La firme familiale française Perenco travaille à écarter les sociétés souhaitant entrer dans le pays, en particulier Savannah Energy.

Le rachat des actifs de Glencore (Caracal Energy) par Perenco n’est plus qu’une question de jours. La firme familiale française entend rapidement augmenter le volume de production dans le pays (actuellement de quelque 5 000 b/j) grâce à de nouveaux investissements. Et elle ne compte pas en rester là au Tchad. Perenco souhaite ainsi pousser son avantage en gênant le rachat par Savannah Energy des actifs d’Exxon Mobil sur les blocs de Doba. Selon nos sources, l’entreprise française veut également mettre la main sur ces actifs.

Cette transaction inclurait aussi la participation d’Exxon Mobil dans l’oléoduc qui va de Doba à Kribi au Cameroun, opéré par le géant américain. Or Perenco ne veut pas dépendre de Savannah pour l’exportation de son brut. Afin de contrecarrer les desseins tchadiens de Savannah, Perenco cherche à faire passer le message selon lequel cette junior est déjà trop exposée entre ses blocs au Niger (Agadem), ses activités dans le delta du Niger au Nigeria et sa négociation actuelle pour reprendre les actifs d’ENI en Tunisie (AI du 01/11/21). Perenco compte d’ailleurs utiliser un éventuel échec de Savannah au Tchad – relativement peu probable – pour affaiblir le dossier de la firme en Tunisie avec ENI et récupérer du même coup ces blocs.

 

Qui est à la manœuvre ?

La décrédibilisation du dossier de Savannah au Tchad, comme en Tunisie, est principalement menée par l’indéboulonnable directeur du développement de Perenco, Denis Chatelan. A ce poste depuis 2016, il est de toutes les négociations. Il est devenu petit à petit – après dix-sept ans de maison – l’un des bras droits du fils du fondateur et actuel président, François Perrodo, en tandem avec le directeur général Benoît de La Fouchardière.

La relation entre Perenco et Savannah est complexe. Cadre de Perenco de 2006 à 2015 (RDC, Égypte, Venezuela), Antoine Richard a atterri chez Savannah (où il est le directeur des opérations) moins d’un an après son départ de la firme française. Or les ex-Perenco ne sont jamais bien vus par leur ancien employeur lorsqu’ils se retrouvent en concurrence directe avec lui. Le combat devient parfois, dans ces cas-là, beaucoup plus personnel.

Ce type de situation s’est déjà présenté avec Trident Energy, dirigé par l’ancien directeur général de Perenco, Jean-Michel Jacoulot. La famille Perrodo, à la tête de Perenco, fait tout pour éviter que les firmes de ses anciens poulains ne se développent. Trident Energy était d’ailleurs initialement intéressée par le rachat de Glencore au Tchad (AI du 24/09/19).

Tchadanthropus-tribune avec Africa intelligence

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