Le président TOMBALBAYE remettant la coupe au capitaine (Daouda KOLAS) de l’équipe gagnante d’AS Police

Dans son discours de clôture du championnat de football dit « national », lu avant la finale opposant AS Santé d’Abéché au Tout Puissant ELECT Sport de N’Djamena, Mme MOUDEINA, présidente du CONOR, a plaidé pour la remise à l’ordre du jour la Coupe du Tchad. Elle est même revenue sur l’idée lors de sa conférence de presse du 06/08/22, se félicitant de l’instruction donnée par le chef de l’état, indique-t-elle, pour son organisation.

La coupe du Tchad est une compétition officielle de la FTFA, reconnue et célébrée par les différents présidents de la république. Elle constitue un critère de participation à la coupe de la Confédération Africaine de Football (CAF) pour le club vainqueur du trophée. Elle est organisée parallèlement au championnat tous les ans. Ouverte à tous les clubs affiliés, elle donne la chance à ceux du niveau inférieur de prétendre participer à la coupe africaine.

Son origine remonte à l’époque coloniale, période dans laquelle l’administration encourageait le développement de la pratique sportive dans les garnisons militaires, mais également dans les établissements scolaires et les clubs civils de Fort Lamy, d’où son nom initial de « coupe du gouverneur ». Il était même de tradition, comme disait M. Jean ALINGUE, acteur encore vivant (gardien de but à l’époque), que le club vainqueur va présenter le trophée au sultan Chérif KASSER qui représentait l’autorité morale de la ville.

Avec l’indépendance, la coupe changea d’appellation et prit d’abord le nom de : « coupe de l’indépendance ». Puis elle fut rebaptisée dans la ferveur de ces années 60, du nom du 1er président du Tchad : « coupe François TOMBALBAYE ». Ce fut aussi le cas de quelques édifices comme : le stade municipal et le 1er  lycée féminin de Fort Lamy. Les pionniers et témoins actuellement en vie comme : M. J. ALINGUE et M. Ali KEKE, athlète (coureur de 100 et 200 m), enseignant d’EPS au lycée Jacques MOUDAÏNA de Bongor, et ministre des sports dans le gouvernement du président TOMBALBAYE, peuvent témoigner de vive voix sur cette histoire du sport au Tchad.

La demande de relancer cette coupe du Tchad, relayée par le ministre des sports,  n’est certainement pas fortuite. Elle est motivée sans doute, par la volonté de racoler cette compétition à la ferveur populaire suscitée par le championnat dit national. Cela confirmerait le déclic de la reprise du football tchadien, annoncé triomphalement par le ministre des sports. Mais, c’est aller vite en besogne et oublier que ce championnat est organisé au forceps. Malgré l’engouement suscité et sa « brillante réussite », il ne peut être retenu comme un modèle à reproduire.

Toutefois, organiser cet événement dans la foulée de l’année du sport initiée par le PCMT, serait un leurre. De plus, c’est sans compter avec les difficultés actuelles qui sont climatiques (exceptionnelle saison des pluies), financières et infrastructurelles (absence et inondation des terrains de jeu). L’organisation et la coordination des prochaines compétitions officielles, relèvent des prérogatives statutaires et doivent figurer dans le programme d’actions du nouvel exécutif élu de la Fédération Tchadienne de Football Association.

En effet, l’article 80.1 des statuts  stipule  que : la FTFA organise et coordonne les compétitions officielles qui se déroulent sur son territoire. Elle organise notamment les compétitions suivantes :

  1. le championnat national de la LINAFOOT D1, D2, D3 des ligues provinciales ;
  2. la coupe nationale ;
  • la super coupe ;
  1. le championnat national des jeunes ;
  2. le championnat féminin.

L’article 84.1 ajoute que : l’organisation des matches et des compétitions internationaux impliquant des équipes représentatives, des ligues et/ou des équipes de clubs, incombe seulement à la FTFA. Aucun match ni compétition ne peut avoir lieu sans autorisation préalable du comité exécutif de la FTFA. En outre, une autorisation de la confédération concernée peut être demandée conformément aux règlements  de la FIFA. Quant à l’article 84.2, il précise que : la FTFA est tenue de se conformer au calendrier international des matches fixés par la FIFA. Cela a le mérite d’être bien clair.

Le CONOR et ses membres ont cru dans leur prétention, de réaliser un miracle avec la participation des équipes nationales A et A’ aux préliminaires de la CAN 2023 en Côte d’Ivoire, et de la CHAN 2023 en Algérie. Ce qui justifierait leur capacité à redresser le football tchadien. Mais malheureusement,  ce ne fut pas le cas. Car, les résultats enregistrés sont décevants et ont montré les limites de leur choix stratégique. Ces échecs répétés des SAO ont démontré le peu de savoir-faire dans la maîtrise et la gestion de ces matches internationaux.

La délégation FIFA/CAF dépêchée à N’Djamena du 04 au 07/09/2022, a indiqué dans un point de presse qu’elle est venue prendre la température, faire le point sur les réalisations effectuées et relancer les étapes clés de cette normalisation, à quelques mois de la fin du mandat du CONOR (15/11/2022). Ce n’est pas par hasard que Mme Sarah SOLEMALE a rappelé l’essentiel des missions qui sont : le toilettage des textes statutaires ; la révision du code électoral et leurs adoption par une AG des membres de la FTFA convoquée à cet effet ; l’organisation de l’AG élective ; et l’élaboration du projet de convention de coopération entre le ministère des sports et la FTFA, un document qui tient à cœur la FIFA. Ce rappel  sous-entend que le CONOR est bien loin du compte attendu.

Personnalités tchadiennes dont certains sont bien connues dans le milieu du football tchadien, les membres du CONOR semblent oublier qu’en acceptant cette mission, ils exécutent une mission FIFA/CAF, clairement définie dans un cahier de charges. C’est au nom de ce donneur d’ordre que ses représentants sont venus à Ndjamena pour faire le point et rappeler cela. En usant d’un langage très diplomatique, Mme Sarah SOLEMALE a pris le soin de bien désigner du doigt les points importants du cahier de charges qui restent à traiter.

Après avoir écouté et noté, la délégation dressera  son rapport. Celui-ci sera soumis au Bureau de Conseil de la FIFA. C’est à cette instance qu’il revient, après examen des conclusions du rapport, de décider, comme il semble se dessiner, de prolonger le mandat du CONOR. Un objectif visé et attendu sans doute, par les membres.

Si tel peut être le cas, la FIFA et la CAF seraient bien avisés de recadrer le CONOR par rapport à l’essentiel de sa mission et d’insister sur le délai de son exécution. Pour plus d’efficacité et de réussite, il est souhaitable que l’équipe soit renforcée par des compétences avérées dans la gestion des organisations associatives et clubs sportifs. Ces renforts pourraient être choisis parmi les acteurs connus du football tchadien ou dans les autres sports.                                                                                                                 

                                                                                                                    BANGALI DAOUDA Boukar

                                                                                                                    Bureau d’études et conseils en sport

                                                                                                                    Mail : b.daouda87@yahoo.com

                                                                                                                    Tél : O613829626 / 63633727.

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