Cela est bien probable. En inscrivant 1 point contre le Silly national de Guinée, le 15 novembre 2020 au stade Idriss OUYA, les SAO ouvrent enfin leur compteur. Un résultat qui arrive après 2 défaites aux matchs allés, contre la Namibie (1-0) et le Mali (2-0). Ces défaites ont pesé dans le non renouvellement du contrat de l’entraineur français, Emmanuel TREGOAT. Les tchadiens s’attendaient à mieux, au vu du match allé contre la même équipe, perdu par un score étriqué de 1à 0.

Ce premier résultat nul, confirme le début promoteur et justifie la confiance accordée à l’entraineur intérimaire tchadien, M. Djimta YAMTAMADJI, recruté pour une période de 6 mois. Mais, au regard du classement de la 4ème journée : Mali 10 points ; Guinée 8 points, Namibie 3 points ; Tchad 1 point, il sera difficile d’espérer la qualification. Toutefois, une remonté dans le classement final est possible. A la seule condition d’obtenir un résultat largement favorable à N’Djaména contre la Namibie, le 22 mars 2021, et un nul éventuel contre les Aigles du Mali à Bamako, le 30 mars 2021.

Ce classement provisoire des SAO dans cette phase éliminatoire de la CAN 2021, tombe mal pour la FTFA dont l’A.G. élective est prévue le 12 décembre 2020 à N’Djaména. Son organisation est contestée par l’un des candidats, un ancien vice-président révoqué, dont le dossier de candidature est invalidé. L’intéressé aurait saisi, semble-t-il, le Tribunal Administratif du Sport (TAS), un organe juridique de la FIFA. Il est bien dommage qu’il n’y est pas d’autres candidatures que les 2 déclarés, offrant ainsi un large choix aux électeurs.

Par ailleurs, des voies se lèvent çà et là, à l’intérieur du pays, comme au sein de la diaspora qui créa à cet effet, une plateforme dénommée « la voix du sport tchadien », pour dénoncer la candidature du bureau sortant, objet de toutes les critiques. Seule candidate à sa propre succession, l’équipe dirigeante prend le risque de cristalliser toutes sortes de rancœurs, fondées ou non, n’épargnant malheureusement, aucun de ses membres et portant, entre autres, sur les points ci-après :

  • Les résultats décevants des SAO, toutes catégories confondues, ainsi que ceux des clubs engagés dans les coupes africaines, tout le long du mandat ;
  • Une gestion peu orthodoxe et dénuée de toute transparence ;
  • Une gouvernance peu démocratique, fermant la porte à toute innovation et alternance ;
  • Une léthargie et une cécité qui empêchent toute innovation du football tchadien ;

Invité du journal télévisé du 20/11/2020, le ministre de la jeunesse et des sports, M. ROUTOUANG Mohamed Christian N’NDONGA, apprécie à sa juste valeur le résultat des SAO à N’Djaména, contre la Guinée et se félicite du début de coaching du technicien tchadien. Interrogé sur la prochaine A.G. élective de la FTFA, il indique qu’il ne prendrait pas le risque de s’immiscer dans les affaires de la fédération. Cependant, Il appelle les participants à plus de responsabilités et n’interviendrait qu’en cas de difficultés.

Au Tchad comme ailleurs en Afrique, le contrôle de la fédération de football, n’est plus une affaire des simples bénévoles, amoureux de ce sport. C’est, de nos jours, un enjeu de pouvoir hautement politique et stratégique, pour exemple : les interventions régulières du président Paul BIYA du Cameroun voisin, dans les conflits du football. Il serait donc naïf de laisser croire que cela indiffère les plus hautes autorités, et notamment le maréchal du Tchad, 1er sportif. Car, malgré ses multiples occupations et dossiers prioritaires, il entend tout et voit tout.  Et de ce fait, il est seul capable de mettre un terme aux ambitions cachées des « pseudos bénévoles », agrippés au sport tchadien.

La longévité de fonction de directeur des sports, voire même de ministre en Afrique, est souvent liée aux résultats de l’équipe nationale de football. Car, par la popularité, l’honorabilité et avantages qu’il offerte à ses pratiquants et dirigeants, ce sport est un miroir aux alouettes. Il est par ailleurs, un trublion difficilement maitrisable, par l’autorité de tutelle qu’exerce le ministre des sports sur les différentes fédérations sportives.

Le manque d’expérience dans ce domaine très technique, l’absence d’une politique sportive affichée, avec des objectifs autres que celui de faire retentir l’hymne national et hisser le drapeau tchadien à l’international, les obstacles divers et peaux de banane, mais aussi les faux pas, constituent les difficultés majeures, pour l’exercice de la lourde mission confiée à ce jeune ministre.  D’où la nécessité pour le gouvernement d’organiser ces états généraux de sport, une promesse du chef de l’état, attendue par tout le mouvement sportif tchadien.

Le maréchal du Tchad a toujours clamé haut et fort, sa volonté de miser sur la jeunesse. Un pari audacieux qui implique une attention particulière et un soutien de tous les instants au ministre ROUTOUANG Mohamed, pour l’exercice de ses fonctions. Car, lui confier cette tâche difficile de relever le sport tchadien, en proie aux multiples problèmes de gestion, d’organisation, de structures de pratique et de respect de l’autorité, est certes, une confirmation de cette volonté. Mais cela nécessite aussi un soutien de tout le gouvernement et de son chef. Autrement, il serait illusoire d’attendre un résultat probant et satisfaisant. Et auquel cas, tout échec sera considéré par certaines mauvaises langues, comme celui de la jeunesse, pour son manque d’expérience et son incapacité.

Il n’est donc pas surprenant de remarquer le fléchissement des ardeurs du ministre qui pourrait se sentir seul, à gérer et administrer un département à problème. D’où cette prudence qui tranche avec ses débuts, un signe pour rassurer la FTFA et les instances du football international : CAF et FIFA.  Mais, cette posture ne le met pas à l’abri de la déception et des critiques sévères, parfois infondées, de ses camarades jeunes qui ont applaudit et soutenu ses premières prises de positivions. Ces réactions laissent supposer, qu’il subirait sans doute, des pressions le contraignant à regarder impuissant, la scène qui se jouerait autour de cette A.G. élective de la FTFA, loin des intérêts du football tchadien.

Le statut de la FIFA stipule en ses articles : 41 points i, que les associations membres doivent diriger leurs affaires en toute indépendance et veiller à ce qu’aucun tiers ne s’y immisce ; 19, chaque association membre doit diriger ses affaires en toute indépendance sans l’influence incluse d’un tiers. Ces dispositions constituent certes, une barrière à toute ingérence des pouvoirs publics, notamment le ministère des sports. D’ailleurs, un de ses représentants y veillera par sa présence à cette A.G. qui donnera certainement, son quitus au bilan du bureau sortant.

État indépendant et souverain, le Tchad dispose de ses propres lois et règlements, de sa politique nationale de développement et de promotion de tous les sports. Et cela, les instances du mouvement sportif international doivent le savoir. L’acceptation comme membre affilié à la CAF et à la FIFA, de la Fédération Tchadienne de Football Association (FTFA), créée, reconnue et jouissant d’une délégation de pouvoirs de l’état tchadien, représente un honneur et une reconnaissance pour le Tchad et pour son football, sur le plan international.

Mais, la FTFA est d’abord et avant tout, une association de droit tchadien. Et comme telle, elle ne peut se soustraire au contrôle et évaluation de ses activités par le ministère des sports, surtout qu’elle bénéficie des aides diverses et subventions de l’état. Quelques soient l’intérêt et l’importance des rapports de partenariat établis avec la FIFA, ils ne peuvent se situer au-dessus de ceux du Tchad qui exerce en toute indépendance, son autorité sur toutes les fédérations sportives nationales, régies par ses propres lois et règlements, pour développer et promouvoir leur sport.

La nouvelle équipe issue de l’A.G. élective de décembre 2020 qui se mettra en place, aura la lourde mission d’appliquer le programme sur lequel elle est élue, en commençant par procéder à un véritable état des lieux. Le combat pour relever et sortir le football tchadien de sa longue torpeur, sera difficile. Heureusement que, les prochaines échéances des compétitions internationales se situent beaucoup plus tard : 2024 pour la CAN, et 2026 pour la Coupe du Monde.

Ce temps pourrait être mis à profit et utilisé judicieusement, pour envisager la refondation du football tchadien et jeter les nouvelles bases pour son organisation et son développement. La rhétorique de « la formation des jeunes à la base », dont beaucoup ignorent les tenants et les aboutissants, doit cesser d’être un effet d’annonce pour devenir une réalité.

Maintenant que l’espoir de qualification des SAO pour la CAN 2021 étant presque impossible, il ne reste pour le football tchadien et les SAO, que de miser sur une sortie honorable de cette compétition. Un chalenge que peuvent relever les joueurs et l’encadrement technique des SAO. Mars 2021, c’est dans un peu plus de 3 mois. D’ici là, la priorité doit être accordée à la préparation de l’équipe. Il est à espérer qu’elle se donnera à fond sur ces deux derniers matchs pour obtenir un résultat final qui la réconcilierait avec ses supporters et avec tous les tchadiens.

BANGALI DAOUDA Boukar

Ancien professeur de sport

Bureau d’Etude et Conseils en Sport

Email: b.daouda87@yahoo.com

Tel :   +336 13 82 96 26

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