En février, le groupe suisse Glencore a fait une proposition de restructuration de la dette de N’Djamena à son égard. Jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé avec le Tchad, facilité par le ministre Djerassem Le Bemadjiel, qui connaît bien le groupe suisse, ce dernier continue de se rembourser en nature.

Entre novembre 2021 et février 2022, une série de rencontres a eu lieu entre les dirigeants de Glencore et le gouvernement du Tchad, conseillé par la Banque Rothschild (AI du 08/11/21). A l’issue de celles-ci, le géant suisse des matières premières affirme avoir fait une proposition concrète de restructuration de la dette de plus d’un milliard de dollars de N’Djamena à son égard. Les dirigeants du groupe ont également discuté de cette proposition avec le Fonds monétaire international (FMI) et le Club de Paris (qui rassemble les États occidentaux créanciers du Tchad), qui avaient exigé cette renégociation comme condition préalable à leurs propres soutiens financiers.

Les deux organisations, qui donnent leur avis au Tchad sur le dossier, prennent leur temps pour étudier la nouvelle mouture de ce contrat de préfinancement octroyé contre matières premières.

Deux mois sans réponse pour le géant suisse

Plus de deux mois plus tard, au siège de Glencore à Baar, dans le canton de Zoug (Suisse), les équipes de la direction financière, menées par Steven Kalmin, et du négoce pétrolier, pilotées par Alex Sanna, n’ont toujours par reçu de réponse des autorités tchadiennes.

En attendant le retour de N’Djamena et de ses bailleurs de fonds, l’ancien contrat liant le groupe suisse à la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT) court toujours. Ce qui signifie que l’essentiel de la part étatique de la production de pétrole brut du Tchad continue à être récupéré et commercialisé par Glencore, qui se rembourse ainsi du prêt octroyé par la firme à N’Djamena en 2014. Selon le négociant, faute de restructuration du contrat, ce système doit perdurer au moins jusqu’à 2027.

Un bon connaisseur de Glencore au ministère du pétrole

Le retour en mars dernier de Djerassem Le Bemadjiel au ministère du pétrole (AI du 29/03/22) devrait faciliter les dernières discussions avec Glencore. En effet, c’est sous sa gouverne qu’avait été signé le contrat de préfinancement de 2014 avec le groupe suisse, lors de son premier passage au ministère, de 2013 à 2016. Le volume d’argent ainsi négocié, 1,45 milliard de dollars, avait permis d’acquérir les 25 % que Chevron détenait dans les concessions de Doba (opérées alors et encore pour quelques mois par ExxonMobil avant la cession de ses 40 % à Savannah Energy).

Ce bon connaisseur du secteur pétrolier, ancien ingénieur chez Schlumberger, qui a été conseiller d’Idriss Deby de 2012 à 2014, qualifiait Glencore en juillet 2014 de « partenaire stratégique » et de « faible » le risque d’endettement à son égard… avant que la chute des cours ne vienne, quelques semaines plus tard, démentir cette dernière affirmation, avec une baisse drastique des cours du brut qui a eu pour conséquence d’augmenter les volumes cédés à Glencore, la durée de remboursement, et les intérêts à régler.

Africa intelligence

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