
18 avril 2025 #TCHAD #Grande Muette : Sur fond de guerre au Soudan, Mahamat Idriss Déby Itno reprend en main l’armée tchadienne
Le président tchadien a procédé ces derniers jours à une série de rétrogradations et de radiations dans l’armée, dont l’une a impacté l’un de ses cousins, le général Abdelrahim Bahar Mahamat Itno. Celui-ci avait notamment appelé l’influente communauté zaghawa à se rebeller contre le chef de l’État.
La série de décrets est le signe d’une sérieuse reprise en main. Jeudi 10 avril puis dimanche 13 avril, Mahamat Idriss Déby Itno a rendu publiques plusieurs décisions touchant l’armée du Tchad. Dix militaires ont ainsi été rétrogradés, puis radiés, pour « faute grave », dont le général cinq étoiles Abdelrahim Bahar Mahamat Itno, par ailleurs cousin du chef de l’État.
Les neuf autres sont un général de brigade, Abdelkerim Nassour Todje, deux colonels, Daoud Mahamat Toma et Hamit Titiba Arabi, deux lieutenants-colonels, Chef Djaga Ali et Abdelkerim Souleymane Takabo, deux commandants, Hamit Haroune Aguïd et Abdramane Khamis Hamid, et deux sous-lieutenants, Adoum Issackha Wardougou, Hassane Tora Djaguid. Trois policiers ont été révoqués pour le même motif.
Une guerre au Soudan qui divise
À N’Djamena, l’attention s’est évidemment concentrée sur Abdelrahim Bahar Mahamat Itno. Cet ancien chef de la sécurité présidentielle et ex-chef d’état-major a récemment fait des déclarations virulentes contre le président dans l’un des nombreux groupes WhatsApp de la communauté zaghawa, à laquelle appartient en partie Mahamat Idriss Déby Itno – le président étant également goran par sa mère.
Abdelrahim Bahar Mahamat Itno y appelait ses frères d’armes à se rebeller contre le chef de l’État, illustrant les tensions qui existent chez les Zaghawas, en particulier depuis le déclenchement de la guerre civile au Soudan. Une partie de la communauté, qui vit à cheval entre les deux pays, a en effet rejoint les rangs de l’armée soudanaise pour combattre le rebelle Mohamed Hamdan Daglo, dit Hemetti. De son côté, N’Djamena est accusée de servir de relais au soutien apporté à ce dernier par les Émirats arabes unis.
Les autorités tchadiennes nient être impliquées et assurent ne s’inquiéter que des conséquences humanitaires du conflit au Darfour soudanais, comme le ministre des Affaires étrangères l’a encore répété ce 15 avril lors d’une conférence sur le Soudan. Mais ces paroles ne parviennent pas à convaincre. Certains officiers zaghawas de l’armée tchadienne ont déserté ces derniers mois pour rejoindre la ville d’El Fasher, assiégée par les Forces de soutien rapide d’Hemetti.
C’est aussi à El Fasher que combat un autre Zaghawa tchadien, Ousmane Dillo Djerou, frère de Yaya Dillo Djerou, ancien candidat à la présidentielle tué dans l’assaut de son quartier général à N’Djamena en 2024. La mort de Djerou a également divisé les Zaghawas, une partie d’entre eux accusant Mahamat Idriss Déby Itno d’en être le commanditaire. Le chef de l’État a profité de la récente période du ramadan pour séjourner à Amdjarass, dans l’est du Tchad, afin d’y rencontrer plusieurs dignitaires de la communauté et de tenter d’apaiser les tensions.