Le chef de l’Etat tchadien, Idriss Deby Itno, au pouvoir depuis 25 ans, se présentera pour un cinquième mandat à la présidentielle du 10 avril dont le résultat s’annonce sans surprise, après avoir été choisi aujourd’hui comme candidat par le Mouvement patriotique du Salut (MPS, au pouvoir). Arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 1990 en renversant Hissène Habré, Idriss Deby a déjà été élu président de la République à quatre reprises, chaque fois à une écrasante majorité.

 
"Vous me faites l’immense honneur de me renouveler votre confiance en m’investissant de nouveau comme votre candidat au scrutin présidentiel de 2016", a déclaré le président Deby devant les militants du MPS. Chef de guerre autant que chef politique, il dirige son pays d’une main de fer et laisse peu de marge de manoeuvres à ses opposants, ce qui devrait lui assurer d’être réélu. Deux candidats de l’opposition, Kassiré Coumakoye et Malloum Yobode, se sont cependant déjà déclarés pour la prochaine présidentielle.

 
Le chef historique de l’opposition, Saleh Kebzabo devrait également se porter candidat courant février après savoir été désigné par son parti. Tout récemment désigné président en exercice de l’Union africaine (UA), le président tchadien, bien au fait des débats sur les mandats présidentiels à répétition qui agitent le continent, a annoncé mardi son intention "d’adapter" les institutions en modifiant la Constitution pour limiter le nombre de mandats.

"La réintroduction du principe de limitation des mandats présidentiels dans la Constitution doit être posée car il y va de la vitalité de notre jeune démocratie", a dit le président qui, en 2004, avait pourtant modifié la Constitution qui limitait le nombre de mandats présidentiels à deux, afin de se maintenir au pouvoir en se représentant. "Il faut limiter le mandat, il ne faut pas se focaliser sur un système où l’alternance devient difficile", a-t-il poursuivi. 

Il a aussi annoncé son intention "d’en finir radicalement avec l’Etat centralisé" d’un vaste pays, divisé entre sud et nord.
"N’ayons pas peur des mots, je crois fortement que nous pouvons envisager sérieusement de tendre vers un système de type fédéral pour mieux responsabiliser les citoyens et améliorer le fonctionnement des services publics", a-t-il avancé.


Avec Hissène Habré puis contre lui


Né en 1952, Idriss Deby a longtemps servi Hissène Habré, avant de s’en détacher en 1989, puis de le renverser avec l’appui de la France, l’ancienne puissance coloniale.  Depuis, ses relations avec la France connaissent des hauts et des bas mais l’appui de Paris, en février 2008, lui permet de ne pas être renversé par une rébellion qui entre jusque dans N’Djamena.

Il s’oppose ensuite à la guerre menée par la France en 2011 contre le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, mais, en 2011, il devient militairement l’allié privilégié de Paris qui lance son opération Serval contre les islamistes au Mali. Il a aussi engagé militairement son pays dans une coalition régionale (Nigeria, Cameroun, Niger, Tchad) contre le groupe islamiste nigérian Boko Haram, qui a chassé les islamistes des localités qu’ils tenaient dans le nord-est du Nigeria, mais qui n’arrive pas à empêcher l’attentats-suicides.

Et c’est à N’Djamena qu’est basée l’opération militaire française Barkhane qui lutte contre les djihadistes dans le Sahel. Mais, malgré l’argent du pétrole, Deby n’a pas amélioré la vie quotidienne de la population, son pays stagne parmi les 10 les plus pauvres au monde, selon le classement de l’Indice du développement Humain (IDH) des Nations unies. Son régime est aussi vivement critiqué pour ses violations des droits de l’homme. 

L’un des cas les plus emblématiques est celui de la disparition le 3 février 2008 du porte-parole de l’opposition, Ibni Oumar Mahamat Saleh, enlevé chez lui par des militaires tchadiens, après l’attaque rebelle dans N’Djamena, et dont les proches sont toujours sans nouvelles.

 

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