Alors qu’il cherche à accélérer le lancement du programme de Désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR) prévu par l’accord de Doha, Mahamat Idriss Déby mise sur la Suisse pour convaincre les bailleurs potentiels du projet.

Les autorités de transition tchadiennes se sont récemment tournées vers le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) suisse afin de solliciter un soutien pour l’application d’une des mesures phares de l’accord de Doha ainsi que du Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) : le programme Démobilisation désarmement réintégration (DDR).

Le sujet a été discrètement abordé lors de la visite d’une délégation helvète à N’Djamena à la fin du mois d’avril, conduite par le chef de la division paix et droits de l’homme du DFAE, Simon Geissbühler. N’Djamena souhaite que la Suisse, qui dispose d’une certaine expérience dans le domaine de la médiation sur le continent, joue un rôle de relais auprès des bailleurs afin de débloquer les fonds nécessaires à la mise en œuvre de son DDR.

Avec l’appui de Berne, la présidence tchadienne planche en parallèle sur plusieurs initiatives qui découleront de ce processus. Parmi celles-ci figure la mise en place d’un service civique censé permettre aux anciens combattants de se reconvertir dans le secteur public comme privé.

La Banque mondiale en ligne de mire

Contacté à ce sujet, le DFAE a indiqué qu’il s’employait actuellement à « évaluer la meilleure manière d’appuyer le gouvernement dans ses efforts de définition d’une série de nouvelles politiques publiques, telles qu’issues des recommandations du DNIS ».

Missionné par Mahamat Idriss Déby, dit « Kaka« , pour mener à bien le dossier, le secrétaire général de la présidence, Gali Ngothé Gatta, et ses équipes tentent d’élaborer un document de programme – prodoc – à destination d’une poignée de bailleurs. Parmi les acteurs d’ores et déjà évoqués par les autorités tchadiennes pour financer l’initiative figure la Banque mondiale.

Particulièrement active dans ce domaine, cette dernière a décaissé en janvier dernier 250 millions de dollars pour un projet de DDR en cours dans le nord-est de la République démocratique du Congo. L’Etat tchadien espère aussi accroître les participations des partenaires signataires de son Basket Fund géré par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), et dont la Suisse figure parmi les contributeurs.

Frustration des signataires de l’accord de Doha

Cette demande d’assistance de N’Djamena intervient alors que les relations entre le président Déby et les principaux partenaires occidentaux du pays, notamment la France et les Etats-Unis, se sont quelque peu tendues au cours des derniers mois, après la décision de la junte de prolonger la transition. Les autorités doivent au même moment faire face à la frustration croissante de certains leaders de l’ex-rébellion. Dans un point-presse en date du 31 mai, une poignée de signataires de l’accord de Doha ont ainsi critiqué la lenteur de la mise en œuvre de ses résolutions. 

Par ailleurs, la diplomatie qatarie qui a parrainé l’ensemble du dialogue national à Doha se montre pour le moment réticente à financer le programme DDR et attend plusieurs gages de N’Djamena à l’endroit des groupes armés (AI du 10/11/22).

Africa intelligence

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