Le Royaume-Uni esquisse un nouveau programme de coopération militaire au profit du Cameroun, du Tchad, du Niger et du Nigeria. Baptisé Lake Chad Support Framework (LSF), il vise à accroître l’influence britannique sur des projets sécuritaires largement dominés par l’UE et l’UA, tout en faisant barrage à Moscou.

Le National Security Council (NSC) et le Foreign, Commonwealth & Development Office (FCDO) britanniques travaillent actuellement à la réorientation de la stratégie de coopération sécuritaire du Royaume-Uni en faveur des états riverains du Lac Tchad. Londres planche ainsi sur un déblocage de fonds qui seront alloués au Conflict, Stability and Security Fund (CSSF) afin de mettre sur pied un tout nouveau programme baptisé Lake Chad Support Framework (LSF). Celui-ci doit participer au renforcement du partenariat militaire entre le Royaume-Uni, le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Nigeria.

Parmi les objectifs visés, on recense un volet de formation de ces quatre armées, notamment en matière de lutte contre les engins explosifs improvisés (C-IED), ainsi que des exercices de communication stratégique, des échanges au niveau du renseignement et, de manière générale, un partenariat accru en matière de coopération militaro-civile, en lien avec la Force multinationale mixte (FMM). Financée par l’Union européenne (UE) et l’Union africaine (UA), celle-ci est placée sous le commandement du général nigérian Abdul Khalifah Ibrahim (AI du 02/06/22). La FMM, qui réunit les forces armées des quatre pays ainsi que celles du Bénin, a pour mission d’endiguer la progression des groupes armés Boko Haram et État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP).

Londres s’appuiera sur un prestataire privé

Pour ce faire, Londres devrait sous-traiter la conduite du programme LSF à un prestataire privé, et la société de conseil britannique Adam Smith International (ASI) est d’ores et déjà sur les rangs. Celle-ci dispose d’une expérience préalable dans le domaine, ayant formé notamment les Peshmergas irakiens (IO du 02/07/21).

Peu impliqué dans la coopération sécuritaire à l’échelle du continent, par rapport à la France et aux Etats-Unis, le Royaume-Uni souhaite ainsi signer son retour dans une zone qui relève, pour ce qui concerne le nord-ouest du Cameroun et le Nigeria, de sa sphère d’influence culturelle. Au Cameroun, la British Army n’opère que très discrètement en soutien du Bataillon d’intervention rapide (BIR) dans la région de Maroua (AI du 13/07/22) et aussi en matière de renseignement.

Le renforcement du dispositif britannique vise aussi, en filigrane, à tenter d’endiguer l’influence croissante de Moscou dans la région. Au grand dam des partenaires occidentaux de Yaoundé, le ministre de la défense camerounais Joseph Beti Assomo avait signé en avril un accord de défense avec son homologue russe Sergueï Choïgou, portant notamment sur la formation militaire.

Tchadanthropus-tribune avec Africa intelligence

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