J’avais rendez-vous tôt le matin à 8h au palais du 15. J’ai traîné le soir dans mon salon pour me coucher tard me disant gaillardement que je serais non seulement au rendez-vous, mais à l’heure. J’ai psalmodié pour me convaincre d’un fort InchAllah mais Morphée avait eu raison de mon souhait et de ma prière.

8h00 j’étais encore dans mon lit à ronfler. Je me suis réveillé en sursautant. Rapidement je me prépare. Je file au palais. Ce fameux dialogue commence à me renter dans le corps.

8h 45 min. J’entre en salle, le présidium vient de s’installer….Gali est encore dans les salamalecs d’usage.

9h 22 min. Un journaliste cameraman de la télévision publique est décédé la veille. Il était là samedi. Il était bien portant. Le président Gali demande 1 minute de silence à l’assistance. Silence fut, mais Tahir Younouss n’est plus. Rien ne vaut la vie, la vie ne vaut rien disait un esprit. Je ne sais plus qui. La salle se rassit.

9h 24 min. Gali fait une mise au point. Il semble qu’il y a des participants malins qui changent de travée lorsqu’ils n’ont pas réussi à avoir la parole dans leur travée. Ils suivent le micro. Ils veulent vaille que vaille être vus à la télé, peu importe les niaiseries qu’ils diront.

9h 30 min. Le rapporteur général Limane Mahamat prend la parole pour rajouter son grain de sel sur le comportement peu orthodoxe de certains participants.

Les interventions démarrent dans la salle 400. Elles sont redondantes à mourir. Je décide d’aller faire quelques pas dans les couloirs pour accrocher des personnalités et prendre rendez-vous pour mon émission.

11h 00. Un monsieur dont je n’ai pas entendu le nom à la parole. Il se lève, se tient droit et parle d’un sujet que personne n’ose aborder : la question des castes ou les « castés ». Il est docteur. Il est issu de cette couche de la société. Il en est fier. Il dénonce les discriminations dont sont victimes ces citoyens tchadiens, moins citoyens pour d’autres. Ils sont forgerons, bouchers, charbonniers. Ce sont des hommes des petits métiers. Il demande que cela cesse. Son intervention m’a ému… mais comment croire à la justice dans ce pays lorsque même le ministre de la Justice demande justice comme l’a fait remarquer un intervenant.

12h 25 min. Un participant que je connais bien me tape dans le dos. Il se penche vers moi pour me dire à l’oreille qu’un membre du gouvernement vient de démissionner. Je lui retorque qui? Il dit « je ne te dirais pas ». J’avais envie de lui dire « cela se saura dans quelques secondes grâce au Net ». Il n’a même pas repris sa place que le démissionnaire lui-même s’auto-divulgue sur le Net. Il s’agit du ministre des Affaires étrangères Chérif Mahamat Zène. La nouvelle a fait le tour de la salle. Je lis sa lettre, il a expliqué les raisons de sa démission. Sa démission a eu un impact dans la salle parce qu’il a été le négociateur en chef de l’accord de Doha. Il s’en va parce que sur instruction du président de la transition des initiatives parallèles sont prises de manière répétitives qui entravent l’exercice de ses fonctions. Dans la salle et dans les couloirs du palais du 15-janvier, il n’y a que le nom de Chérif sur toutes les lèvres…

En après-midi les travaux ont repris sans grand enthousiasme. Ce dialogue commence à ronronner.

Bello Bakary Mana

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