Une grève imminente menace le secteur le plus important de l’économie tchadienne

 

Les travailleurs nationaux de Komé menacent d’aller en grève d‘ici le 27 Octobre si aucun effort n’est fait de la part du patronat qui s’obstine à ne pas octroyer la prime de risques qu’ils réclament. En effet, il y a un peu plus de deux mois que la crise couve sous les champs pétroliers de Doba. Pour cause, le 05 août 2012 un accident est survenu sur le puits K-406. Du gaz d’origine inconnu est remonté à la surface provoquant un grand incendie. Trois travailleurs nationaux seront brulés à plus de trois quart. Transportés à la clinique du camp drilling puis à la garnison avant d’être évacués en Afrique du Sud pour des soins appropriés, un d’entre eux, Djimbaye Mianadji succombera quelques jours après, de suite de ses blessures. Les deux autres à savoir Abdou Amadou et Wangnamou Ali Fouria sont dans un état critique. Ainsi, les travailleurs nationaux qui ne gagnent même pas l’équivalent de la part du salaire que leurs collègues expatriés consacrent à la nourriture de leurs animaux, décident que rien ne sera plus comme avant.

 

 

Les personnels du site pétrolifère de Komé, menacent de grever

Selon eux, depuis le début du projet pétrole, ESSO-Tchad claironne qu’il n y a pas de risques majeurs sur ses chantiers. Toute tentative de réclamation d’une quelconque prime fait objet de menaces. Mais cette fois–ci, avec de si graves accidents suivis de mort d’homme, ils ont décidé de ne plus se laisser faire. C’est ainsi qu’après avoir enterré leur frère tombé au chantier, ils se sont réunis en Assemblée générale autour de leur syndicat, le PETROSYNAT pour écrire a la direction des opérations de la compagnie SCHLUMBERGER qui gère les chantiers de forage de pétrole et à tous ses sous traitants. Dans cette missive, ils demandent clairement à ces entreprises de prendre leurs responsabilités .En clair, les travailleurs tchadiens réclament que soit versée de manière journalière à chaque employé une somme de 60 000FCFA (soixante mille franc Cfa) durant son séjour au chantier à Komé. C’est selon eux, une pratique qui se passe sur tous les sites pétroliers du monde et ils ne comprennent pas pourquoi on refuse de donner ces primes aux tchadiens.

Toujours selon les travailleurs, les immigrés travaillant au Tchad perçoivent des primes de toutes sortes allant du port de casque au chantier, de prime de risque de paludisme en passant par la prime de chaleur jusqu’à la prime de leur simple présence au Tchad, perçu comme pays dangereux et inscrit sur la liste rouge des pays s’y rendre dans certains pays occidentaux. Pour beaucoup de nationaux, ce projet est un paradis pour les étrangers qui rapatrient tout l’argent du pays chez eux. Ils gagnent quinze à vingt fois le salaire d’un national et n’investissent même pas un rond dans l’économie du Tchad préférant ramener tout chez eux. L’homme tchadien se sent victime. Ce qui fait dire à beaucoup de tchadiens du site qu’ils sont traités avec dédain comme s’ils n’étaient pas dans leur propre pays à Komé.

PETROSYNAT à solliciter une rencontre avec la direction de l’opération de SCHLUMBERGER qu’il a obtenu difficilement. La réponse à la lettre ne viendra que trois semaines après et le contenu est clair, aucune prime ne sera versée. Comme si cela ne suffisait pas, les patrons refusent aux employés de se réunir en A.G au sein de la base. Certains patrons iront jusqu’à menacer les responsables du syndicat en disant que même s’ils sont au Tchad, cette base n’appartient pas aux Tchadiens. C’est dans ce climat délétère qu’une A .G fut finalement convoquée en date du 19 Octobre 2012 au cours de laquelle les travailleurs nationaux ont décidé par acclamation de cesser toutes activités sur le site pétrolier, si avant la date du 27 octobre aucune solution n’est trouvée.

Par Abgue Boukar Christophe

  

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