Adieu  »Abba Ahmat » C’est sur le post-Facebook du frère Saleh Ali Sinine que je viens de lire avec émotion la nouvelle si amère et si triste du décès de ce grand chef religieux et traditionnel qui a consacré plus de deux décennies toute ses énergies non seulement au service de la communauté Ouaddaienne mais aussi à une remarquable contribution pour la cohabitation harmonieuse et pacifique, chère à un Tchad multiculturel.  »

 

Abba Ahmat », grand baobab de la communauté Ouaddaienne vient de nous quitter à un moment où on a encore besoin de sa sagesse, de son savoir, de son courage et de son franc parler. Hélas! La décision divine est incontestablement au dessus de toutes nos aspirations et nos volontés à laquelle nous sommes constamment soumis. La mort est la destination de tout un chacun, comme le dit ce verset du Saint Coran:" Toute âme goutera à la mort". Feu Cheikh Ahmat Abakar Saleh fut l’imam de la grande mosquée de Sarh vers la fin des années 70, puis celui de la mosquée Annour (Harazaye) de N’Djamena et membre du Comité Islamique du Tchad sous la direction du défunt Imam Mahamat Badawi Awouda (1982 -1990. Il était aussi membre du Conseil Supérieur des Affaires Islamiques qu’il ne tarda pas de démissionner pour des raisons de divergences de vue. A la mort de feu Ab-Amné, ancien chef de la communauté Ouaddaienne, les ressortissants de la dite communauté le désignèrent unanimement pour leur représentation. Tâche particulièrement difficile dans un pays où les lois publiques régissant la vie nationale rangées aux calendes grecques, le chef de la communauté se trouve toujours au centre de tous les règlements de conflits sociaux et socio-politiques. Le défunt se démarqua très vite par ses actions de rechercher la justice et la vérité là où on en a besoin.

 

Il développa d’excellents rapports avec les différentes représentations de diverses communautés du pays avec lesquelles aucun compromis ne fut de trop quand il s’agissait de résoudre les différents conflits. Ses rapports avec le pouvoir se détériorèrent au lendemain du massacre des Ouaddaiens à N’Djamena en 1993 au cours duquel il fut séquestré et brièvement mis en taule. Feu Cheikh Ahmat Abakar ne s était pas imaginé qu’une telle cruauté se soit abattue sur ses parents convoqués par le soin, après l’obtention d’une autorisation du ministère de l’intérieur, à une cérémonie de sacrifices en la mémoire des victimes de Gniguilim. Depuis cette date, sa mission devient difficile car se trouvant à l’Oeil du pouvoir et face à toutes les adversités, il est toujours resté constant et fidèle de ses convictions envers son Créateur. Il apparait rarement dans des occasions à caractère politique et souvent accusé à tort par le pouvoir d’inciter ses ressortissants à la lutte armée.

 

A cette question n’a t il pas répondu un jour à Idriss Deby en lui citant le verset de la Sourate Le Pèlerinage qui dispose que  »Autorisation est donnée à ceux qui sont attaqués (de se défendre)-parce que vraiment ils sont lésés; et Allah est certes capable de les secourir-’’ (S22, V39). Ainsi se résume de façon sommaire et superficielle le parcours de cette grande figure de la communauté Ouaddaienne. Il est rappelé à Son Seigneur le mercredi 7 octobre 2015. En priant Allah le Tout Puissant pour le repos éternel de son âme, je présente toutes mes sincères condoléances à sa famille, à tous les oulémas et chefs traditionnels ainsi que les proches et lointains parents.  » A Dieu nous sommes et vers Lui nous nous retournons », qu’Allah l’accueille dans Son Prestigieux Paradis!

 

Ahmat Yacoub Adam

 

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