Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) et de l’ordonnance n°40/PR/2018 du 31 août 2018 portant statut de l’opposition démocratique. Ainsi, certains partis politiques légalement éligibles sont écartés – c’est le cas de l’ensemble des partis politiques membres de la CPDC – alors que d’autres qui ne remplissent pas les critères sont retenus.

L’opposition démocratique, dans son écrasante majorité, a exigé l’annulation du décret 216 et composé une nouvelle liste des membres en conformité avec les lois.

Il est avéré que des instructions prenant en compte les exigences de l’opposition démocratique ont été données par le Cabinet du Président de la République au Président du CNDP qui les a purement et simplement ignorées. Des questions taraudent les esprits : à quoi joue-t-on ? Y-a-t-il encore un Etat au Tchad ? Le navire-Tchad a-t-il encore un capitaine à bord ?

C’est avec raison qu’on se pose ces questions si l’on ajoute que dans une lettre datée du 7 mars 2019, le Cabinet civil de la Présidence de la République écrivait, en réponse à un mémorandum de la CPDC, je cite « Monsieur le Porte-parole Adjoint de la CPDC, sur l’objet de cette préoccupation commune, le Président de la République, Chef de l’Etat, garant des Institutions, nous instruit pour vous dire que l’idée suggérée est bonne en soi, et que le dialogue est toujours nécessaire pour que nous parvenions à organiser des élections apaisées, crédibles et transparentes » fin de citation. Dans son mémorandum, la CPDC avait proposé l’organisation d’une table-ronde sur les élections. On en est aujourd’hui très loin.

Tous les actes qui jalonnent le processus électoral en cours s’inscrivent dans un registre diamétralement opposé :

  • Qu’il s’agisse de la nomination unilatérale des responsables du Bureau Permanent des Élections (BPE) placé d’autorité sous la tutelle du Ministère de l’Administration du Territoire ;
  • qu’il s’agisse de la nomination d’un Chef de l’opposition démocratique par une décision de la Cour suprême, en violation de l’article 8 de l’ordonnance 40 portant statut de l’opposition ;
  • qu’il s’agisse du découpage territorial inique où des circonscriptions de moins de 2000 habitants seront dotées du même nombre de sièges à l’Assemblée Nationale que des circonscriptions comptant plus de 80 000 habitants ;
  • qu’il s’agisse de la Charte des partis politiques établie en violation de la Constitution qui consacre le pluralisme politique ; ou qu’il s’agisse du projet de Code électoral qui vide la biométrie de sa substance.

Rien de tout cela ne laisse présager l’organisation des élections apaisées, transparentes et crédibles. Des scrutins organisés sur cette base seraient les pires jamais servis au Tchad.

Les démocrates tchadiens ont l’impérieux devoir de s’opposer à cette forfaiture, de la condamner pour exiger des élections libres, justes, démocratiques et crédibles, prenant en compte les enjeux de paix et de stabilité.

A ce titre, la CPDC exhorte tous les partenaires à œuvrer en faveur d’un processus électoral inclusif et transparent au Tchad. Elle lance un appel à la France,à l’Allemagne, aux Etats-Unis d’Amérique, à la Suisse, au Japon, à l’Afrique du Sud, au Nigeria, à l’Union européenne, aux Nations-Unies et à l’Organisation Internationale de la Francophonie et leur demande de faire preuve de fermeté, en contrepartie de leurs contributions techniques et financières, en vue d’obtenir l’organisation au Tchad d’élections législatives et municipales régulières. Tel est le vœu ardent des Tchadiens épris de paix et de justice.

Tchadanthropus-tribune

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