31 janvier 2020 #TCHAD # Droits de l’homme : Encore un mort ce matin à la maison d’arrêt de N’Djamena.
On ne cessera jamais de dénoncer la situation de la population carcérale à la maison d’arrêt d’Amsinéné. Pourtant à chaque fois qu’on énumère une situation tragique avec des faits graves, on nous porte l’index de la haine, du chantage et du mensonge. Mais devrons-nous taire quand la vie d’un compatriote chavire ? Non.
Ce matin le jeune Mahamat Saleh vient d’être retrouvé mort dans la cour de la prison par les autres détenus. Ce prévenu incarcéré depuis le mois de juin 2019 pour coups et blessures volontaires réciproques n’ont jamais été présenté à un juge jusqu’à ce jour fatidique de 31 janvier 2020 où il a rendu l’âme.
Malade depuis plusieurs mois, les autorités carcérales auraient refusé de le conduire à l’hôpital.
D’après nos infos, la semaine dernière, feu Mahamat Saleh aurait apostrophé le régisseur de la prison Tahir Assileck dans la cour de la maison d’arrêt devant témoin pour lui demander quelle est la suite de son dossier en justice, mais ce dernier a refusé de lui parler.
Tellement amaigri à cause de la maladie et de la malnutrition, le jeune Mahamat Saleh serait devenu très chétif et famélique. La mort de ce jeune est plus que révoltante.
La semaine dernière, deux autres détenus étaient décédés à l’hôpital de Farcha parce qu’arrivés trop tard pour les soins à cause de la négligence et du mépris fait aux prisonniers. On se demande que font les associations de défense des droits de l’homme face à cette situation qui n’a que trop duré. Les leaders des associations de droits de l’homme comme Mahamat Nour Ibedou entre autres sont passés par cette prison, et doivent informer sur les conditions carcérales des détenus, pas ceux qui ont le privilège d’être logés à la bonne enseigne, mais de la situation générale, de ce qui incombe comme lacune par la faute de l’administration pénitentiaire ou découlant directement du ministère de la Justice.
En plus des conditions exécrables de détentions, il faut ajouter la durée. Aujourd’hui, il y a de centaines de prévenus qui ont passé entre 1 et 5 ans sans voir un juge.
Très récemment, une audience foraine a été organisée dans l’enceinte de la maison d’arrêt et a permis de libérer une centaine. Mais l’on apprend que pour avoir son nom parmi ceux qui doivent bénéficier de l’audience, il faut mouiller la barbe de certains responsables. Et ceux qui n’ont pas de moyens continuent à être privés de justice. Si cela est vrai, ce que même dans l’antre de la justice il y a de l’injustice.
Il y a un moment face à plusieurs rumeurs similaires, Idriss Déby a fait une descente dans l’enceinte de la prison d’Amsinéné, et il a vu de ses yeux l’ignominie de la justice qui gardait plusieurs détenus alors que leur sort devrait être résolu.
La rédaction persiste et signe que les autorités carcérales refusent de libérer des détenus acquittés par la justice. D’ailleurs les cas sont nombreux, comme lors de la mutinerie de la prison à Abéché où plusieurs détenus sont gardés alors qu’on avance comme argument la lenteur administrative. Des magistrats se sont prononcés là-dessus.
Aujourd’hui encore, plusieurs détenus dont la peine est finie continuent à croupir à la maison d’arrêt parce qu’ils ne peuvent avoir les moyens de corrompre. Qui décidera d’aller leur chercher leur ordre de mise ne liberté.
Alors que les prisons de Kélo et Laï sont presque vides, la maison d’arrêt d’Amsinéné est pleine à craquer avec plus de 4000 détenus. Le business des responsables et ceux qui garniront leurs portefeuilles prospéreront encore longtemps et les détenus continueront à trépasser dans les cellules comme ce jeune compatriote.