Il n’a pas pu résister à la tentation de consacrer tout un ouvrage pour « vanter les mérites du Chef de l’Etat, son engagement pour la réhabilitation de son pays », se délecte le site internet du Palais rose.

«Il», c’est Derlemari Nebardoum qui couvre d’éloges inattendus le président-sultan dans un opuscule intitulé : « Tchad : le Président Idriss Deby Itno : deux décennies de pouvoir » qu’il a présenté à la presse ce samedi 2 novembre dans la salle du ministère des affaires étrangères en présence d’un parterre d’officiels.

A en croire le site internet du palais, Derlemari Nebardoum vante l’effort sans précédent d’Idriss Déby durant ces 20 dernières années en particulier « la mise en place des institutions de la République, l’exploitation du pétrole » et l’inévitable « construction des infrastructures » sans cesse rabâcher comme pour se donner bonne conscience (vu le minable pillage organisé des ressources du pays).

En somme, un véritable panégyrique d’Idriss Déby à l’exemple de l’hommage trop appuyé de Ngardiguina Abdoulaye, louangeur décomplexé de sa majesté, qui, dans Le Tchad sur la voie de la renaissance (L’Harmattan, 2012), est allé jusqu’à attribuer des réalisations imaginaires (environnement, industrialisation, énergie) à son idole.

Mais qui est Derlemari Nebardoum ?

Auteur talentueux né en 1967, DN s’est fait connaître en 1998 à la suite de la publication de sa thèse de Ph.-D en Science politique, Le labyrinthe de l’instabilité politique au Tchad, édité sous forme d’ouvrage (L’Harmattan, 1998). Il y propose « le fédéralisme » comme solution au sous-développement du pays, épousant les idées de ceux qui considèrent qu’il existe deux Tchad : unTchad utile au Sud et un Tchad néant au Nord.

Son opinion semble avoir évolué depuis.

A la suite de la parution de cet ouvrage qui date d’il y a 15 ans, il aurait été, selon ses propres allégations, chaleureusement  accueilli par Idriss Déby dont il rapporte les propos flatteurs à son égard dans un second ouvrage intitulé Contribution à une pensée politique de développement pour le Tchad (L’Harmattan, 2001) : « c’est le seul cadre tchadien de l’extérieur qui s’intéresse réellement à l’avenir de ce pays. Il y en a tant d’autres, que ce soit en France ou ailleurs, mais tous sont préoccupés par leurs propres affaires ; jamais ils ne songent à apporter leurs contribution. C’est le seul cadre tchadien, répéta-t-il… c’est le seul cadre tchadien » aurait déclamé le général-président-sultan (cf. pages 15-16).

D’après celui que les journalistes du palais rose définissent  comme « un écrivain de renommée internationale », Idriss Déby aurait même recommandé à un aréopage de « mandarins » (sic) de lireLe labyrinthe de l’instabilité politique au Tchad qu’il a décrété « meilleur livre sur le Tchad » (sic) et dont Derlemari Nebardoum lui-même avoue qu’il n’en avait pas « une opinion mineure » (sic). Bonjour la modestie.

Derlemari Nebardoum nouveau thuriféraire d’Idriss Déby ? Le politologue maîtrise mieux que personne aussi bien les idées politiques que la beauté de la langue de Molière dans ses tournures les plus improbables. Il aurait pu mettre son talent au service du Tchad. Idriss Déby ne lui en aurait pas tenu rigueur. Bien au contraire. Mais  « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante » peut-on lire sur le fronton du Panthéon. En servant Déby, le politologue pense sans doute servir le Tchad. Respectons son choix de servir un homme. Jusqu’à preuve du contraire.


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