Etrange et dramatique nouvelle qui nous est parvenue le soir du 09 août 2016, faisant état de la disparition tragique de ce deux  vétérans du Darfour ayant rejoint les rangs de l’ UFR-RFC* de Timan Erdimi, en pleine renaissance, aux confins du triangle frontalier du Tchad, du Soudan et de la  Libye.

 

Selon certaines indiscrétions, Hassan Ibrahim Libiss connu sous le vocable de  »Com mixte » et Hassan Daoud dit  » marabout » auraient été  attaqués par un groupe de forces incontrôlées au moment où ils se reposaient sous l’ombre de quelques rares arbres épineux aux alentours de Ouadi Hawar. Après échange de tirs, les deux compagnons sont tombés arme à la main.


Cette version des faits se rapprochant beaucoup plus à un montage découlant d’une imagination fertile, pose pourtant  plus d’interrogations qui appellent à une analyse se voulant lucide  sur ce douloureux évènement. Constat sur quelques éléments d’appréciation:


1er/ A l’extrémité du triangle frontalier Tchad, Soudan et Libye évoluent les principaux mouvements Darfouri (MJE* et MLS*) du Soudan  ainsi que l’embryonnaire UFR -RFC* du Tchad – tous les trois- liés par une sorte d’alliance.

 
Dans cet espace, il serait effectivement difficile qu’un groupe armé non identifié puisse attaquer des éléments de l’une de ces trois forces sans qu’il n’y ait aucune précaution , aucun alerte de la part de ces forces citées qui, en principe, disposaient par endroit des sentinelles et des barrières de contrôle.


2ème/ Toujours dans le contexte géographique, il ya le cas des combattants binationaux c’est à dire soudano-tchadiens qui pourraient à la fois appartenir, soit à la rébellion tchadienne, soit aux deux mouvements Darfouri et parfois même provenant de la milice clanique du régime dictatorial de Deby dont ils se passaient pour des mécontents ayant fait la défection. Ces triples facettes paraissaient pour le moins suspectes.


3ème/ Depuis le kidnapping du colonel Daoud Bouyeneou, chef d’état major de l’UFR-RFC, à Nyala au Soudan où il se trouvait pour des soins, ce groupe rebelle tchadien semble jouer un rôle pour le moins nocif à sa vocation de résistance nationale en s’impliquant dans d’autres conflits inter libyens. Les derniers événements meurtriers de Koufra dans lesquels l’UFR-RFC* en collaboration avec le MLS* Darfouri  avait prêté main forte aux côtés d’un groupe tribal libyen, dénotent malheureusement une certaine tendance mercenaire. Beaucoup de combattants ont péri pour une cause qui n’est pas la leur.


4éme/ La reconstitution de l’UFR-RFC enclenchée, il y a quelques années après le désarmement au Soudan, s’accomplit positivement  ces derniers temps. Nombre d’anciens combattants et des nouvelles recrues agrandissent chaque jour les rangs des résistants. Des rivalités surgissent au sein de différents groupes ethniques qui  composent cette rébellion en gestation. Au niveau interne de chaque groupe, l’élément cancérogène de fibre ethnique voire  »villagiste » prédomine sur l’esprit révolutionnaire.


Dans le groupe Ouaddaien dirigé à l’époque par Abdelkérim  »Bob », un des piliers de la reconstitution du maquis UFR-RFC, il s’est posé un problème de leadership lorsque le défunt Hassan Ibrahim Libiss dit  »com. mixte’ ‘a rejoint le maquis, il y a une année. Cette rivalité a occasionné la défection de Abdelkérim  »Bob » pour le compte de l’UFDD* du Général Nouri (avant le morcellement en minuscules  tendances) qui évoluait à l’autre côté opposé, laissant ainsi à Hassan  »com. mixte » la voie libre dans le commandement du dit groupe.


5ème/ La question d’égalité dans le traitement des combattants et leur responsabilisation et dotation en armes et moyens roulants est une équation qui ne se résout pas sans que l’on ne puisse tenir compte des qualités et des talents  guerriers des éléments. A ce sujet, le malaise semble s’emparer profondément de certaines composantes de la rébellion. Et comme celle-ci n’est pas par essence une congrégation des saints, la thèse du complot n’est pas à épargner car ne peuvent persister que des coups bas et d’autres obstacles à toute discipline combattante et révolutionnaire.


6ème/ Exceptée leur appartenance communautaire, les  deux chefs militaires tués n’ont aucun point en commun ni dans leurs attitudes ni dans leur état d’esprit.

 
Feu Hassan  »com. mixte » était de nature  »une tête brûlée  », allergique aux injustices même si elles sont faites à autrui et possédant des qualités de meneur d’hommes. Intraitable à certains ordres qui ne lui convenaient pas , il nourrissait des ambitions de chef incontestable plus ou moins affichées.

 
Par contre le défunt Hassan Daoud » marabout’ formé à l’usage d’armement lourd, était taciturne et exécutant. Il ne s’opposait à aucun ordre hiérarchique et partageait avec chaque interlocuteur un sourire qui ne se sépara guère de son visage émacié. Ironie du sort, les deux compagnons se retrouvaient au même endroit pour marquer ensemble la fin de leur séjour terrestre.


Tous ces éléments avancés ont pour but de rechercher à déterminer la vérité sur  les circonstances dramatiques dans lesquelles sont morts ces deux  compagnons dont  leur engagement, leur bravoure et leur sens de dignité ne sont point à démontrer.

 
En attendant la version officielle émanant de la hiérarchie politique et militaire de cette organisation pour bien élucider ces tragiques et rocambolesques circonstances,   je me fais le devoir de saluer la mémoire de feu Hassan  »com. mixte » qui a tout donné à l’UFCD* et celle de feu Hassan Daoud , chef d’escadron du FPRN*, un ancien mouvement à l’image d’ une école de vie où des combattants apprenaient jadis la patience et l’endurance bien qu’ils aient été un troupeau des lions conduits par des lièvres de politiciens véreux.


La mort est notre inévitable destination commune, je prie Allah le Tout Puissant de classer feu Hassan Ibrahim Libiss dit  »com. mixte » et son  »homo » Hassan Daoud parmi les véridiques, les justes , les martyrs et tous ceux qui accomplissent des bonnes oeuvres dans la Sublime Félicité et l’Eternelle Grâce divines.

 »Inna Lillahi Wa Inna Ileyhi Radjioun »


Ahmat Yacoub Adam


Les Sigles
:

*UFR-RFC: Union des Forces de la Résistance/Rassemblement des Forces du Changement

*UFDD: Union des Forces pour le Développement et la Démocratie

*UFCD: Union des Forces pour le Changement et la Démocratie

*FPRN: Front Populaire pour la Renaissance Nationale

*MJE: Mouvement pour la Justice et l’Egalité

*MLS: Mouvement pour la Libération du Soudan

 

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