
4 juillet 2025 TCHAD | Éditorial : Le respect du Chef de l’État n’est pas une option.
Depuis l’accession au pouvoir du président Mahamat Idriss Deby Itno à la tête du Tchad, un phénomène inquiétant se répand comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux : l’irrespect décomplexé, l’insulte facile, la calomnie gratuite.
Jamais un chef d’État tchadien n’a été à ce point pris pour cible par des propos dégradants, humiliants, parfois même obscènes. Il ne s’agit pas ici de critiques politiques argumentées ou de revendications populaires formulées avec hauteur. Non. Il s’agit d’un flot d’injures, souvent personnelles, souvent infondées, lancées au nom d’une « liberté d’expression » que beaucoup confondent avec un permis de diffamation.
Il faut dire les choses clairement : le président Mahamat Idriss Deby Itno n’est pas un internaute lambda. Il est le Chef de l’État, démocratiquement élu en 2024 à l’issue d’un processus électoral transparent qui a vu le retour à l’ordre constitutionnel et la mise en place de la 5e République.
Avant cela, il a assumé avec gravité la responsabilité du Conseil Militaire de Transition (CMT) après la mort de feu le Maréchal Idriss Deby Itno, dans un contexte sécuritaire et politique explosif. Pendant trois années, il a tenu la barque d’un pays menacé d’implosion, sans céder à la facilité ni à la vengeance.
Il a initié les accords de Doha, réunissant l’écrasante majorité des groupes politico-militaires autour d’une table, dans une logique de paix. Il a permis le retour des exilés politiques, des activistes, de ceux qui avaient pris les armes ou la parole contre le régime de son père. Il a organisé un Dialogue National Inclusif qui, pour la première fois, a rassemblé toutes les composantes de la société : civils, militaires, religieux, chefs traditionnels, jeunes, femmes, diaspora.
Et plus encore, dans un geste rare, il a demandé pardon au nom des précédents chefs d’État.
Par souci d’ouverture, il a permis la reconnaissance légale des Transformateurs, mouvement politique longtemps interdit, et tendu la main à son principal opposant, Succès Masra, qu’il a nommé Premier ministre.
Quel autre chef d’État dans la sous-région a montré un tel sens de l’apaisement ? Un tel sens de la continuité sans esprit de revanche ?
Et pourtant, c’est lui qu’on insulte aujourd’hui sans retenue.
Non, insulter un Président n’est pas un droit. C’est une faute.
Ceux qui se targuent de liberté d’expression oublient que cette liberté s’accompagne d’un devoir : celui de respecter les institutions, les personnes qui les incarnent, et surtout la fonction présidentielle.
Dans toutes les démocraties du monde, l’atteinte à l’image ou à l’honneur d’un chef d’État est un délit. Ce n’est pas une atteinte à la liberté. C’est une barrière posée pour éviter le chaos.
Il ne s’agit pas ici de faire de Mahamat Idriss Déby Itno un homme au-dessus de tout. Il est critiquable. Il peut être interpellé. Mais il doit l’être avec discernement, avec dignité, et sur la base de faits réels.
Pas sur des rumeurs. Pas sur des attaques vestimentaires. Pas sur des montages photo ou des diffamations visant à rabaisser l’homme plutôt que d’élever le débat.
Cette génération de micro-influenceurs et de pseudo-analystes qui se croient journalistes parce qu’ils ont un smartphone et un compte TikTok, ferait mieux d’apprendre l’éthique. Celle qui distingue la critique utile de l’injure publique. Celle qui préfère l’argument à l’humiliation.
Rappelons aussi que la religion interdit formellement la médisance, la calomnie et l’insulte publique.
Être opposant n’autorise pas à être injurieux. Être frustré politiquement ne donne pas le droit d’avilir son président.
Et être citoyen n’exempte pas du respect qu’on doit à la nation, à ses symboles et à ceux qui la dirigent, quel que soit leur bord.
Ceux qui n’ont pas voté pour le président Mahamat Idriss Deby Itno ont le droit de ne pas l’apprécier. Mais ils ont aussi le devoir de reconnaître la légitimité d’un scrutin, et de respecter l’autorité qui en est issue.
C’est cela, la démocratie : le pluralisme, la cohabitation pacifique des désaccords. Pas le désordre, pas la haine, pas l’acharnement personnel. Ce n’est qu’à ce prix que notre pays pourra mûrir politiquement.
Respecter le Chef de l’État, ce n’est pas flatter l’homme. C’est protéger l’institution. C’est refuser la violence verbale qui mène toujours, un jour, à la violence physique. C’est, enfin, une preuve d’intelligence nationale.
Car ceux qui croient gagner en popularité en insultant le président d’une République oublient qu’ils creusent la tombe de leur propre crédibilité. En définitive, la critique est un droit. L’opposition, une nécessité dans toute démocratie vivante.
Mais l’insulte, la calomnie, la moquerie gratuite ne sont ni des arguments ni des actes citoyens. Ce sont des failles morales.
Il est temps que les Tchadiens fassent la distinction entre liberté d’expression et licence à l’outrage.
Il est temps que chacun, derrière son écran ou dans l’espace public, se rappelle que la République se construit avec des idées, pas avec de la haine.
Respecter la fonction présidentielle, ce n’est pas renier son droit à la critique.
C’est affirmer sa maturité citoyenne. C’est comprendre que les institutions appartiennent à tous. Que l’image du Chef de l’État, au-delà de sa personne, incarne celle du Tchad dans son ensemble.
Ce pays n’a pas besoin de plus de mépris, mais de plus de hauteur.
Il n’a pas besoin de plus de divisions, mais de plus de lucidité.
Et surtout, il n’a pas besoin de héros en ligne, mais de citoyens responsables.
Le respect, la rigueur et le discernement ne sont pas une soumission.
Ce sont les piliers d’une nation qui veut grandir.