
14 octobre 2025 #Tchad #Culture: 12 millions pour les obsèques de Rays Kim… mais pas un sou pour le sauver
Le rappeur Rays Kim, de son vrai nom Djasrabé Kimassoum Yilmian, s’est éteint le 7 octobre. Un artiste sensible, généreux, solidaire et engagé, membre du parti Les Transformateurs et son porte-parole, mais avant tout un jeune tchadien passionné qui croyait en la force des mots et du verbe pour changer la société.
Hier, sa famille ainsi que son parti ont annoncé que ses obsèques auront lieu le 18 octobre. Le parti, lui, aurait préféré le 20 octobre, pour faire coïncider les funérailles avec la commémoration des événements tragiques du 20 octobre 2022. Un geste politique fort en guise d’hommage collectif. Une récupération, en somme. La famille, a décliné. Elle a confié les obsèques à un comité restreint dirigé par les artistes eux-mêmes, qui s’activent actuellement dans un groupe WhatsApp où une cotisation volontaire est en cours pour couvrir les frais.
Mais ce qui choque, bien au-delà de cette tentative de récupération, c’est le montant prévu par le parti pour organiser les obsèques : 12 millions de francs CFA. Douze millions !, vous avez bien lu.
Douze millions qu’on n’a pas su réunir quand l’artiste, malade, cherchait désespérément de quoi se soigner à l’étranger. Douze millions qu’il n’aurait même pas fallu atteindre pour lui offrir une chance de survie. Moins de la moitié aurait suffi pour qu’il parte se faire soigner au Bénin ou en France, comme il le souhaitait. Mais non. Les appels à l’aide n’avaient pas trouvé preneurs. Ce n’est qu’une fois mort que les bourses s’ouvrent, que la générosité se réveille, que la dignité prend des accents de mise en scène.
« Un budget de 12 millions est établi à cet effet (…), une caisse scellée sera déposée au siège dès demain, chaque membre est invité à y déposer 1 000 francs. »
On en appelle donc à la contribution de tous, non pour sauver un homme, mais pour célébrer sa mort. Quelle ironie.
Cette situation doit nous interpeller et nous rappeler l’essentiel. La vraie grandeur, c’est celle de la solidarité en vie. Pas du faste après la mort.
Et si, pour une fois, on apprenait à aimer, soutenir, aider nos proches pendant qu’il est encore temps ? RIP l’artiste!
Tchadanthropus-tribune avec TchadInfos
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