Le défi présent du Tchad, c’est celui de se sortir de l’impasse politique et se tenir dans un cadre constructif. Parce que l’impasse prescrit assurément des crises et potentiellement des guerres fratricides. Parce que le Tchad est sur une trajectoire de collision. Parce que l’amour de la patrie sert à autre chose qu’à foncer dans le mur !
            
Les conséquences des crises politiques, sociales et économiques ont un seuil à partir duquel le peuple qui en subit traitera indistinctement les acteurs politiques. Les dynamiques environnantes évoluent, il faut donc évoluer.  

 

UN CONTEXTE COMPLEXE ET INSTABLE

            
Hier, les menaces étaient visibles et lisibles. Aujourd’hui, les menaces sont visibles, mais quasiment illisibles tant pour l’œil exercé que pour l’œil politiquement profane.
 

            
Les perspectives mondiales ne sont pas brillantes : turbulences sécuritaires au Proche Orient, flottements politiques en Europe, foyers de déstabilisation en Afrique, tensions en Asie,  crises sociales et morales en Amérique, perturbations géostratégiques à coups de guerres et de déstabilisations partout. 
 

            
De surcroit, l’Afrique entière est déjà en guerre démilitarisée permanente : guerre de l’information et guerre économique en termes d’efforts pour tirer profit ou conserver des matières premières face à des stratégies spoliatrices de ressources rares.
 

            
Pour le cas du Tchad, l’addition se corse avec les crises sociales, les crises politiques postélectorales de la présidentielle du 10 avril 2016 et les menaces protéiformes dans les zones péri-tchadiennes. Ces aléas sont rehaussés par l’absence d’une structure de sécurité collective efficace et opérationnelle dans la sous-région de l’Afrique centrale. 
 

            
Le potentiel de conflit augmente. Les conjonctures intérieures et extérieures, indépendamment des vœux des Tchadiens, placent le Tchad sur une trajectoire de collision.
 

            
Les acteurs politiques sont obligés d’admettre que s’ils ne maitrisent pas les contours des contentieux et les effets des frictions pour redonner de l’espoir aux Tchadiens et particulièrement aux jeunes, ces derniers iront chercher espoirs et rêves auprès des vendeurs d’illusions qui se hâteront de les saturer des pulsions subversives. En clair, il y a nécessité de limiter les effets des querelles politiques qui affectent négativement les Tchadiens.

 

ÇA PREND DE L’INTELLIGENCE POLITIQUE POUR SORTIR DE L’IMPASSE

            

La combinaison hautement toxique des crises sociales, des crises politiques et des risques sécuritaires dans un environnement mondial instable appelle un cadre d’intelligence, d’anticipation et de dialogue qui transcende les clivages et les logiques de blocs. 

 
Nous faisons appel à l’intelligence politique avisée de toutes les actrices à savoir la majorité présidentielle, l’opposition démocratique civile, la société civile et la diaspora.

 
Pour ce qui est de la majorité présidentielle, la nécessité de sortir de l’impasse pour embrasser un schéma républicain s’explique facilement : la force peut imposer une chose, mais elle ne peut pas légitimer la chose qu’elle impose. C’est pourquoi, il faut sortir des limites de la force des bras pour saisir les opportunités du dialogue constructif qui participent de la force d’esprit.

 
En ce qui concerne l’opposition démocratique civile et la société civile, les faits se campent solidement devant nous et témoignent que les postures et les rigidités ne sont pas de l’ordre des solutions attendues par les Tchadiens pour surmonter les crises sociales et poser la référence d’un nouvel ordre démocratique.

 
Nous ne pouvons pas nous complaire dans les tergiversations politiciennes, dans la constance des postures qui ne résolvent rien ou encore dans le fétichisme des dénonciations routinières parfois ennuyantes.

  

Quant à la diaspora, elle a le potentiel d’être une force de réflexions, de propositions et d’élévation des débats, en plus de mettre au service du pays ses expériences pratiques acquises à l’international. Elle doit veiller à ne pas tomber dans les stérilités (ou se fixer sur des idées naines) afin d’exploiter son potentiel, son intelligence politique et assumer ses responsabilités citoyennes. Il est vrai que certaines carences isolées sont tenaces et se déversent dans l’espace public. Mais, ces déficiences ne caractérisent que quelques éléments qui ne ressemblent qu’à eux-mêmes.  

     
La lumière jaillira du coup d’audace des acteurs et de leur intelligence politique déployée pour chasser l’obscurité de la croyance aux fatalités, de la tentation subversive, du désespoir, du doute et des postures retardataires.


OSER UN SCHÉMA NOUVEAU

 
Il faut oser un schéma républicain qui tient le Tchad dans un cadre constructif et fidèle aux principes démocratiques. Certes, c’est difficile, mais il faut continuer à progresser (par le dialogue) vers une finalité qui donne aux principes d’égalité,  de solidarité et d’inclusion une traduction concrète dans le réel social.

 
Le Tchad a besoin des repères partagés qui s’émancipent des clivages, des luttes, des victoires ou des défaites politiques. C’est là que réside la stabilité qui n’est pas une absence d’hostilités, mais ne solidité des valeurs et des repères partagés.

 

L’esprit qui sous-tend le dialogue que nous soutenons est celui du dépassement. C’est-à-dire la nécessité de dépasser en tout temps les  difficultés et les crises. Autrement dit, refuser la fatalité, la vaincre par l’intelligence politique et rejeter l’enfermement. Le Tchad que nous aimons, c’est le refus constant de stagner.

 

Nous sommes conscients qu’il y a des risques que la mauvaise foi remporte sur la sincérité patriotique. Mais il faut quand même oser le dialogue parce que le risque de l’audace est préférable à l’aridité de l’impasse. Parce que les Tchadiens attendent et nous regardent. Parce que nous n’allons pas nous enfermer par peur d’être trompés. Parce que l’impasse est déjà une tromperie et une erreur.

 
La responsabilité commande que les acteurs politiques s’émancipent des intérêts de leurs partis pour tenir le discours de l’espoir, pour impulser une dynamique républicaine de sortie de crise et s’accorder sur le fait que les grands pans qui fondent le Tchad pacifique s’entendent au sens de sa restauration démocratique, sa sécurité, sa stabilité, son intégrité territoriale, sa politique d’inclusion, son indépendance, sa cohésion sociale, son ouverture au dialogue et ses valeurs républicaines. 

     

         Nous invitons le Chef de l’État et les opposants à essayer le mieux, à aller vers le mieux.

 

          Le Tchad d’abord !  Le Tchad d’abord !  Le Tchad d’abord ! Tel est le refrain du chant patriotique que nous entonnons.

 

Joe Al Kongarena                                  

joe.alerte@gmail.com

 

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