Annoncé depuis la fin des années 1990, le développement de ce petit gisement pétro-gazier est désormais entre les mains de l’ancien sulfureux gouverneur de Borno au Nigeria. La pose, le 28 octobre, de la première pierre du projet pétrolier de Sidiguidans la région du Lac Tchad, est loin de garantir son développement futur. Enquête.

Retour du gouverneur de Borno

Selon nos sources, le président Idriss Débycompte sur le concours de son ami et ancien gouverneur de l’Etat nigérian de Borno Ali Modu Sheriffpour financer en partie le développement de Sidigui. Ancien président du principal parti d’opposition People’s Democratic Party (PDP) au Nigeria, Sheriff possède déjà plusieurs permis pétroliers au Tchad via ses sociétés SAS Petroleum et Global Petroleum. L’homme politique nigérian a mis à disposition du ministère tchadien du pétrole l’un de ses frères ainsi que l’un de ses fils, Mustapha Modu Sheriff, déjà responsable de ses activités au Tchad, afin de suivre le développement de Sidigui. Le 27 juin dernier, le développement du projet a été confié à un consortium de parapétroliers chinois Blue Océan Clean Energy/Panjin Liaohe Oilfield Chenyu Group, mais reste sous la stricte supervision d’Ali Modu Sheriff. Les sous-traitants chinois doivent extraire le gaz, réhabiliter un gazoduc existant de 340 kilomètres vers Djarmaya (proche de N’Djamena) et mettre en place une usine de purification pour approvisionner les centrales électriques de la capitale. Une tâche herculéenne, qui contraste avec le bilan de ces sociétés qui n’ont jamais travaillé sur aucun projet pétrolier d’envergure en Afrique.

Déby sans le sou

Découvert dans les années 1990, ce gisement de Sidigui(15 millions de barils) dans lequel se trouvent également des volumes de gaz, a vu défiler de nombreux d’investisseurs, sans grand résultat. Du fait de la taille modeste du gisement et du coût des infrastructures, le projet n’a jamais pu être développé, malgré la qualité de son brut. En grande difficulté financière du fait de la baisse des cours depuis 2014, le Tchad compte sur les ressources de Sheriff pour financer ce chantier. Si le pays sahélien a bien reçu des promesses d’aides financières de plusieurs milliards $ lors de réunions de bailleurs organisées en septembre à Paris et à Abou Dhabi, il est encore loin d’avoir engrangé les fonds.

Un projet très ancien

Le major américaine Exxon avait été approché dès 1992 pour Sidiguidont l’objectif était, à l’époque, d’alimenter une raffinerie de 5000 b/j dans la région de N’Djamena. En 2000, la société soudanaise Concorp dirigée par un proche du président Idriss Déby, Mohamed Abdallah Jar al-Nabi, avait quant à elle construit le pipeline entre le gisement et la capitale tchadienne. Finalement jamais utilisé, il est aujourd’hui en très mauvais état. Le chantier s’était arrêté au décès de Jar al-Nabi.

Tchadanthropus-tribune

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