D’aucuns avaient négligé l’organisation de manifestation de Wakit-Tama, et son réseau à mobiliser sans équivoque une frange de la jeunesse en colère contre la mauvaise gouvernance. La manifestation de ce samedi 14 mai 2022 a démontré le contraire, même s’il faut avouer que la densité des faits et les remontrances acerbes venaient de nos compatriotes arabophones.

Le pouvoir public doit prendre ces genres de revendications au sérieux, car elles trouvent leurs essences dans les fonctionnements de la république. Les passe-droits depuis 31 de gouvernance du régime Deby père, le communautarisme et le favoritisme envers un seul clan, la mauvaise répartition des richesses et la mauvaise gouvernance poussent la population à exprimer sa colère de cette manière, et la France quoi qu’elle refuse d’entrevoir est identifié comme le soutien à toutes les formes de dictatures en Afrique en général, et au Tchad en particulier.

La politique étrangère de la France envers ses anciennes colonies devrait prendre un autre élan envers la défense des droits de l’homme, et insister, quelles que soient les souverainetés des états en coopération avec elle, à l’assise de la bonne gouvernance, et la vraie démocratie.

Aujourd’hui le Tchad est à la croisée des chemins. Et les tentatives d’ajustement d’un état viable et régalien ne peuvent se faire que par l’itinéraire tracé du dialogue national inclusif et souverain.

Il nous faut pour le Tchad, un sursaut national dans la sécurité et la paix, qui doivent nécessairement accepter un organe militaire pouvant assurer la transition, et qui ne peut qu’être le président actuel de la transition, mais avec autour de lui d’autres conseillers, pas celui du père, d’autres cadres dont l’étoffe de l’expérience ne fera que mener le Tchad en avant, pendant une période de transition clairement établie pendant le dialogue national inclusif et souverain, propice à la réforme de l’armée en profondeur, une armée véritablement républicaine et nationale, où aucune communauté ne puisse avoir la suprématie sur une autre.

L’envergure d’une telle organisation fera reculer plus qu’un autre état, rapace ou impérialiste, parce qu’il trouvera face à lui des Tchadiens construits qu’éparpillés.

La réaction disproportionnée ou pas des manifestants en s’attaquant à tout ce qui constitue un sigle de la représentation française est légitime à plus forte raison, car les autorités françaises à travers leur ministre des Affaires étrangères Jean Yves Ledrian sont responsables de la situation catastrophique des peuples africains, reclus dans une précarité abyssale. Ledrian privilégie ses propres intérêts avec les dirigeants au pouvoir, alors que de par leurs leviers d’influences, la France pourrait faire influer la tendance en faveur des peuples.

Tout le monde se pose la question… Pourquoi les pays qui ont eu pour colons les Anglais n’ont pas les mêmes problèmes comme ce que vivent les pays colonisés par la France ?

Cette manifestation qui s’est déroulée au Tchad ce samedi 14 mai 2022 trouve sa raison sur l’injustice totale envers le peuple tchadien et dont ce peuple désigne la France et sa politique étrangère comme un des aspects de cette injustice. Pendant 31 ans, la France n’a fait que cela, face aux dérives de droits de l’homme, face à la dilapidation des ressources du pays, face à la mauvaise gouvernance. Cette France qui s’est inscrite au chapitre des pays de démocratie, des libertés et contre les mauvaises gouvernances, a failli à son rôle régulateur de la justice. Elle a choisi de pactiser avec les dictateurs, mais elle n’a pas compati en rien du tout aux douleurs du peuple tchadien. Le constat est clair et ne souffre d’aucune imagination.

Cependant, il faut aussi dire avec plus de clarté que la Russie ne peut être une alternative pour le Tchad. Ceux qui convoitent l’arrivée des Russes doivent comprendre que ces derniers ne viennent pas pour faire des cadeaux. Ils seront aussi voraces, avec des exigences à diverses inconnues.

Il n’y a pas de raison de demander le départ de la France du Tchad, et accepter l’arrivée des Russes. Ce n’est pas logique.

Les Tchadiens devront trouver la solution à leur problème en dialoguant, en discutant ensemble, et chaque partie doit mettre de l’eau dans son vin.

Il n’y a pas de raison aussi de casser pendant une manifestation ce qui est nécessaire à la consommation de la population. Il n’est point intelligent de casser des stations de carburant même si celle-ci porte un sigle français (Total), parce que par ces temps où la météo n’est pas clémente, beaucoup de nos compatriotes utilisent du carburant pour la consommation des groupes électrogènes afin de produire de l’électricité.

Toutefois, vu comment les colères ont démarré, rien ne sera facile tant qu’une position très claire des autorités françaises ne se dégage.

En Afrique de l’Ouest, le vent très chaud de la contestation anti-française monte chaque jour en puissance, et tout le monde indexe le ministre des Affaires étrangères Jean Yves Ledrian, plus qu’un autre.

En Afrique centrale, les germes qui ont encensé l’Afrique de l’Ouest commencent par éclore. Il faut vite corriger le tir avant qu’il ne soit trop tard, là encore, si ce n’est pas trop tard, car au Tchad les 31 ans de règne de Deby ne sont pas encore digérés.

Et, la longévité de ce règne est attribuée à un seul pays, la France.

Tchadanthropus-tribune

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