Plus de treize ans après le démarrage du Project Pétrole à Doba et dans bien d’autres champs après, le constat reste amer : pas un transfert concret de  technologie et de savoir à la ressource humaine locale.


Les sociétés étrangères de tous les secteurs confondus ont l’habitude de reprendre le même refrain hypocrite, quand elles s’installent au pays, qui est celui de consolider et prioriser la compétence  locale mais, une fois leur licence et autre paperasse en main, elles usent de tout ce qu’elles disposent comme influence et tout ce qu’ elles connaissent comme ruse pour tourner en rond nos somnolent département ministériels en les bourrant avec des statistiques trompeuses qui exhibent, en termes de pourcentage,  une grande part qu’elles prétendent réserver aux nationaux. Or, ces statistiques n’indiquent en réalité pas les catégories de postes qu’occupe cette main d’œuvre local car ces sociétés ont tendance à placer les nationaux dans les départements de support et réserver le cœur des opérations aux expatriés, qui partiront un jour avec leur savoir.


Qu’est-ce qu’en fait un département de support et un département clef ? Un département de support au sein d’une entreprise c’est celui qui s’occupe directement de l’objectif premier de l’entreprise, tandis qu’un département de support vient en assistance pour le premier pour lui faciliter les taches.


Les organisations étrangères opérant au Tchad ont l’obligation de responsabiliser les nationaux dans tous les départements, sans exception, et essentiellement au centre des opérations.


Chaque spécialité est clé dans sa propre entreprise. Ainsi, les ingénieurs de télécommunication doivent avoir un traitement spécifique au niveau de société de téléphonie ; les financiers au niveau des banques, les médecins dans les hôpitaux, les logisticiens aux seins des sociétés de logistiques, les pétroliers dans le secteur du pétrole et ainsi de suite.


Pour ce qui est en effet du pétrole, faisons d’abord la différence entre ces différents types de travailleurs du  secteur. Il y a ceux qui travaillent dans les institutions étatiques, c’est-à-dire, le ministère de pétrole et la SHT et ceux qui travaillent dans les compagnies étrangères aux seins desquelles on distingue les compagnies Pétrolières (comme ESSO,) qui détiennent des permis d’exploitation des blocs et les sociétés de services (comme Schlumberger) qui fournissent des services technologiques aux premières.


Au niveau du ministère du pétrole, on trouve des techniciens du pétrole qui, nécessairement, ont une certaine expérience dans la gestion de paperasse, de contrôle ou de régulation et quelques expériences passives sur terrain.


La SHT qui est sensé un jour nous produire du pétrole passe pour le moment, par manque d’expérience active sur terrain, pour un ministère bis de pétrole.


Au niveau des sociétés des services pétroliers comme Schlumberger, Weatherford et Baker Hughes, même si on a quelques Tchadiens occupant des postes d’ingénierie de haut niveau, ça été là, ici et ailleurs, les promotions restent toujours lentes comparées à d’autres pays comme le Nigeria.


Mais c’est surtout dans les sociétés pétrolières comme Esso, Glencore, United Hydrocarbon et CNPC que se joue l’avenir de l’autonomie intellectuelle en matière de Pétrole au Tchad, car si jamais un jour on montera une société pétrolière opératrice (pas récolteuse de l’argent de vente de brut comme la SHT), c’est surtout de l’expérience de Tchadiens qui travaillent dans ces sociétés-là qu’on ferait recours en premier pour investiguer le sous-sol, discuter avec la population locale, estimer le réservoir du pétrole, évaluer les risques environnementaux, forer les puits, produire le pétrole, le transporter, le vendre, gérer le revenu et ainsi de suite.


Mais aujourd’hui, après 13 ans d’exploitation les tchadiens sont toujours relégués, au niveau des sociétés pétrolières comme Esso, Glencore, United Hydrocarbon et CNPC aux postes soit de managers administratifs (DG, DRH, DF etc.) ou (rarement) de manager de support (Manager de logistique, Manager d’Informatique), mais  jamais des managers techniques (Directeur des opérations, Manager de forage, Manager de production etc.), à la différence des pays comme le Nigeria ou on peut trouver une société a presque 100% locale.


Oui comment confier un jour la direction de ces fonctions (Exploration, Forage, Réservoir, Production, Transport de brute etc.) a un ingénieur tchadien, quand ces derniers sont démotivés par des formations inappropriées, des promotions très lentes, des salaires pas assez compétitifs ? Ils sont au contraire découragés et poussé à changer vers de départements de support, plus faciles à gravir les échelons aux grand dam de l’avenir technologique du Tchad. D’autres ingénieurs sont obligés de quitter prématurément pour d’autres pays. Prématurément car, contrairement à ce que pensent les gens,  ailleurs ils auraient moins de chance de grimper les rangs que les nationaux.


A la CNPC n’en parlons même pas, pour économiser de temps. La
ba, tous les détails importants sont gardés jalousement entre chinois. On se demanderait même si on est en chine ou au Tchad.


La responsabilité revient en grande partie à l’Etat en général et au ministère de pétrole et celui de la fonction publique à travers ces antennes ONAPE et Inspection de Travail.


Ces institutions n’arrivent toujours pas à formaliser clairement leurs exigences en terme de nationalisation de postes et les expatriés profitent de ce manque d’objectif standardisé pour faire ce qui leur semble bon.


Certaines sociétés par exemple ont adopté un budget annuel de formation qui devient lui-même un obstacle pour la promotion des locaux des départements très techniques tels que le Forage, la Complétion, l’Exploration et l’Ingénierie de Réservoir. Dans ces départements, pour évoluer il faut nécessairement passer certains  testes, et pour passer ces tests il faudrait faire une multitude de formations. Mais le budget annuel de formation convenu entre certaine société et l’état ne permettrait pas d’assurer proprement les frais des formations requises. Il serait donc plus prudent au gouvernement d’exiger la promotion de ces citoyens en termes de résultat et non en termes de moyen. Ça serait à ces entreprises de se débrouiller pour donner des formations adéquat pour atteindre ce résultat, c’est a dire les postes convoités.


Chers Ministres du pétrole, et de la fonction publique,

Chers directeur de l’ONAPE et Inspecteur de travail,

Comment voudriez-vous donc un jour pou voir exploiter notre pétrole avec nos propres ressources musculaires et cérébrales quand après 13 années d’histoire pétrolière, le cœur des opérations nous échappe complètement.

 

Daniel le pétrolier

 

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