11 août 2010, le Tchad affrontait les Aigles de Carthage de la Tunisie au stade Idriss Mahamat Ouya de N’Djamena dans le cadre des éliminatoires de la CAN 2012. Ce match des SAO à domicile coïncidait avec la célébration du 50ème anniversaire de l’indépendance du pays de Toumaï. Le 10 août 2010, à la veille, lors de la conférence de presse présidentielle dédiée à cette occasion de la fête nationale, le défunt président, Idriss Déby Itno (paix à son âme) était rassurant dans son intervention quant à la préparation et les conditions mises en place pour l’équipe nationale, tout en adressant ses mots d’encouragement aux joueurs.

Or, en réalité, le Tchad a perdu le match avant le match, c’est-à-dire le 10 août 2010. Car, au lieu de passer la soirée sereinement à se focaliser sur leur objectif principal, à savoir le match, non, les joueurs, le staff technique et les dirigeants s’activaient dans des négociations enveloppées de crispations et épuisantes mentalement pour trouver un arrangement de paiement des primes de casernement. Conséquence, les SAO se sont effondrés émotionnellement le lendemain, le jour j devant leur public, défaite

Avec le recul, nous pouvons certainement conclure que le président de la république n’avait pas à sa possession des informations fiables sur la situation exacte de son équipe nationale. Donc, il y avait pertinemment rétention d’information au niveau de la communication entre le président et la réalité du terrain.

Le 29 décembre 2021, une décennie après, le président du conseil militaire de transition (PCMT), le général Mahamat Idriss Déby déclare devant des jeunes en effervescence que l’année 2022 sera une année du sport au Tchad. Pourtant . . . et pourtant, dans ce domaine tous les signaux sont au rouge.

Il y a un adage qui dit  » Celui qui ne connaît pas l’histoire est condamnée à la revivre »

Sur quelle base le PCMT s’est appuyé pour déclarer l’année 2022 comme l’année du sport au Tchad ?

Était-il réellement informé sur la photographie ou l’état de santé du sport tchadien ?

Le Tchad dispose-t-il d’un plan de développement et de la promotion du sport ?

Dans la foulée, le 9 mars 2022, le PCMT a reçu les SAO seniors, constitués exclusivement des joueurs de la ligue

Provinciale de N’Djamena, dirigés par le sélectionneur national Mahamat Allamine Abakar.

Le geste en guise de devoir patriotique du jeune président, général 5 étoiles pour recevoir ses troupes afin de les galvaniser avant les hostilités face à la Gambie (23 et 29 mars 2022) est salutaire.

Évidemment, tous les tchadiens espèrent et rêvent que les SAO réussissent un jour à participer à des compétitions majeures comme le CHAN, la CAN ou la coupe du monde.

Tout le monde a le droit de rêver, mais personne ne peut nier l’évidence. L’évidence, c’est la situation actuelle du football tchadien. Le Tchad occupe la 180ème place du classement mondial de la FIFA, aucun stade homologué aux normes internationales, aucun circuit de championnat des jeunes, aucun club ne dispose d’un statut professionnel, le principal championnat provincial (N’Djamena) d’où provienne la quasi-totalité des joueurs locaux appelés à l’équipe nationale est à l’arrêt depuis plus d’une année, le Tchad est placé sous normalisation par les instances sportives internationales (FIFA – CAF) depuis novembre 2021 et la hache de guerre entre les différents protagonistes du football de la capitale n’a totalement pas été enterrée.

Alors sur quelle logique sportive s’articule ce projet décrété et mis en avant sur la scène médiatique pour la qualification des SAO à la prochaine CAN 2023 ?

Un pays ne deviendra jamais une grande nation de football en misant seulement sur un ou deux exploits de son équipe nationale. Le problème du football tchadien est global et la solution devrait être trouvée de manière globale. Si nous voulons que le Tchad puisse devenir une grande nation de football sur le continent africain, il nous faudra un véritable changement de paradigme.

Arrêtons de perpétuer les mêmes erreurs commises du passé et sortons de ces carcans de digression politicienne.

Objectivement, les plus hautes autorités du pays devraient axer leurs priorités, discours et actions sur la refondation du football tchadien, les infrastructures, l’octroi des subventions, l’implication des opérateurs économique, les formations, la réconciliation entre les différents acteurs, des rencontres avec les présidents de clubs, les techniciens, les arbitres, les joueurs et les autres parties prenantes.

Même si le président du conseil militaire de transition semble avoir compris très rapidement l’importance du sport dans un pays, et qu’il est animé d’une volonté de redorer l’image de ce dernier et plus particulièrement celle du football, nous pouvons en déduire qu’il n’a pas une vue 360 degrés sur le sujet.

Finissons par cette citation, qui ne puise pas sa source dans le pessimisme mais plutôt indéniablement réaliste : « Si tu fais ce que tu as toujours fait, tu obtiendras ce que tu as toujours obtenu ».

Sportivement

Hassan Bala 

# Kandama Sport

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