Changement climatique, conflits fonciers, tensions frontalières… Les défis des activités agro pastorales au Tchad comme dans l’ensemble du Sahel sont nombreux. Des réflexions sur l’avenir de la transhumance et de l’élevage sont régulièrement menées. Le gouvernement souhaite améliorer la filière avec l’aide des organisations du secteur. Une filière qui pèse près d’un tiers de la richesse nationale, le Tchad est en effet l’un des plus gros exportateurs de viande en Afrique.

« L’année s’annonce mal. » Mahamat Sani est éleveur dans la région de Mao : « Il n’y a pas de foin, il n’y a pas de pâturage. Les animaux ont faim. Les animaux sont maigres. C’est difficile d’amener les bêtes à l’extérieur. À la frontière, on a peur de la sécurité avec les pays voisins. »

Les éleveurs rencontrent des difficultés récurrentes. C’est pourquoi le Centre de coopération internationale en recherche agronomique a fait des projections allant d’une situation sans changements à la provocatrice réorientation vers le poulet. « Ces scénarios sont là pour donner une visibilité aux politiques, explique Guillaume Duteurtre, chercheur au Cirad, pour se rendre compte que des choix sont possibles, que l’avenir n’est pas écrit, qu’il dépendra très fortement des choix politiques qui seront faits à des niveaux nationaux, régionaux et à des niveaux beaucoup plus locaux dans la gestion des territoires agro-pastoraux. »

« Ces textes ne sont plus en phase avec la réalité »

Du côté des autorités tchadiennes, les choix politiques sont clairs : « L’élevage au Tchad est d’une importance capitale. On a intérêt d’abord à ce que les activités agro-pastorales vivent au Tchad dans l’avenir. Nous n’avons pas d’autres alternatives ou de vision que de faire en sorte que ces activités survivent. »

Pour Haroun Moussa, secrétaire général du ministère de l’Élevage, l’une des priorités pour améliorer la situation est l’élaboration de textes adaptés au contexte pastoral : « Il ne faut pas qu’on oublie que la loi 04 de 1959 régit l’élevage de 2021 ! Nous estimons qu’aujourd’hui, ces textes ne sont plus en phase avec la réalité. »

Ahmat Adoum Abdoul Fathi, le secrétaire général des organisations professionnelles des pasteurs et acteurs de la filière bétail au Tchad, soutient l’idée de nouveaux textes : « Depuis toujours, les éleveurs et surtout les éleveurs transhumants, sont oubliés par rapport à l’élaboration des textes des politiques. Pour sécuriser ces systèmes-là, il faut d’abord commencer par la sécurisation du foncier pastoral. Des textes qui sécurisent les mouvements, qui sécurisent les parcours mais qui donnent aussi le droit aux éleveurs à l’accès aux espaces pastoraux. »

Au Tchad, l’élevage contribue à plus d’un tiers du produit national brut.

Tchadanthropus-tribune

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