Nommé par Mahamat Idriss Déby en novembre 2022, le nouveau directeur des douanes, Ahmat Abdelkerim, a pour mission de sécuriser rapidement les recettes douanières du Tchad, principale entrée fiscale du pays. Sous l’œil attentif du FMI, cet ex-cadre de Bolloré veut s’inspirer de l’expérience nigérienne.

Ses premiers pas ont été scrutés autant à N’Djamena qu’à Washington. Le nouveau directeur des douanes tchadiennes, Ahmat Abdelkerim, vient d’effectuer une visite au Niger qui veut donner le ton de son ambition : s’inspirer d’un pays voisin aussi enclavé que le Tchad, mais qui parvient à mobiliser deux fois plus de recettes douanières. Les douanes tchadiennes sont parmi les moins performantes de la sous-région.

Pour cela, plusieurs scénarios sont sur la table : l’instauration d’un guichet unique pour le dédouanement des automobiles, l’une des principales importations du pays, ou encore la mise en place de logiciels de traçabilité douanière, parmi les plus utilisés au monde. Ces outils devraient être déployés d’ici à la fin de l’année 2023. Le FMI et la Banque mondiale mettent la pression sur N’Djamena pour que le Tchad réforme son système douanier, dont les recettes représentent 20 % du budget de l’Etat. L’objectif est de dépasser les 100 milliards de francs CFA en 2023, soit 150 millions d’euros.

Diversification des circuits d’approvisionnement

Tchad et Niger ont signé un protocole d’accord pour accentuer la coopération douanière. N’Djamena souhaite intensifier les approvisionnements via son voisin de l’Ouest et le port de Cotonou. La plupart des routes commerciales utilisées par le Tchad passent actuellement par le port de Douala et le Cameroun, et, dans une moindre mesure, par Port-Soudan.

Or, les marchandises qui transitent par ces deux corridors ont connu d’importantes hausses des prix l’an passé, conséquence lointaine de la guerre en Ukraine. Autre raison qui pousse le Tchad à diversifier ses voies d’approvisionnement : l’incertitude entourant un scénario de succession au Cameroun à court ou moyen terme, susceptible de fragiliser la chaîne.

Un profil inhabituel de technicien

Ahmat Abdelkerim connaît bien le Niger. Il y a travaillé durant vingt ans pour Bolloré Logistics. Il était depuis 2021, directeur de la région de la Corne pour le groupe français quand, en novembre 2022, lors du sommet de l’Union africaine (UA) à Niamey, le chef de l’Etat tchadien, Mahamat Idriss Déby, lui a proposé la direction des douanes. En amont de son arrivée dans la capitale nigérienne, Mahamat Idriss Deby avait ordonné à l’ambassadeur du Tchad au Niger, Ousmane Sogui Koko, de réunir les CV de tous les membres de la diaspora tchadienne à Niamey.

Son profil de technicien a surpris, tant ce fauteuil est convoité. Son prédécesseur à ce poste, Abdoulaye Tahiro Dabou, n’avait tenu que cinq mois avant d’être remercié.

Ahmat Abdelkerim est originaire de la région du Kanem, frontalière avec le Niger, d’où sont traditionnellement issues les plus grandes familles commerçantes du Tchad, dont il fait lui-même partie.

Tchadanthropus-tribune avec Africa intelligence

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