Les traditionnels vœux du nouvel an offrent  une occasion aux divers responsables d’exprimer des souhaits et des attentes. Le président Deby n’a pas dérogé à ce rituel du 31 décembre, à la veille du nouvel an 2013. Parmi les sujets abordés dans son discours, figurent la diplomatie tchadienne et l’appel à la diaspora de mettre en valeur ses compétences au service du Tchad.  .  

 

Ces deux aspects nous interpellent spécifiquement, puisque nous les avons déjà abordés dans certains de nos articles. Nous constatons simplement que le président Deby a mis implicitement en évidence ce que nous avons toujours relevé comme insuffisances dans la politique étrangère de notre pays en général, et plus particulièrement dans  son action diplomatique.

 

Le président a évoqué la nécessité d’une présence diplomatique partout ou c’est nécessaire et le souhait de voir notre diplomatie occuper la place qui est la sienne dans la communauté internationale. Notre conviction est que la réalisation de ce vœu passe par la réalisation de l’une des recommandations que nous avons déjà formulées, à savoir la restructuration de nos représentations diplomatiques, voire même la redéfinition de leur cartographie et de leurs missions en fonction des enjeux, des défis et objectifs géostratégiques, politiques, socioculturels et économiques du Tchad.



Le président parle aussi de la question de moyens à mettre à la disposition des représentations diplomatiques. Nous l’avons toujours évoqué, mais cela reste insuffisant ; il faut en même temps assainir leur gestion et promouvoir leur rationalisation. Il a exprimé le souhait de voir notre diplomatie faire valoir la vision tchadienne du monde ; cela passe par la présence active du Tchad dans les rencontres internationales à travers une représentation institutionnelle, politique et médiatique de qualité.



Par ailleurs, les valeurs de justice, d’équité, de dialogue et de paix qui transparaissent dans son discours doivent passer du simple discours pour intégrer nos consciences et nos pratiques aussi bien au Tchad que dans nos représentations diplomatiques.



Quant à la diaspora tchadienne, nous pouvons retenir du discours du président Deby, la reconnaissance de son apport et de ses compétences, une exploitation insuffisante de ces derniers par le pouvoir, la mise à l’écart de la diaspora et l’appel aux tchadiens de l’étranger à faire confiance à leur pays.

 


La confiance, elle se gagne et se mérite. De ce point de vue, nous pensons que cette confiance viendra de l’inclusion de toute la diaspora, et non pas de quelques acteurs satellites du pouvoir et/ou en quête de leur promotion personnelle, non seulement dans le développement et l’investissement socio-économique du pays mais aussi dans la sphère politique et diplomatique.



Cette confiance viendra aussi des véritables reformes visant à promouvoir les investissements de la diaspora et à préserver ses intérêts aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du Tchad. Cela passe par des mesures d’incitation, de facilitation et de sécurisation des investissements des tchadiens de l’étranger.



Dans cette optique, d’une part, un acte légiférant et clarifiant les spécificités de la diaspora tchadienne ainsi que les facilités et exonérations qui accompagneront ses investissements au Tchad serait un premier pas. D’autre part, les contacts et le dialogue entre les représentations diplomatiques et la diaspora doivent s’ouvrir et se multiplier. Pour cela, les suspicions de certains représentants à l’égard de la diaspora ainsi que leurs pratiques malsaines et leur tendance oligarchique doivent cessées, être combattues et au cas échéant, sanctionnées.



En conclusion, la réalisation des vœux du président sur le plan de la diplomatie et de la diaspora implique que non seulement des reformes législatives soient faites, mais aussi que  la conception de la politique étrangère tchadienne et la désignation des acteurs censés la mettre en pratique et représenter honorablement le Tchad à l’étranger méritent d’être revues. Toutes les ressources mises à la disposition de ces acteurs doivent en même temps être mieux affectées,  gérées rationnellement et contrôlées rigoureusement.  



Talha Mahamat Allim


 

472 Vues

Il n'y a pas encore de commentaire pour cet article
Vous devez vous connectez pour pouvoir ajouter un commentaire