Le 19 septembre, le ministre tchadien des Affaires étrangères a rendu publique sa lettre de démission, justifiée selon lui par des interférences dans l’exercice de ses fonctions, entre autres. Une initiative qui a agacé Mahamat Idriss Déby Itno.

C’est peu dire que le président du Conseil militaire de transition (PCMT) Mahamat Idriss Déby Itno, n’a guère apprécié la démission, le 19 septembre, de son ministre des Affaires étrangères, Chérif Mahamat Zene. Tant dans la forme (une lettre rendue publique par le concerné sur son compte Twitter), que dans le fond puisque ce dernier rend explicitement responsable le PCMT des « initiatives et interférences répétitives et intempestives » qui, à l’en croire, auraient réduit son rôle et ses prérogatives à ceux d’« un simple figurant ». À cela s’ajoute le fait que le ministre a démissionné depuis Dubaï et à quelques jours de l’Assemblée générale des Nations unies prévue à New York, où il était censé se rendre pour représenter le Tchad.

Mécontentement

Juriste formé à Kiev, en Ukraine, d’un caractère réputé difficile, Chérif Mahamat Zene, 58 ans, avait déjà été ministre des Affaires étrangères sous Idriss Déby Itno, puis il avait hérité du portefeuille de la Communication, avant de reprendre la tête de la diplomatie tchadienne après le décès du maréchal, en mai 2021. Très sourcilleux sur ses prérogatives, il avait manifesté son agacement de ne pas avoir été consulté par le chef de l’État à propos de la décision, prise début septembre, d’ouvrir un consulat du Tchad à Dakhla, dans l’ex-Sahara occidental. Puis son mécontentement d’être écarté des tournées organisées dans plusieurs capitales de la région par le PCMT pour expliquer à ses pairs le dialogue national inclusif.

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Très peu présent à N’Djamena depuis la signature des accords de Doha avec les groupes rebelles et invisible lors de ces assises, Chérif Mahamat Zene boudait ostensiblement depuis Dubaï, prolongeant ses congés auprès de sa famille installée dans les Émirats. Lorsqu’il a appris que, constatant son absence, Mahamat Idriss Déby Itno avait décidé de confier au ministre de la Communication, Abderaman Koulamallah (avec qui Mahamat Zene entretient des relations tendues), le soin de s’adresser le 19 septembre au corps diplomatique accrédité au Tchad pour présenter l’évolution du dialogue – et cela avec la secrétaire d’État aux Affaires étrangères, Awatif el Tidjani Ahmat Koiboro –, son sang n’a fait qu’un tour.

Après un échange de messages pour le moins musclés avec Koulamallah, à qui il reprochait de chercher à le « piétiner » et de convoiter son poste, avant de conclure par un « va te faire voir ailleurs », Zene a rédigé et publié sa lettre de démission. En attendant la nomination d’un successeur, c’est la secrétaire d’État qui représente le Tchad à l’Assemblée générale de l’ONU.

Jeune Afrique

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