On s’interroge quant à l’intérêt de la visite de l’émissaire français 24 heures après l’importante manifestation populaire dans les grandes villes, appelant au retrait des troupes françaises stationnées au Tchad. Cette visite intervient aussi à un moment où les pourparlers de Doha piétinent malgré l’espoir affiché par le pays hôte sur la possibilité de la signature d’un accord de paix entre le 30 mai et le 13 juin.

L’émissaire français pour la région du Sahel et du Sahara Bruno Foucher s’est envolé pour Khartoum où il a été immédiatement reçu par le vice-président du Conseil de souveraineté, le général de corps d’armée Mohamed Hamdan Dagalo (Hemiti).

Au menu de l’entretien : l’évolution de la situation au Tchad, et le rôle que le Soudan peut jouer dans le succès du dialogue entre les parties tchadiennes qu’il accueille. M. Bruno Foucher a souligné l’importance du rôle du Soudan dans le renforcement de la sécurité et de la stabilité au Tchad et dans la région en général, notant la nécessité pour le Soudan de contribuer à soutenir les efforts de réconciliation entre les Tchadiens.

De son côté, Hemedti a souligné l’importance de la coordination et de la coopération entre les deux pays sur de nombreuses questions aux niveaux bilatéral et international, louant le niveau des relations existantes entre les deux pays et la possibilité de les renforcer et de les développer pour servir les intérêts des deux pays, soulignant son soutien à tous les efforts visant à stabiliser le peuple tchadien, y compris le dialogue organisé par Doha. Pour les relations fraternelles qui unissent Khartoum et N’Djamena, il a ajouté que la sécurité et la stabilité du Tchad font partie de la sécurité et de la stabilité du Soudan. Ancien ambassadeur français au Tchad, Bruno Foucher est chargé de suivre de près le dossier tchadien. Depuis mars 2022, il réside, avec une équipe de dix personnes, à Doha, où a démarré, sous les auspices de la diplomatie qatarie, un pré-dialogue en présence de 52 mouvements armés hostiles au Conseil militaire de transition. La rencontre avec Hemetti était urgente vu le rôle que celui-ci peut jouer dans le dossier tchadien à un moment où plus de 5 000 tchadiens se trouvent enrôlés dans les forces d’intervention rapide (FSR) et où des réfugiés soudanais affluent au Tchad en raison des affrontements intercommunautaires aux confins du Tchad. Il convient d’ajouter que le Soudan a par le passé hébergé entre 2003 et 2010, des rébellions armées hostiles au gouvernement tchadien et qu’en ce moment 21 mouvements politico-militaires résidant au Soudan n’ont pas pris part au pourparlers de Doha. Que cache cette visite française au Soudan ? On s’interroge quant à l’intérêt de la visite de l’émissaire français vingt-quatre heures après l’importante manifestation populaire dans les grandes villes, appelant au retrait des troupes françaises stationnées au Tchad. Cette visite intervient aussi à un moment où les pourparlers de Doha piétinent malgré l’espoir affiché par le pays hôte sur la possibilité de la signature d’un accord de paix entre le 30 mai et le 13 juin.

Après Hemetti, l’émissaire français a été reçu par le Président du Conseil de Souveraineté, le général Abdul-Fattah Al-Burhan, qui a affirmé l’importance de la coopération et de la coordination entre le Soudan et la France pour réaliser la sécurité et la stabilité dans la région du Sahal et du Sahara. Étaient présents à cet entretien, le Ministre par intérim des Affaires Étrangères, Ambassadeur Ali Al-Saddiq, et l’ambassadrice de France au Soudan, Raja Rabie. Au menu de l’entretien, la situation au Tchad, en Libye, et la coopération conjointe entre Khartoum et Paris pour la stabilité de la région.

 

Al-Burhan a réaffirmé le soutien de son pays aux pourparlers inter-tchadiens dans la capitale Qatarie, Doha, avant de qualifier l’expérience des forces conjointes Soudano – Tchadiennes de modèle exemplaire de coopération sécuritaire entre les pays du continent Africain.

 

La réunion a porté sur la situation en Libye et ses conséquences sur la sécurité de la région, en particulier sur les aspects liés à la prolifération des armes et aux mouvements de groupes armés.

 

Le Président Burhan a également tenu à rassurer l’envoyé français au Sahel et au Sahara sur la situation au Soudan et le progrès du processus de dialogue soudanais facilité par le mécanisme tripartite des Nations Unies, de l’Union Africaine et de l’IGAD, dans le but de parvenir à un consensus national pour gérer la période de transition.

Sahel7 Média/Nawras/ SUNA/CEDPE

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