L’orchestration par l’état-major Français des frappes contre une colonne de pickups au Nord du Tchad a surpris plus d’un Africain, à commencer par Idriss Deby lui-même. Cette opération, d’une grande rentabilité financière pour la France, a permis à celle-ci de valider les accords militaires y compris la base militaire Française de Ndjamena, par tacite reconduction et de faire passer un message à l’international : Idriss Deby sera renversé par une rébellion interne. La France aurait fait de son mieux pour empêcher cela mais sans succès.

Dans cette série baptisée énigmes et insolites en Françafrique, nous nous employons à décrypter l’information de façon simplifiée. Et à notre manière, pour nous permettre de mieux apprécier les enjeux et d’agir à bon escient ou au plus nous éviter de tomber dans des travers qui nous ont déjà couté tant de vies. Et ceci parce qu’il faut toujours le rappeler la Françafrique est la seule région au Monde, encore en esclavage volontaire, où les citoyens peuvent être amenés à se retourner très rapidement et brutalement contre celui qui vient défendre leur causes.

Dans le cas de l’actualité au Tchad, l’entourloupe qui se prépare tourne autour de Idriss Deby qui résiste depuis une décennie à la décision de Paris de le faire partir du pouvoir car Paris en a marre, ras le bol des mesures d’émancipation que prend cet énigmatique président qui est en même temps un bon Françafricain et le nouveau champion du monde du Panafricanisme. L’orchestration de l’état-major de l’armée Française, annoncée le 6 Février par rapport au bombardement d’une colonne de 20 pickups, est certainement un message très fort pour expliquer au président Idriss Deby que le maitre des lieux est prêt à aller très loin s’il le faut. Et Idriss Deby sait clairement ce que veut dire aller loin pour la France quand on se souvient du Rwanda, de la Cote d’Ivoire, du Mali et du Niger. En plus, Idriss Deby sait mieux que quiconque que la base militaire française est derrière la présidence du Tchad. Il connait également cette musique classique qui tourne en boucle au Tchad depuis des années et qui a valsé la succession de Malloum, Goukouni, Hissene Habre et enfin lui-même Deby. Bien entendu, le boss peut lui accorder un sursis s’il se ressaisit. Et le ressaisissement ne doit pas se limiter à la docilité du seigneur de guerre, il doit se transformer en fossoyeur du Tchad au profit de la France car la France est en difficulté. Voilà la difficulté que Idriss Deby essaye de contenir en véritable équilibriste depuis plus d’une décennie.

D’abord le décryptage des faits :
–    Le 6 Février, le président Tchadien Idriss Deby, à la sortie d’une sieste, apprend par la télévision comme tous les autres Africains, à la surprise générale, que la France a dû intervenir pour détruire 20 pickups qui voulait renverser Idriss Deby qui a l’armée la plus redoutable et la plus efficace de l’Afrique.

–    La sortie du ministre Français pour expliquer que l’intervention faisait suite à une demande écrite des autorités Tchadiennes (non pas du Président Tchadien) n’a convaincu personne et le président Deby n’a fait aucun commentaire  pour justifier la forfaiture.

–    L’Union des forces de la résistance, mouvement rebelle tchadien, affirme que ces frappes ont visé ses troupes. Alors que l’opposition unanime dénonce une intervention « dangereuse » et « illégitime » de la part de la France.

–    Bilan de l’opération :
o    Paris va récolter des milliards de dollars pour couvrir les frais de décollage des Mirages 2000 et de drones, qui seront directement prélevés par le trésor public français sur les comptes d’opérations du Tchad, selon une comptabilité opaque où, comme vous le savez, un sac de ciment de 4000 Fcfa qui a servi dans cette opération sera facturé à 16000 Fcfa. C’est dire que le portefeuille du Tchad va être soulagé par cette opération.
o    Paris considère qu’avec ces frappes, les accords militaires avec le Tchad ont été automatiquement renouvelés, par tacite reconduction, aux yeux du monde entier. Et cela y compris le renouvellent de l’installation de la base militaire à Ndjamena.
o    Paris informe le monde entier que le pouvoir de Idriss Deby ne repose plus sur le peuple Tchadien ou sur l’armée Tchadienne mais plutôt sur les épaules des maitres des lieux, la France.
o    Le neuneu neveu du président Tchadien est déterminé  à renverser Idriss Deby et c’est un candidat potentiel prêt à signer tous les accords de pillage du Tchad que Deby ne voudrait pas signer.

Maintenant le décryptage du périple de Idriss Deby :
Pour bien comprendre ce qui se passe au Tchad avec Idriss Deby, rappelons un peu la chronologie des événements qui ont marqué ces dernières années oùIdriss Deby, sachant qu’il était sur la sellette, a tout essayé pour s’émanciper de la France. Son seul problème, comme celui de tous les chef d’état de la Françafrique, c’est qu’il n’a pas avec lui son peuple et en plus La France détientle Franc CFA, le nerf de la guerre :

–    Le président Idriss Deby, arrivé au pouvoir avec l’aide de la France, a apporté un minimum de paix au Tchad. D’une famille de guerriers, ses frères et ses enfants font partie de l’armée du Tchad, il a mis en place une armée redoutable et efficace (nous disait on) qui a fait de lui un allié incontournable de la France pour mettre un peu de l’ordre dans son empire colonial qui menace depuis quelques années de lui échapper. Il va ainsi aider la France dans des situations difficiles où les populations refusent l’esclavage colonial, sur plusieurs théâtres de guerre comme en Centrafrique, au Cameroun, au Niger, au Nigeria, au Niger, au Mali, etc.

–    Pour mettre au point cette armée, il a fallu des moyens que Idriss Deby a pu réunir en s’émancipant doublement, d’abord dans l’attribution des contrats de pétrole qui n’étaient pas profitables à 100% à la France et ensuite en refusant la classique arnaque de garder l’argent du pétrole pour les génération avenir alors que les générations actuelle croupissent dans la misère.
–    Paris n’avait pas aimé cette première entorse qui marque, en fait, le déclenchement des premiers prémices pour débarquer Deby. Elle va quand même accepter cette situation pour mieux en profiter en utilisant les tirailleurs Tchadiens dans ses opérations militaires.

–    Le deuxième affront est le refus de Deby d’abandonner des enfants Tchadiens à un réseau de pédophiles Français qui avaient organisé un enlèvement groupé en grandeur nature. Non seulement il refusera cet enlèvement mais il va faire arrêter les responsables de cet enlèvement.

–    Paris va durcir le ton, en exigeant la libération de ces pédophiles récidivistes, sans succès car Deby va être inflexible sur ce sujet, l’opinion Africaine ayant exprimé son émotion face à une telle opération d’un autre âge. La France va donc forcer la main à Monsieur Deby en positionnant les fameux pickups des rebelles à l’entrée de Ndjamena. Idriss Deby va sauver la face en obtenant la promesse de versement d’une indemnité de plusieurs milliards par la France. Le Tchad attend toujours ce payement. L’agacement de Paris va monter d’un cran.

–    Se sentant menacé à juste titre, Idriss Deby va essayer de se rapprocher des autres pays Africains, notamment de la Libye de Kadhafi. La destruction de ce pays va fragiliser Idriss Deby qui ne peut pas compter sur les pays de l’Afrique centrale dont le capitaine est le meilleur élève de Paris. Il sera quasiment le seul chef d’état à dénoncer la destruction de la Lybie. Depuis cette date-là, Idriss Deby ne doit sa place qu’au fait qu’il joue au gendarme de la France en Afrique.

–    Ainsi il va pacifier la Centrafrique avant d’être rappelé par Paris pour installer sa rébellion de Djotodja, avec en prime une humiliation de l’armée du Tchad par des fausses accusations. Il va également aider la France à chasser ses propres rebelles du Niger et du Mali jusqu’aux portes des mines d’Uranium et d’or qui sont sous le contrôle de la France. Toutes ces campagnes militaires au profit de la France, seront complètement financées sur fond propre du Tchad.

–    Toujours dans le souci de trouver une protection, Idriss Deby va se rapprocher du mouvement Panafricaniste et va en devenir le champion, en dénonçant le Franc CFA, les transferts des fonds des sociétés multinationales, les bases militaires Françaises. Il ira jusqu’à vouloir faire de Ndjamena la Capitale du Panafricanisme, en organisant une conférence générale des panafricanistes.

–    Paris va réagir très violemment face à cette dernière initiative et va l’interdire. Il ne s’agit pas d’une simple interdiction, Idriss Deby n’a pas le droit d’expliquer publiquement pourquoi cette réunion n’a pas eu lieu. Et Deby a respecté cette interdiction.

–    Idriss Deby va alors se lancer dans la formation du G5 Sahel comme un parapluie pour se protéger de la tutelle Française. Paris va réagir en adoubant le G5 Sahel et en neutralisant l’idée originale de cette formation. Le résultat est spectaculaire, le G5 Sahel ne décolle pas.

–    La France va se lancer dans une campagne internationale de dénigrement de Idriss Deby en le qualifiant de dictateur qui ne veut pas quitter le pouvoir. Idriss Deby va réagir en expliquant à la communauté internationale, dans une interview accordée à un journaliste Français, que c’est la France avec l’aide de ses infiltrés qui ont contraint Deby à modifier la constitution pour rester au pouvoir et servir la France.

–    L’avant dernier point d’achoppement qui met Paris en rage c’est la détermination de Idriss Deby à ne pas accepter ni la dévaluation du franc CFA, ni les plans d’ajustement structurel. Nous avons encore en souvenir la colère de Idriss Deby face au Président Camerounais d’abord à Yaoundé et ensuite à Ndjamena.

–    Et le dernier point d’achoppement est bien sur les accords militaires entre Paris et Ndjamena avec le renouvellement de la base militaire française. Idriss Deby veut tout simplement mettre un terme à ces accords.

–    D’où la réaction de Paris qui s’est engagé dans la sélection du nouveau locataire du palais présidentiel de Ndjamena. Il semblerait que Paris tient un bon candidat d’où les soubresauts qui font l’actualité avec le bombardement d’une colonne de 20 pickups et qui fait couler beaucoup d’encre.

Le président Idriss Deby a donc choisi de surfer entre les deux premières des quatre options ci-dessous :
–    S’émanciper de la France a 100% comme Gbagbo
–    Servir la France à 100% comme Paul Biya
–    Trouver un successeur comme l’a fait Kabila pour couper l’herbe sous les pieds du Français qui est le fameux neveu de Deby.
–    Compter sur les pays de l’Afrique centrale pour faire une coalition contre l’oppresseur.

Ma préférence va pour la dernière option car il faut le rappeler, pendant que Ndjamena croule sous les coups de boutoir de Paris et du Qatar, l’Afrique centrale s’amuse (Biya,Sassou, Obiang organisent des stratégies pour rester au pouvoir) en s’imaginant que cette boule de feu lancée à vive allure qui a déjà détruit la Lybie va s’arrêter au Tchad. Rappelez-vous, il n y a pas longtemps, qu’une colonne de mercenaires sans pickup était partie du soudan jusqu’en Guinée Equatoriale en passant par le Tchad, la Centrafrique et le Cameroun. Je parie que si rien n’est fait pour aider Idriss Deby, cette colonne reviendra et je suppose que cette fois-là ce sera avec des pickups.

Voilà mes chers Tchadiens et Africains, le long cheminement de Idriss Deby, en équilibriste entre la satisfaction du peuple Tchadien et la satisfaction de la France. Alors que la France exige 100% de la seconde option.  Pour rappel, tous les meilleurs élèves de la classe en Françafrique sont mort à la tâche, complètement sur les rotules (… , Mobutu, Bongo, Eyadema, Biya….), alors que ceux qui ont refusé de servir la France sont invités à faire valoir leur droit à la retraite en moins de deux ans (…., Sankara, Lissouba, Gbagbo,…).

Cela fait plus de 10 ans que Idriss Deby oscille entre ces deux extrêmes. Cela n’est peut-être pas une surprise pour beaucoup d’entre vous mais vous êtes au courant que Idriss Deby va être renversé, sur ordre de Paris. Une fois de plus, c’est celui qui détient l’argent (le Franc CFA) qui donne les ordres et nos chefs d’états ne sont que de véritables marionnettes doublées d’un grand sens et désir de trahison. Et encore une fois, la France, qui est condamnable, est dans son rôle et n’est pas à blâmer sinon cela voudrait dire que nous ignorons véritablement ce que c’est qu’un état. Il faut donc sauver le soldat Deby et prendre des actions pour inverser cet état de chose et éviter de dire  que nous ne savions pas
Douala Ngando

Par Douala Ngando

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