Quand « l’Imamat » rime avec CIA : le site « Wikileaks » avait publié un télégramme de l’Ambassade des Etats-Unis à N’Djamena, lequel télégramme, relatif aux rencontres régulières entre l’Ambassade des USA et le Président du Haut Conseil des Affaires islamiques du Tchad, M. Hissene Hassane, a été repris on se rappelle par le site tchadactueldans une de ses éditions. A priori cela ne pose aucun problème. De  par sa fonction, Mr  Hissene Hassane est appelé à rencontrer qui il veut et en particulier les représentations diplomatiques, les ONG, etc. Mais le hic est que le compte rendu rapporté dans le télégramme, n’a rien à avoir avec une rencontre de routine entre une autorité morale tchadienne et une représentation diplomatique. Hissene Hassane se met purement et simplement au service des renseignements d’une puissance étrangère et pire, il propose être un vulgaire agent, un délateur en somme, au détriment de ses compatriotes. Heureusement pour les cadres tchadiens visés par ces démarches, l’Ambassade des Etats-Unis a accueilli avec circonspection les offres de service de notre Imam.

Ce comportement désinvolte  qui rime avec légèreté nous pousse à poser la question suivante : comment  un illustre inconnu de l’amont à l’aval du public tchadien s’était retrouvé du jour au lendemain à la tête d’une de plus prestigieuses institutions du Pays ?  En réalité son parcours académique ne le prédestinait nullement à une telle sommité. Bénéficiaire d’une bourse secondaire du gouvernement saoudien en 1974  Mr Hissene Hassan était admis à l’Institut Islamique à Médine ; à la fin de ses études au lieu de regagner le pays  il s’était arrêté au Soudan où il s’était mis au service du Mouvement islamiste de Dr Hassan EL-Tourabi qui le logea chez lui et exerçait comme activiste facilitateur dans une ONG de même obédience ayant son siège au Tchad.


Un point de détail de l’histoire que beaucoup des tchadiens ignorent
 : Mr Hissein Hassan Djaba  n’a jamais fait partie ni en tant que militant moins encore en tant combattant du MPS quand ce mouvement combattait le régime Habré depuis le Soudan voisin ; il n’y a jamais rencontré Mr Deby pendant cette époque  et ne se connaissaient par conséquent nullement  et enfin  ils ne s’étaient rencontré qu’à Ndjamena après la victoire du MPS. Par contre c’est la nébuleuse tourabiste qui accompagnait le MPS qui l’a coopté et l’avait hissé d’abord comme Imam de la Grande Mosquée et ensuite Président du Haut Conseil des Affaires Islamiques. Muni de ce titre prestigieux, Hissene Hassane avait sillonné le monde arabo-musulman pour drainer des financements colossaux à la faveur de la promotion  de l’enseignement de la langue arabe et de l’Islam au Tchad. Ces dons et legs n’ont jamais été utilisés pour les causes pour lesquels ils avaient été amassés, en dehors de quelques petites mosquées d’à peine 10m2 soit au sud du pays ou aux alentours de Ndjamena. Les saoudiens étaient les premiers à remarquer le double visage de l’Imam et avaient derechef coupé les subventions, suivis peu après par tous les pays du Golf ; car  son activisme tout azimut militant pour la cause de la langue arabe, lui a servi de couverture pour la pénétration massive des groupes de tendances fondamentalistes dans l’espace sahélo-saharien et  la prolifération au Tchad des « Halagha », centres d’éducation islamique, que certains n’ont pas tardé à les appeler des centres de torture ; de ce fait, il a été le principal artisan et relais de différentes tentatives de la propagation de l’esprit islamiste militant au Tchad, soutenu malheureusement par Mr Deby pour des raisons strictement mercantiles.


En tout état de cause
, que le Cheikh Hissein Hassan devienne un agent patenté des services étrangers ou qu’il soit à la solde du couple présidentiel pour de basses besognes, n’étonne guère depuis belle lurette dès lors que cela se concorde avec l’état du système dans lequel les tchadiens se trouvent assujettis. Cependant du haut de ses titres et son accointance avec le régime, L’Iman exerce un trafic d’influence sans précédent dans l’administration tchadienne, et partant il cherche à écraser toutes les compétences qui lui feraient de l’ombre en les accablants de tous les maux d’actualité :salafistes, terroristes, Al-Qaïda, etc.

Pour tous ceux qui l’ont connu étudiant, Hissene Hassane n’a pas eu un brillant parcours académique. Un des grands théologiens et savants tchadiens, décédé dans l’anonymat, feu Abbas Mahamat Abdelwahid – qui fut brièvement directeur des affaires religieuses en 1993 et éjecté à la demande de Hissein Hassan-, ne l’avait-il pas apostrophé publiquement de son incapacité notoire de diriger les prières de masse ? Selon plusieurs observateurs, c’est une des raisons principale de son combat acharné contre ses condisciples qui l’ont connu personnellement en Arabie Saoudite, à l’exemple de Dr Haggar, Sheikh Yaya Abdoulaye et le Dr Djazouli Oumar. Ce dernier a été même son répétiteur ! Ces  brillants intellectuels arabophones sont les martyres de Hissene Hassane. En effet il ne rate aucune occasion pour propager des calomnies, des délations et des  fausses accusations à leur égard, non seulement auprès de son mentor (Deby) depuis un quart de siècle mais la bassesse a atteint même les chancelleries étrangères. Pour les faires noyer davantage, il est prêt à se transformer en agent indicateur auprès de ces mêmes chancelleries, quelle déchéance pour le premier  représentant de l’Islam au Tchad. Du point de vue strict de la jurisprudence islamique ce monsieur n’a pas le droit de représenter une quelconque institution religieuse ni diriger les prières de masse. Par ses multiples et tapageuses dénonciations, le Dr Haggar a fait plus d’une fois la prison à l’ANS et ses activités dans le domaine éducatif sont contrecarrées et réduites.

Quant à Sheikh Yaya Abdoulaye, il lui est pratiquement interdit d’enseignement au Tchad,  et de même l’ONG qu’il  vient de mettre sur pied a été suspendue. Le général Imam préfère travailler avec nos marabouts du siècle passé, ceux qui recevaient le prêche du Vendredi d’Istanbul ou de la Cyrénaïque. Malheureusement pour lui, cette génération est en voie de disparition ou l’est déjà. N’étant pas en mesure de traiter avec la génération de Facebook et du tweeter, il la traite des islamistes, des terroristes, hors il s’avère que l’agent de l’étranger est bien lui-ême.

Une dernière victime du Président de HCAI : le Dr Ali Mahmoud  qui est un vrai potentiel concurrent, très dangereux même ! Les raisons ? Cebrillant théologien, Docteur de son état et surtout… tenez vous bien, un Béri, mieux un bideyat ! Qui plus est que ce Monsieur pourrait occuper (selon HH) le poste du Président du Haut Conseil des Affaires Islamiques à l’ère Deby?  Mais non ! Hissene Hassane a réussi à faire de ce Mr un dangereux terroriste wahhabite, à la solde d’Al-Qaïda ! Aux dernières nouvelles, Deby l’aurait interdit de toute activité prosélytiste au Tchad. Finalement, il faut être musulman d’obédience Hissene Hassane – Deby, pour avoir la paix au Tchad !

Correspondance particulière (N’Djamena) 

1078 Vues

Il n'y a pas encore de commentaire pour cet article
Vous devez vous connectez pour pouvoir ajouter un commentaire