La question a son sens même si la réponse paraît évidente. De Habré à Deby, la différence est celle du mentor à l’émule, du maître à l’élève. Dans cette relation dialectique où se mélangent des sentiments allant de l’admiration adorative chez l’un suscitant en lui ce constant besoin du dépassement de soi pour, au moins être à la hauteur des attentes du maître et de celui-ci à la fois de la fierté d’être celui par qui et grâce auquel l’autre est très bon tout en souhaitant ou en craignant qu’il ne fût jamais meilleur que lui. L’histoire nous a montré que trop souvent, l’élève dépassant le maître celui-ci ne cherche à s’en débarrasser. Le mythe du monstre de Frankenstein corrobore- t-il cette théorie ? Je puis me tromper. Mais on a vu récemment une telle évolution dans les rapports Wade/Sall tourné en un duel où l’inceste rivalisait au parricide. Trêve de bavardages. Idriss Deby Itno est, des élèves de Habré, le meilleur qui a su, prendre de lui aussi les meilleurs ingrédients de son système, en améliorant les méthodes pour les adapter à un environnement politique débarrassé de la stratégie bipolaire exploitée par les dictateurs Africains du 20ème siècle et devenue obsolète avec la chute du mur de Berlin et de l’URSS.

 

 

Deby a su faire du Habré sans Habré, le dépouillant de ces atours anachroniques qui égratignent la conscience d’une opinion internationale estimant avoir mis fin à la dernière forme et modèle de puissance dominatrice tyrannique au monde, après le démantèlement de l’empire soviétique. Devenir Habré en s’habillant de la robe démocratique. Se servir des lieutenants de celui-ci, ses anciens collègues : les Nouri, Abderrahmane, Gouara, etc pour asseoir et former sa nouvelle équipe, une transition de fait, garder la férule de la police d’oppression sur la population en moulant la DDS dans le gant de l’ANS, gardant près de 25 ans ses principaux agents devenus cadres formateurs et encadreurs des nouveaux agents, chargés de la surveillance et de l’oppression du peuple et de la sécurité du maître.

 

Mais l’extraordinaire réussite de IDI est la tentaculirisation du parti état. Quand Habré voulait avoir à la tête et aux plus hauts postes de l’Union Nationale pour l’Indépendance et la Révolution-UNIR des cadres d’une certaine stature, certes dévoués mais capables de donner le change avec une image de responsabilité et d’éthique affichée, Deby y a engouffré les pires voyous et crapules du pays, blanchissant des vautours et se garantissant une fidélité sans faille, de tels individus se sachant condamnés en dehors de ce système mediocratico-voyoucrate. Le « Je mange, tu manges, nous mangeons » est né. Les têtes et les noms ont changé mais le reste s’est contenté de devenir meilleur ou pire. Tout dépend du côté où l’on se trouve pour apprécier. En attendant, les enfants, remplacez les points par les mots convenables.

 

Nadjikimo Benoudjita, publication autorisée depuis Canada

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