C’est un dîner qui suscite la controverse. Comme l’a révélé le site d’information Streetpress, deux députés français de la majorité ont dîné le 10 octobre dernier à l’ambassade du Soudan à Paris avec un personnage sulfureux : #Salah #Gosh, le chef du service national de renseignement et de sécurité soudanais, depuis février dernier. Un service qu’il avait déjà dirigé durant une décennie jusqu’en 2009. L’homme est ainsi accusé par l’ONG Human Rights Watch d’être responsable du nettoyage ethnique au Darfour. Une rencontre qui pose la question des liens entre Paris et Khartoum. Des relations qui ne dateraient pas d’hier.

 

Depuis quatre jours, les deux députés de la majorité tentent de se justifier. Non, ils ne savaient pas que Salah Gosh participait à ce dîner. D’ailleurs, ils ne connaissaient pas cet homme ni son parcours. La députée Carole Bureau-Bonnard est l’une des vice-présidentes de l’Assemblée qui a participé à cette rencontre. « Si j’avais su que c’était ce personnage, je n’y serais pas allée, bien entendu », explique-t-elle.

 

Un argument un peu léger aux yeux de Clément Boursin, responsable des programmes Afrique de l’Acat, une ONG chrétienne engagée dans la lutte contre la torture : « A eux de faire leur travail et de bien vérifier qui ils rencontrent. Cette personne est un criminel notoire. En tant que chef du NISS, il a une responsabilité hiérarchique directe dans de nombreuses violations graves des droits de l’homme qui sont commises par son service au Soudan. C’était notamment le cas au Darfour. »

Outre son dîner avec les deux députés, Salah Gosh aurait également participé, selon le site d’information Streetpress, à des réunions avec des membres des services intérieurs et extérieurs français, des discussions avec la DGSE et la DGSI, que confirme Rachid Saïd, journaliste soudanais à Paris : « Il y a beaucoup de questions politiques qui ont été discutées et notamment les questions qui concernent la situation régionale, les relations entre le Soudan et la Centrafrique et beaucoup d’autres questions comme la Libye et même une question de la politique intérieure soudanaise, ont été sujet de discussion… »

La France n’a pour l’heure pas commenté ces informations. Selon Rachid Saïd, ces relations sulfureuses ne dateraient pas d’hier. Les services français et soudanais travailleraient, selon lui, main dans la main depuis la fin des années 1980 et le coup d’Etat d’Omar el-Béchir.

RFI & Soudan

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